L’eurodéputé Rassemblement national Gilles Pennelle était, samedi 17 mai, au restaurant La Promenade à Coings pour un déjeuner-débat dont le thème était « L’actualité européenne ». Et plus précisément sur l’agriculture, l’élu breton étant membre de la commission de l’agriculture et du développement rural au sein du parlement européen. À l’issue, il s’est d’ailleurs rendu sur une exploitation mêlant céréales et élevage à Verneuil-sur-Igneraie.
L’actualité européenne, pour le RN, c’est la condamnation de Marine Le Pen pour détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants des députés européens à cinq ans d’inéligibilité dont l’application est immédiate (1). Il y a quelques années, vous, Gilles Pennelle, exigiez la démission d’un député macroniste inéligible… Ne devriez-vous pas appliquer la même exigence à Mme Le Pen ?
« Cela ne s’applique pas à Marine Le Pen, ni à nos députés européens (2). Nous estimons que, dans ce dossier, nous n’avons pas commis de faute (3). On dit que le RN a détourné 4,3 millions d’euros. Ce sont des salaires payés à des gens ! On ne parle pas d’argent qui serait allé dans la poche du RN ou de Marine Le Pen ! Nous estimons que nos assistants ont fait le travail pour lequel ils ont été embauchés. L’assistant d’un député, c’est avant tout un assistant politique. Quant à l’inéligibilité immédiate [prévue par la loi, NDLR] avant même l’appel, cela a choqué beaucoup de gens. Certes, l’appel va être accéléré mais il faudrait lever cette inéligibilité immédiate. Je ne renonce pas à ce que j’ai dit il y a quelques années, mais pour Marine Le Pen, c’est injuste. »
L’actualité européenne, c’est aussi les troubles engendrés pour notre continent par les actions combinées de Donald Trump et Vladimir Poutine, deux dirigeants que le RN a pu prendre comme inspiration voire modèles…
« Nous avons toujours défendu l’indépendance et la souveraineté de la France. Nous ne sommes pas des admirateurs de Poutine et de Trump. Quand Trump a été élu, on a dit qu’il allait défendre d’abord les intérêts des États-Unis. Effectivement, Marine Le Pen l’a rencontré. Tous les dirigeants l’ont fait, dans ces années-là. Et lorsque Poutine a agressé l’Ukraine, nous avons condamné cette agression. Désormais, il faut faire tout pour imposer la paix et mettre fin à cette guerre d’Ukraine. »
Le RN envisage-t-il de censurer le gouvernement Bayrou ?
« Marine Le Pen a annoncé que compte tenu de la politique conduite, on se rapproche d’une éventuelle censure car les Français ne peuvent plus attendre ! »
L’année dernière, en vue des législatives, vous étiez chargé de trouver des candidats fiables pour votre parti. Or, un certain nombre se sont révélés racistes, homophobes ou antisémites. Difficile pour le RN de correspondre à la ligne de « dédiabolisation » ?
« J’étais alors directeur général du RN. Je n’étais pas chargé de sélectionner les candidats, pour cela nous avons une commission nationale d’investiture de seize membres. Il est vrai que j’étais chargé d’organiser la campagne, au niveau logistique, réglementaire… Il y a eu une hypermédiatisation autour d’une infime minorité de cas [plusieurs dizaines de cas ont été recensées, NDLR] que n’importe quel parti n’aurait pas pu éviter. Un acharnement pour passer au scanner nos candidats. Il y a la faiblesse humaine, des histoires personnelles. Chaque fois, on les a sanctionnés et exclus. »
(1) Ainsi qu’à quatre ans de prison dont deux avec sursis et 100.000 euros d’amende.
(2) Au total 25 personnes du Rassemblement national ont été condamnées, dont 9 eurodéputés (Gilles Pennelle n’est pas concerné personnellement : il n’était pas élu au moment des faits).
(3) Le tribunal a néanmoins estimé que « le système était destiné à constituer une véritable manne financière pour le parti. Système mis en place pour rémunérer, sous couvert de contrats fictifs d’assistant parlementaire, des personnes qui travaillent en réalité pour le parti ou pour ses dirigeants ».
« On a vu que l’on pouvait dégager de nouvelles majorités »
> Agriculture. L’eurodéputé RN Gilles Pennelle réaffirme l’opposition du RN au traité de libre-échange du Mercosur, qui « va impacter très durement l’agriculture française ». Autre cheval de bataille du RN au plan européen, la lutte contre le « Green deal » (1) et sa déclinaison agricole. Gilles Pennelle y voit « une écologie punitive » qui « fait mourir » les agriculteurs. L’accord sur les céréales avec l’Ukraine est également dans le viseur de l’eurodéputé : « On est très inquiets d’une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. L’Ukraine est un géant agricole. Si l’Ukraine rentrait dans la politique agricole commune (PAC), ce serait une catastrophe quasiment mortelle pour nos agriculteurs ». La nouvelle PAC, premier budget de l’Union européenne, est également en train de se bâtir. « Elle est très attendue par le monde agricole. Nous défendons le retour vers une PAC qui soutient la production et le revenu des agriculteurs ». L’eurodéputé RN se dit néanmoins « optimiste » : « au Parlement européen, les rapports de force ont changé depuis les élections européennes de l’année dernière ». Il cite les liens avec les autres groupes d’extrême droite, ainsi que l’évolution de « certains membres du PPE (2) (droite). On a vu que l’on pouvait dégager de nouvelles majorités, par exemple contre le green deal ».
> Municipales : Mylène Wunsch entre Châteauroux et Niherne. Présente samedi au côté de Gilles Pennelle, l’Indrienne Mylène Wunsch, déléguée départementale du Rassemblement national, indique ne pas avoir encore déposé sa candidature auprès de la commission nationale d’investiture de son parti en vue des municipales : « La logique voudrait que je le fasse assez rapidement. Je m’interroge entre une candidature à Châteauroux et une candidature à Niherne ».
(1) « Une série de propositions visant à adapter les politiques de l’UE en matière de climat, d’énergie, de transport et de fiscalité en vue de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990. »
(2) Parti populaire européen.