Dès son arrivée au pouvoir, treize jours plus tôt, le chef du gouvernement britannique et du parti travailliste avait affiché son intention de « réinitialiser » cette relation après des années de tensions. En février 2025, il se rendait à Bruxelles pour prendre part à des discussions de défense avec l’UE, une première depuis le Brexit il y a cinq ans. Le sommet qui se tient ce lundi à Londres a désormais pour vocation de « faire progresser la collaboration » entre les deux entités.
Ce lundi, Londres et l’Union européenne ne vont pas parler que de l’Ukraine: deux demandes majeures et un dossier houleux sont aussi sur la tableQuelques points de friction
Sont attendus, côté européen, le président du Conseil européen Antonio Costa, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas et le commissaire européen au Commerce et à la Sécurité économique Maroš Šefčovič. Tous, sont là pour conclure un Memorandum of understanding (en anglais dans le texte). Soit « une déclaration d’intention sur ce quoi le Royaume-Uni et l’UE veulent travailler pour relancer leurs relations » explique une source diplomatique. « Politiquement, c’est peut-être le plus important. Les négociations en cours devraient aboutir à une déclaration commune touchant à plusieurs points ».
Les rêves du Brexit se sont évaporés
Certains de ces points devraient a priori faire l’objet d’un accord sans trop de difficultés, comme le partenariat de défense et de sécurité. Mais celui-ci ne sera signé que si les Européens obtiennent des engagements sur d’autres dossiers, parfois délicats, comme la pêche, l’énergie, les normes sanitaires et phytosanitaires, et la mobilité des jeunes. La très emblématique question des droits de pêche, sans cesse mise en avant par Nigel Farage – dirigeant de feu le Brexit Party désormais chef du parti d’extrême droite Reform UK – demeure un point de friction également.
« Vous êtes demandeurs »
Les Européens souhaitent avoir l’extension la plus longue possible de l’accord actuel en termes d’accès aux eaux britanniques et aux quotas de pêche, et veulent à tout prix éviter un accord de quatre ans qui arriverait à échéance en 2029, en pleine campagne électorale britannique. On estime par ailleurs et assez largement, côté européen, qu’un accord sur la pêche témoignerait de la volonté réelle du UK de faire un vrai « reset » des relations.
« Le climat est assez bon et clairement constructif », commente cette même source diplomatique. Les deux parties veulent à tout prix éviter un échec, mais « il est un peu compliqué pour Keir Starmer de trouver le point d’équilibre », ajoute-t-elle. Le Premier ministre britannique est demandeur du « reset », mais ne peut pas donner l’impression « d’aller trop loin ». Dans le camp de l’UE, tout le monde a envie et intérêt à un accord, mais pas à n’importe quel prix. Les Européens rappelleront aux Britanniques, si nécessaire, que ce sont eux qui sont demandeurs de cette « réinitialisation » et non l’inverse.