Par
Jessie Leclerc
Publié le
17 mai 2025 à 7h26
Alors que les beaux jours approchent, le sujet de la qualité des eaux de mer revient sur la table. Il inquiète de plus en plus certains baigneurs. En 2025, l’association Eaux et Rivières de Bretagne publie, pour la deuxième année consécutive, son classement indépendant des plages françaises avec son dispositif La Belle Plage. Basé sur des données publiques de l’ARS (Agence Régionale de Santé), ce classement met en lumière les zones de baignades à privilégier ou, au contraire, à éviter. Mais qu’en est-il de nos plages de Seine-Maritime ? Sont-elles à risque ? On fait le point.
Comment ça marche ?
Avant de savoir quelles plages de Seine-Maritime se démarquent, en bien… ou en mal, il est important de comprendre la méthode de l’association pour classer ces plages.
Le dispositif La Belle Plage se base sur les données publiques de l’Agence régionale de santé (ARS) qui analyse régulièrement la qualité de l’eau de baignade en mesurant, dans chaque prélèvement, les concentrations de deux bactéries indicatrices : Escherichia coli et les entérocoques intestinaux. Chaque prélèvement est ensuite classé selon un seuil de risque sanitaire défini par l’Anses : « Bon », « Moyen » ou « Mauvais ».
Pour établir son classement, La Belle Plage calcule, sur les quatre dernières années, la part de prélèvements classés « Bon » pour chaque site. Une note sur 100 est attribuée selon ce pourcentage, permettant de regrouper les plages en cinq catégories :
- « Recommandé » : au moins 95 % de prélèvements classés « Bon » et aucun prélèvement classé « Mauvais »
- « Peu risqué » : plus de 85 % des prélèvements classés « Bon »
- « Déconseillé » : entre 85 % et 70 % de prélèvements classés « Bon »
- « À éviter » : moins de 70 % des prélèvements classés « Bon »
- « Non classé » : le suivi ARS a été interrompu
Les plages à éviter en Seine-Martime
Sur les 23 plages analysées dans le département, deux sites sont catégorisés comme « à éviter » : Hautot-sur-Mer, près de Dieppe, avec une note de 69,01 sur 100 et Saint-Aubin-sur-Mer, avec une note de 68,57 sur 100. Ces résultats indiquent qu’une part importante des prélèvements y révèle une « pollution notable », potentiellement source de maladies comme la gastro-entérite, la dermatite, l’otite ou même la conjonctivite.
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Mais 10 autres plages sont classées « déconseillées », notamment celle d’Yport avec une note de 73,75 sur 100, ou encore, Veules-les-Roses et Saint-Valery-en-Caux avec des notes de 75 et 79,55 sur 100. Bien que cette catégorisation indique une qualité de l’eau moins préoccupante que pour la catégorie « à éviter », ces plages présentent, tout de même, un risque pour la santé pour les personnes immunodéprimées. Gare à ne pas boire la tasse !
Pourquoi cette pollution ?
L’association pointe une dégradation générale de la qualité des eux littorales en 2024. Selon elle, cette pollution est causée, en partie, par les fortes précipitations de l’été 2024.
Le long des côtes de la Manche, cette pollution serait due « au lessivage des sols pollués, particulièrement par les élevages, pour les zones rurales à proximité des cours d’eau, et au mauvais traitement des eaux usées, pour les zones urbaines peuplées », suppose Christophe Levisage, vis président de l’association Eaux et Rivières de Bretagne. Ce seraient donc des excréments qui contamineraient nos eaux.
Selon lui, « les eaux de baignade à la qualité moyenne de ces régions-là ont une pollution constante, pas forcément très forte, mais ça peut être un risque pour les personnes immunodéprimées qui méritent d’être averties ».
Ces résultats négatifs ne plaisent pas à tout le monde : « Certains maires menacent de porter plainte, forcément ce n’est pas sexy de dire que leurs plages sont polluées, mais nous sommes juste des lanceurs d’alerte », affirme Christophe Levisage.
Les bons élèves
Heureusement, quelques plages rattrapent la mise avec une eau jugée de très bonne qualité. Trois sites de Seine-Maritime figurent dans la catégorie « recommandée » et sont classés parmi les 620 meilleures plages de France, sur un classement de 1 858 plages : Étretat (301e du classement) avec une note de 97,73 sur 100, Sainte-Adresse (306e) avec cette même note, et les Petites-Dalles de Saint-Martin-aux-Buneaux (616e) avec une note de 95,45 sur 100.
D’autres sites sont jugés « peu risqués », comme celles de Fécamp, Saint-Jouin-Bruneval ou encore Veulettes-sur-Mer, qui ont toutes une note supérieure à 86 sur 100.
Deux méthodes, deux visions
Les méthodes de classement du dispositif La Belle Plage diffèrent de celles de l’ARS.
Pour Christophe Le visage, « l’ARS a un classement statistique qui ne répond pas aux besoins des baigneurs. Notre classement est sanitaire, il est vraiment pour le baigneur ». Et d’ajouter, « Nous ne sommes peut-être pas réglementaires, mais ça pique les yeux de voir l’ARS dire que nous ne sommes pas légitimes ».
Avec l’ARS, peu de plages ressortent comme mauvaises. Elle n’est pas assez sévère.
Christophe Levisage
Vis président de l’association Eaux et Rivières de Bretagne.
L’ARS explique que le classement La Belle Plage « n’est pas comparable » à son classement de la qualité des eaux de baignade et donc « non représentatif de la qualité réglementaire des eaux de baignade ».
Calé sur le calendrier de la saison balnéaire, à savoir du 15 juin au 15 septembre pour la région normande, le programme de contrôle débute par un prélèvement effectué entre 10 et 20 jours avant le début de la saison balnéaire. La majorité des eaux de baignade font l’objet d’au moins 10 prélèvements durant la saison.
ARS Normandie
Selon l’ARS Normandie, les méthodes qu’elle utilise visent, elles aussi, à informer le public : « Chaque résultat d’analyse, est comparé à des seuils, qualifié, transmis aux maires et porté à la connaissance du public. »
L’ARS garantit donc un respect des normes réglementaires, tandis que La Belle Plage se positionne comme un outil plus précis pour alerter le public sur les plages où les risques sanitaires sont réels et immédiats.
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