Les organisations représentatives de la profession annoncent «des manifestations dans les départements, des opérations escargot à Paris et une journée blanche pour tous les transports».
«Trop c’est trop. Les chauffeurs de taxi de France sont à bout.» Le ton est donné dans ce communiqué de la Fédération nationale du taxi (FNDT). Les taxis veulent faire entendre leur colère, appelant à une grève nationale massive ce lundi 19 mai. Dans un tract interfédéral, les syndicats représentatifs de la profession annoncent «des manifestations dans les départements, des opérations escargot à Paris et une journée blanche pour tous les transports».
Ils veulent protester contre la nouvelle tarification du transport de malades en taxis conventionnés, présentée jeudi par l’Assurance-maladie et qui doit entrer en vigueur le 1er octobre prochain. Le but de cette nouvelle convention-cadre – un projet en discussion depuis plusieurs mois et contre lequel les taxis ont déjà manifesté à plusieurs reprises – étant d’alléger la facture des transports sanitaires remboursés par la Sécurité sociale. Celle-ci a explosé pour atteindre 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (+45% depuis 2019). Concrètement, ce plan prévoit la mise en place d’un forfait unique de prise en charge et d’accompagnement à 13 euros, un seul tarif kilométrique par département (contre quatre aujourd’hui) et des «suppléments ciblés», par exemple pour le transport de personnes à mobilité réduite.
Le transport de malades, vital pour les taxis
«Cette tentative de redéfinir unilatéralement les tarifs met en péril l’équilibre économique des entreprises de taxis, […] et risque de réduire l’offre de transport, accentuant les inégalités régionales et fragilisant l’accès aux soins pour de nombreux assurés», estiment les fédérations de taxis dans un communiqué, alors que le transport sanitaire représente en moyenne plus de 50% du chiffre d’affaires des taxis conventionnés, et parfois beaucoup plus. Cela va «impacter très fortement nos sociétés et le transport de patients, ce qui va déséquilibrer l’accès aux soins. Pour nous, c’est inacceptable», a fustigé ce dimanche sur RMC Emmanuelle Cordier, présidente de la FNDT. Le syndicat estime que la nouvelle tarification «va réduire le chiffre d’affaires des chauffeurs de 30 à 40%».
Paris et Pau vont être bloquées, et d’autres grandes villes également
Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale du taxi (FNDT)
Faux, selon l’Assurance-maladie. «La nouvelle tarification sera favorable aux taxis conventionnés dans deux tiers des départements, notamment ruraux», a affirmé jeudi Marguerite Cazeneuve, la numéro 2 de la Cnam. Dans le tiers restant, les taxis «pourront être gagnants s’ils font moins de transport à vide», a-t-elle indiqué. Les taxis, eux, ne veulent rien entendre et réclament le «gel immédiat» de cette convention. Ils exigent le «maintien de la tarification au taximètre sans harmonisation nationale imposée», et disent s’opposer «à toute réforme visant à uniformiser les tarifs au détriment des réalités locales». Parmi les autres griefs des chauffeurs figure également «l’impunité» dont bénéficieraient les plateformes numériques de VTC, accusées de «pratiques abusives» et de «contournements réglementaires».
Les taxis demandent à être reçus à Matignon
La journée de lundi s’annonce donc particulièrement perturbée sur les routes de France. «Paris et Pau vont être bloquées, et d’autres grandes villes également», a averti ce dimanche sur RMC Emmanuelle Cordier, confirmant également une «journée blanche d’accès aux soins». Ce qui signifie que «nous ne ferons plus en majorité les transports médicaux vers les hôpitaux demain [lundi, NDLR]», a-t-elle expliqué. Dans la capitale, les taxis franciliens sont appelés par les syndicats à converger à partir de 7h au niveau de l’angle entre le boulevard Saint-Germain et le boulevard Raspail, dans le 7e arrondissement. Pau est également particulièrement ciblée par les taxis puisqu’il s’agit de la ville du premier ministre François Bayrou, dont il est encore maire. «Nous demandons à être reçus à Matignon, et voir enfin nos ministres de tutelle», a déclaré Emmanuelle Cordier sur RMC.
Des actions sont prévues dans de nombreuses autres villes : Toulouse, Strasbourg, Nice, Lyon, Marseille, Lorient, Perpignan, Grenoble, Colmar, Mulhouse, Toulon, ou encore Clermont-Ferrand, pour ne citer qu’elles. À Toulouse par exemple, des opérations escargot sont annoncées dès 6h du matin au départ de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, puis sur le périphérique dans les deux sens à partir de 7h45, rapporte Radio Vinci Autoroutes. En Provence, des opérations escargot sont prévues sur les autoroutes A7, A55 et A50 à Marseille et Toulon, indique le média local Ici Provence. Dans les Pyrénées-Orientales, la préfecture prévient que «des perturbations importantes de circulation sont à prévoir» à Perpignan, invitant les automobilistes «à limiter/reporter leurs déplacements entre 7h00 et 17h00 dans la mesure du possible». Cette mobilisation des taxis pourrait se poursuivre après lundi. Les organisations de chauffeurs précisent en effet qu’«elle pourra être reconduite ou adaptée […], en fonction de l’évolution des discussions avec les pouvoirs publics».