De Lyon à Niort en passant par Annecy, Toulouse, Le Mans, Nice ou Cherbourg, plusieurs manifestations ont eu lieu ce samedi dans les villes de France, à l’appel de la Fédération de Motards en colère, pour demander l’abrogation des ZFE, ces zones à faibles émissions dans lesquelles les véhicules les plus polluants n’ont pas le droit de circuler.
Comme à Paris, où plusieurs centaines de personnes se sont réunies à l’Hôtel de Ville : « Tout a été mal ficelé depuis le début, la catégorisation des véhicules les plus polluants basés sur l’âge, tout. Et on se retrouve avec une loi qui empêche les plus modestes de circuler », estime Isabelle Lebret, de la Fédération française des motards.
« Les deux roues sont encore plus impactés. Alors qu’avec nos petites plaquettes de frein et nos petits échappements, nous pensons que nous sommes la meilleure alternative pour les villes », poursuit-elle.
Perchés sur le toit d’une fourgonnette, dos à l’hôtel de Ville de Paris, plusieurs représentants d’autres associations, dont les « Gueux » – initié par l’écrivain Alexandre Jardin – prennent tour à tour la parole pour demander là « la fin d’éoliennes », là encore le « retour du pouvoir aux citoyens ».
« On se bat contre les ZFE depuis trois ans, on prêchait dans le désert. On est contents qu’il y ait du monde maintenant », a souligné le député RN du Gard, Pierre Meu. « Nous sommes ici pour nous opposer au ZFE, rappelle Jean-Marc Belotti, coordinateur de la FFMC pour recentrer le débat. Mais cela montre que nous sommes loin d’être les seuls opposés à ce dispositif. »
Des ZFE en voie de disparition ?
Lancées en 2019, les zones à faible émission visent à améliorer la qualité de l’air des grandes agglomérations, en y limitant l’accès des véhicules polluants selon des « Crit’Air » basés sur l‘âge de ces derniers.
Mais rapidement, le dispositif pèche par l’insuffisance de ses aides financières, les foyers les plus précaires se retrouvant avec les voitures les plus vieilles, et donc celles interdites d’entrée.
Ainsi, en Île-de-France, par exemple, d’après l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme), environ 47 000 ménages « vulnérables » et dépendants de leur voiture seraient impactés par la mise en place du Crit’Air 3 en janvier dernier dans la métropole parisienne.
Un boulevard offert aux détracteurs de la loi qui s’empressent de dénoncer une loi discriminante pour les plus pauvres. Fin mars, les élus RN et Républicains parviennent, sur cet argumentaire, à en faire voter la suppression en commission spéciale de l’Assemblée nationale.
Pour sauver ce qui pouvait l’être, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a proposé un compromis : seules Paris et Lyon – dont les seuils de pollution de sont les plus élevés – seraient amenées à la maintenir. Ailleurs, le dispositif serait facultatif. « Mais nous, nous ne voulons pas de compromis. Nous voulons sa disparition », insistent les motards en colère, espérant être entendus des parlementaires.
40 000 décès liés à la pollution dans l’Hexagone
Le projet doit être examiné le 30 mai dans l’Hémicycle. Chaque année en France, la pollution de l’air est responsable de 7 000 à 40 000 nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant (selon la maladie et le polluant considéré) et entre 4 000 et 78 000 nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires, diabète ou métaboliques chez l’adulte (selon la maladie et le polluant considéré) selon Santé publique France. Et les particules fines, de 40 000 décès par an.
Entre 2014 et 2024, les efforts ont permis de baisser de 35 % l‘émission des plus petites, (PM2,5) celles qui peuvent pénétrer le plus profondément dans l’organisme.