Vous êtes professeur de biologie à la Faculté des sciences de la vie à Strasbourg. Qu’est-ce qui a déclenché votre intérêt pour ce domaine ?

J’ai toujours été très curieux, me demandant “Qu’est-ce que c’est ?” ou bien “Comment ça marche ?”. Je me suis donc naturellement orienté vers des études scientifiques. C’est un professeur de biologie tout à fait génial et la découverte de la chimie organique qui ont été déterminants…

Plus spécifiquement, pourquoi cet intérêt pour la transformation des plantes par l’homme au cours de l’histoire ?

Cela vient en grande partie de mes enseignements à l’université. Dans le monde végétal, je ne m’intéresse pas en particulier à la reconnaissance des plantes (la botanique “classique”), mais plutôt à comprendre comment les plantes sont devenues ce qu’elles sont et comment elles fonctionnent. C’est donc la grande question de l’évolution. Mais quand on s’intéresse à cette question, on comprend que l’espèce humaine s’est livrée à une vaste expérience d’évolution dirigée depuis 10 000 ans.

À travers cette conférence, quel message souhaitez-vous faire passer ?

Au-delà de faire comprendre le mécanisme de l’évolution (naturelle ou dirigée) le message est double.

D’une part, l’espèce humaine a considérablement modifié plusieurs espèces végétales. Les modifications sont dues à des changements génétiques. Pour faire un peu de provocation, ne peut-on pas dire que toutes les espèces cultivées par l’homme sont génétiquement modifiées ?

D’autre part, les concepts d’aliments naturels ou de plantes naturelles, de même que ceux de variétés dites “anciennes”, sont très exploités par le marketing aujourd’hui. Mais peut-on encore dire d’une plante qu’elle est naturelle quand elle a été modifiée par et pour l’espèce humaine depuis plusieurs millénaires ?

De façon plus générale, cette réflexion sur la domestication amène à se questionner sur notre relation avec le monde vivant.

Conférence “10 000 ans de transformation des plantes par l’homme”, mercredi 21 mai à 14 h 30, à la médiathèque, espace Gilbert-Estève à Sélestat. Entrée libre. Sur inscription au 03 88 58 03 20.