INTERNATIONAL – 3 ans, 2 mois et 21 jours. C’est le temps qui s’est écoulé depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022. Et après des négociations directes à Istanbul entre Russes et Ukrainiens – une première depuis mai 2022 – rien ne semble indiquer une fin imminente du conflit.
Et pour cause, une déclaration lâchée par le négociateur en chef de la Russie dans les négociations de paix avec l’Ukraine laisse entendre que Vladimir Poutine ne compte pas arrêter cette guerre, faisant planer le risque d’une guerre qui pourrait encore durer plusieurs années. C’est ce qu’a clairement laissé entendre Vladimir Medinsky vendredi, lorsqu’il a cité la Grande guerre du Nord remportée par Pierre le Grand au début du XVIIIe siècle. Avec un message : la Russie fera durer le conflit aussi longtemps que nécessaire pour gagner.
La Russie et l’Ukraine ont bien passé un accord, mais il ne s’agit pas d’une trêve
Selon ces propos rapportés notamment par The Moscow Times et relayés par The Guardian ce samedi 17 mai, Vladimir Medinsky a d’abord indiqué face à l’animateur de télévision pro-Kremlin Evgueni Popov être « satisfait des résultats et prêt à poursuivre les contacts » après les négociations à Istanbul. Avant d’ajouter : « La Grande Guerre du Nord contre la Suède a duré 21 ans. Vingt et un ans. Mais quelques années seulement après son déclenchement, Pierre le Grand a proposé la paix aux Suédois… Que leur ont répondu les Suédois ? “Non, nous nous battrons jusqu’au dernier Suédois”. »
Selon une source citée par un correspondant du journal américain The Economist, Vladimir Medinsky aurait même déclaré durant les négociations directes son pays était prêt à se « battre pendant un an, deux, trois ans, aussi longtemps que nécessaire ». « Nous avons combattu la Suède pendant 21 ans. Combien de temps êtes-vous prêts à vous battre ? »
Have an inside view into the Russia-UA talks from a well-placed source. This from Ru delegation head Medinsky says it all: “We don’t want war, but we’re ready to fight for a year, two, three—however long it takes. We fought Sweden for 21 years. How long are you ready to fight?”
— Oliver Carroll (@olliecarroll) May 16, 2025
Un parallèle troublant, alors que la guerre menée entre 1700 et 1721 avait commencé par « des défaites humiliantes pour Moscou », rappelle The Guardian. « L’armée tsariste russe était mal préparée, mal armée et facilement déjouée. Mais au lieu de reculer, Pierre Ier s’enfonça. Il enrôla des paysans par dizaines de milliers, consacra des ressources à la reconstruction de son armée et attendit. Vingt et un ans plus tard, il sortit victorieux », rappelle le journal britannique, que souligne que ce conflit est rarement cité comme un exemple.
Appel entre Trump et Poutine lundi
Dans ce contexte de négociations encore infructueuses pour « mettre fin au bain de sang » en Ukraine, Donald Trump a annoncé ce samedi qu’il parlerait par téléphone lundi au président russe Vladimir Poutine. En espérant « une journée productive, qu’un cessez-le-feu aura lieu, et que cette guerre très violente – une guerre qui n’aurait jamais dû se produire – prenne fin ».
Peu de temps avant, le Kremlin a déclaré qu’une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky ne serait « possible » qu’après que Moscou et Kiev aient trouvé des « accords ». Dans quels domaines ? À quelle échéance ? Mystère. D’éventuels accords semblent en tout cas difficilement envisageables après l’échec d’Istanbul. Sur le terrain ce samedi, une attaque russe de drone sur un minibus transportant des civils dans le nord de l’Ukraine a fait neuf morts et quatre blessés.
Malgré la pression que tentent d’exercer les alliés de Kiev en menaçant Moscou de nouvelles sanctions, les hostilités se poursuivent sur le front et laissent peu d’espace pour entrevoir la paix. Ce samedi néanmoins, Marco Rubio, le secrétaire d’État américain, a remis la pression sur Vladimir Poutine en relayant « l’appel de Trump pour un cessez-le-feu immédiat ». Laissant percevoir l’impatience grandissante de Washington face aux coups freins imposés par le Kremlin pour ralentir le processus de paix à Istanbul et mener les négociations uniquement selon ses propres termes.
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