La FIA s »apprête à tenir une réunion
décisive avec les motoristes de la Formule 1 la semaine prochaine à
Bahreïn : un possible retour des moteurs V10 atmosphériques sera au
cœur des discussions…

Ce projet, longtemps
cantonné aux fantasmes des puristes, est désormais envisagé avec
sérieux, porté par une proposition de la FIA de faire fonctionner
ces blocs avec des carburants 100 % durables.

La réunion prévue
vendredi prochain en marge du Grand Prix de Bahreïn permettra de
prendre le pouls des constructeurs sur cette idée qui pourrait
profondément redéfinir l’avenir de la discipline.

Un retour en arrière pour mieux
avancer ?

La perspective de
ramener les fameux V10 – synonymes d’une époque mythique de la F1,
quand le V10 BMW (photo ci-dessus) tournait à 20.000 t/m il y a
vingt ans – pourrait paraître à contre-courant des tendances
actuelles de l’industrie automobile, mais les défenseurs du projet
y voient une opportunité unique : celle d’allier émotion mécanique
et engagement environnemental.

L’objectif serait de
proposer une Formule 1 plus simple, moins coûteuse, mais toujours
spectaculaire, sans renoncer à la transition écologique, grâce à
l’utilisation exclusive de carburants synthétiques.

Des V10 moins coûteux, plus
simples, plus spectaculaires

Ce projet prend aussi
racine dans le contexte industriel actuel. Alors que les ambitions
de l’électrification à grande échelle commencent à montrer leurs
limites, en raison des infrastructures encore incomplètes et d’une
certaine frilosité des consommateurs, le retour à des motorisations
thermiques propres, via les e-carburants, séduit de plus en
plus.

Un moteur V10
alimenté par ce type de carburant pourrait représenter un compromis
idéal : il permettrait à la F1 de conserver une identité sonore
forte, tout en respectant ses engagements climatiques.

Audi et Honda : les résistants
du camp hybride

Mais
cette idée ne fait pas l’unanimité
. Audi, qui s’apprête à faire
ses débuts en Formule 1 en 2026 avec un moteur hybride développé en
interne, voit d’un très mauvais œil un éventuel abandon prématuré
de cette nouvelle réglementation.

Pour le constructeur
allemand, qui a misé gros sur l’image technologique et
l’électrification partielle, il serait incohérent de revenir en
arrière. Honda, également engagé dans le futur règlement hybride
aux côtés d’Aston Martin, partage la même réticence. Revenir à une
solution atmosphérique serait perçu comme un revirement dangereux,
remettant en question des années d’investissement et de
développement.

2028 ou en 2031 ? Le débat du
calendrier

La question du
calendrier est également centrale. Une entrée en vigueur des V10
dès 2028 est jugée irréaliste par beaucoup, car les moteurs 2026
sont déjà bien avancés dans leur phase de conception. Une échéance
plus lointaine, comme 2031, apparaît plus plausible, offrant le
temps nécessaire aux équipes et fournisseurs pour s’adapter.

Pourtant, la FIA, par
la voix de Nikolas Tombazis, n’écarte pas l’idée d’une transition
plus rapide, et envisage toutes les options. Cette réunion ne
tranchera probablement pas la question, mais elle révèlera la
profondeur des divergences.

Des enjeux colossaux : la
bande son du futur ?

D’un côté, ceux qui
veulent réinjecter de la passion brute dans la F1, de l’autre, ceux
qui misent sur une approche rationnelle, tournée vers l’innovation
électrifiée. Ce qui est certain, c’est que le débat soulève une
question fondamentale : la F1 doit-elle revenir à ses racines pour
mieux se projeter dans l’avenir, ou continuer à tracer une voie
résolument technologique et silencieuse ?

Dans la chaleur du
désert de Bahreïn, ce ne sera pas seulement l’avenir du moteur qui
se jouera, mais aussi celui de l’identité sonore, visuelle et
émotionnelle d’un sport en pleine mutation.