LE POINT SUR LA SITUATION – L’Espagne et l’Italie, de leur côté, exhortent Israël à «arrêter le massacre» dans la bande de Gaza, où l’État hébreu intensifie son offensive. Les secours locaux font état d’au moins 30 morts.

Israël a intensifié samedi son offensive dans la bande de Gaza avec l’objectif de «vaincre» le Hamas. Les secours locaux font état d’au moins 32 morts dans les bombardements du territoire palestinien.

Ce samedi, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s’est entretenu avec le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou afin de coordonner leurs efforts pour obtenir «la libération des otages». Plus tôt dans la journée, l’Espagne et l’Italie ont appelé Israël à «arrêter le massacre». Le Figaro fait le point sur la situation

Appel téléphonique entre Rubio et Netanyahou

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s’est entretenu samedi, pour la deuxième fois en trois jours, avec le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de la situation dans la bande de Gaza, selon un communiqué du département d’État, au moment où Israël y a intensifié son offensive. «Ils ont discuté de la situation à Gaza et de leurs efforts conjoints pour obtenir la libération de tous les otages restants» retenus par le Hamas, a indiqué la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce.

Face à l’expansion des opérations israéliennes à Gaza, les appels internationaux pour un cessez-le-feu se sont multipliés. De son côté, le mouvement islamiste palestinien Hamas a annoncé le début à Doha d’un nouveau cycle de négociations indirectes avec Israël «sans aucune condition préalable».

Les secours locaux font état d’au moins 30 morts

Israël a intensifié samedi son offensive dans la bande de Gaza avec l’objectif de «vaincre» le Hamas. L’armée israélienne a annoncé avoir «lancé des frappes d’envergure et acheminé des forces pour prendre le contrôle de zones» de Gaza. Le but «de l’expansion de l’opération est d’atteindre tous les objectifs de la guerre, y compris la libération des otages et la défaite du Hamas», a précisé l’armée israélienne.

Dans la bande de Gaza, les secours locaux font état, ce samedi soir, d’au moins 32 morts dans les bombardements sur le territoire palestinien. Une attaque contre une maison à Deir el-Balah a fait neuf morts, dont un bébé de sept mois, a indiqué à l’AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

L’Espagne appelle à faire pression sur Israël

Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé samedi à faire «pression sur Israël pour arrêter le massacre à Gaza », en précisant que l’Espagne allait proposer que la Cour de justice internationale «se prononce» sur l’accès de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien.

«La crise humanitaire gravissime que subit Gaza depuis octobre 2023 a provoqué plus de 50.000 morts, 100.000 blessés et deux millions de déplacés», a rappelé le chef du gouvernement espagnol lors de son allocution durant un sommet de la Ligue arabe à Bagdad. Face à ces chiffres «inacceptables» qui bafouent le «principe d’humanité», il faut «intensifier notre pression sur Israël pour arrêter le massacre à Gaza, notamment par les voies que nous offre le droit international», a poursuivi le dirigeant socialiste.

Pour cela, l’Espagne va «soumettre à l’Assemblée générale des Nations Unies  une proposition visant à demander à la Cour internationale de justice de se prononcer sur le respect, par Israël, de ses obligations internationales sur l’accès à l’aide humanitaire à Gaza», a-t-il poursuivi.

Lors de son discours, Pedro Sanchez a par ailleurs précisé que l’Espagne défendrait un autre projet de résolution demandant qu’Israël mette «fin au blocus humanitaire imposé à Gaza» et garantisse «un accès complet et sans restrictions à l’aide humanitaire» dans le territoire palestinien. Lors d’un discours devant le Parlement espagnol le 7 mai, le premier ministre espagnol avait déjà annoncé que l’Espagne présenterait un projet de résolution avec des «mesures d’urgence pour arrêter le massacre des civils» et des garanties sur l’entrée de «l’aide humanitaire» à Gaza.

«Mise en œuvre de la solution à deux États»

Au-delà de ces différentes initiatives, la priorité est de «faire progresser une solution politique» dans la région, a insisté samedi Pedro Sanchez, en estimant que «la seule voie vers la paix dans la région» était «la mise en œuvre de la solution des deux États». Pour cela, «je souhaite à nouveau exhorter d’autres pays à reconnaître l’État de Palestine», a-t-il insisté, en disant miser beaucoup sur la conférence internationale prévue en juin en Arabie saoudite pour relancer une solution pacifique au conflit israélo-palestinien.

Cette conférence, coprésidée par la France, représente «une opportunité historique à ne pas manquer, mais elle ne réussira que s’il existe un large consensus arabe et européen qui débouche sur une action ferme de la part de l’ensemble de la communauté internationale», a-t-il prévenu.

L’Espagne, qui a reconnu l’État de Palestine le 28 mai 2024 de façon simultanée avec l’Irlande et la Norvège, s’est imposée ces derniers mois comme l’une des voix les plus critiques de l’UE à l’égard du gouvernement de Benyamin Netanyahou, s’attirant à plusieurs reprises les foudres d’Israël.

L’Italie dit «ça suffit»

De son côté, samedi 17 mai, le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani a déclaré : «Nous devons dire au gouvernement israélien: ça suffit». «Nous ne voulons plus voir souffrir la population palestinienne. Parvenons à un cessez-le-feu, libérons les otages, mais laissons en paix un peuple qui est victime du Hamas», a-t-il affirmé lors d’un déplacement en Sicile, selon des propos rapportés par son porte-parole. «Vous avez réagi. Garantissez votre indépendance, votre sécurité, libérons les otages mais arrivons à la paix», a-t-il ajouté lors d’un rassemblement politique à Noto.

Le président du Conseil européen se dit «choqué»

Le président du Conseil européen Antonio Costa s’est dit «choqué» samedi par la situation à Gaza, cible d’une offensive élargie d’Israël qu’il a exhorté à cesser la violence. «Choqué par l’actualité à Gaza : des civils affamés, des hôpitaux à nouveau frappés par des frappes. La violence doit cesser!», a-t-il déclaré sur le réseau social X. «Le gouvernement israélien doit immédiatement mettre fin au blocage et garantir un accès sûr, rapide et sans entrave à l’aide humanitaire», a-t-il ajouté.

«Ce qui se passe à Gaza est une tragédie humanitaire. Tout un peuple est soumis à une force militaire écrasante et disproportionnée», a affirmé le président du Conseil européen. «Un cessez-le-feu durable et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages sont plus urgents que jamais», a-t-il poursuivi.

L’armée israélienne a annoncé samedi élargir son offensive pour vaincre le Hamas dans la bande de Gaza, où ses bombardements ont tué dix personnes dans la matinée selon les secours, après plusieurs jours de pilonnage meurtrier du territoire dévasté et affamé.

Malgré une multiplication des critiques internationales sur sa conduite du conflit et la catastrophe humanitaire en cours, le premier ministre Benyamin Netanyahou avait averti lundi d’une prochaine entrée «en force» de l’armée à Gaza pour «achever l’opération et vaincre le Hamas», dont l’attaque contre Israël le 7 octobre 2023 avait déclenché la guerre dans le territoire palestinien.