« Je ne suis pas en retard ? Non ? Un bon Alsacien, hein ! » démarre M. Pokora, 39 ans, qui vient à la rencontre avec son père. Il s’excuse pour sa voix un peu enrouée : il a poussé la chansonnette au gala de l’école de ses enfants. Il vit désormais à Paris mais garde un lien fort avec sa ville d’origine, entre sa famille et maintenant son implication dans la SIG.

Marine Leseigneur : sur la scène du Zénith de Strasbourg ou de la Foire aux vins de Colmar, que ressentez-vous lorsque vous chantez à la maison ?

« Quand je monte sur scène, je mets ma carapace “M. Pokora”. C’est un peu comme si j’enfilais une cape et que je protégeais un peu Matthieu Tota. En Alsace, c’est l’endroit où je ne le ressens pas parce que il y a trop de choses et de gens autour qui me ramènent à ma première vie, avant de devenir chanteur. C’est toujours très fort en émotion. »

Lauriane Schmitt : Adrénaline  est votre 10e album ; quelle a été votre source d’inspiration ?

« La source d’inspiration a été plus musicale. Contrairement à Épicentre – qui arrivait à un moment où beaucoup de choses ont changé dans ma vie, je venais d’avoir mes enfants, j’avais des choses à raconter – sur cet album, les thèmes sont plus légers, moins cérébraux. C’est juste l’envie de m’éclater musicalement en me référant à ces influences anglo-saxonnes comme Mickaël Jackson, Prince ou Dire Straits, qui m’ont amené à la musique. »

Lucie Ferraz : avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?

« J’aime me retrouver avec mes équipes, connecter les énergies. Et j’ai toujours un petit discours qui est fonction de chaque concert, de chaque ville et des événements, même personnels, qui impactent la vie de notre “famille ” en tournée. Mais sinon, je ne suis pas superstitieux, je n’ai pas de caleçon ou de chaussettes fétiches (rire). Je fais néanmoins un petit échauffement vocal et musculaire pour être prêt sur scène à 20h45. Et j’essaye d’être toujours à l’heure. »

Florence Morin : dans votre univers éclectique et multiculturel, que conservez-vous de vos racines et valeurs alsaciennes ?

« La rigueur. Je le vois avec la SIG et son directoire où je côtoie d’autres gens. Il y a une espèce de bon sens en Alsace, on ne s’emballe pas, on est pragmatique, terre à terre. Mes valeurs alsaciennes me définissent bien dans ma manière d’aborder la vie en me référant à ces figures régionales qui ont un peu cette même “colonne vertébrale ”. Je pense à Arsène Wenger ou Marc Keller. »

Maelyn Grosson : comment arrivez-vous à concilier votre vie de famille et d’artiste ?

« C’est rock’n’roll. J’ai une femme qui est américaine (la comédienne Christina Milian, N.D.L.R.), qui doit bosser là-bas, donc des fois ce n’est pas facile. Quand je suis à deux – trois heures de Paris, après le concert, je rentre direct, comme ça, je peux passer une ou deux heures le matin avec les enfants avant de repartir. J’organise aussi mon temps en studio. L’album, je l’ai fait entre 9h du matin et 18h, alors que normalement, on est plus des oiseaux de nuit. Là je déposais les petits à l‘école et j’enchaînais direct. »

Un duo ? Avec Chris Martin de Coldplay

M. Pokora

Cynthia Schaeffer : quels artistes figurent sur votre playlist ?

« Beaucoup : Youssoupha, la chanson gospel “Believe for it”, l’album de “Dirty Dancing”, Toto, “Purple Rain” de Prince, Lionel Richie… J’écoute trop de choses. C’est pour cela que ma musique part un peu dans tous les sens. »

Tiffany Heiwy : avec quel chanteur ou chanteuse aimerais-tu chanter en duo ?

« Avec Coldplay, Chris Martin, si vous me suivez ce n’est un secret pour personne. Je n’ai raté aucun de leurs concerts depuis les années 2000. »

Hélène Denni : Louane défendra samedi soir les couleurs de la France à l’Eurovision. Que pensez-vous de sa prestation ?

« Je ne l’ai pas vue en entier. Le sens de sa chanson Maman est très beau. Louane, je la connais depuis ses débuts, on a fait ensemble les voix du dessin animé les Trolls et nos enfants sont dans la même classe. Je lui souhaite vraiment de s’éclater. Let’s go Loulou ! »

Je suis de tout cœur derrière la SIG où un travail de fond est entrepris.

M. Pokora

Florence Morin : la SIG reçoit samedi Gravelines-Dunkerque, serez-vous au Rhenus pour l’encourager ?

« Je ne peux pas rester à Strasbourg. Mon emploi du temps est très chargé dans les prochains temps et il faut que je consacre un peu de temps à mes enfants. Mais je suis de tout cœur derrière la SIG où un travail de fond est entrepris. Il y a une nouvelle direction et je suis au directoire. Mon job cette année a notamment été le changement de logo, le merchandising ou le travail sur le jeu de lumières. On est dans le ventre mou du classement mais la salle est pleine. Cette mobilisation du public strasbourgeois, c’est beau à voir. »

Marine Leseigneur : un pronostic pour Racing Strasbourg-Le Havre samedi ?

« Ça va être la guerre parce que Le Havre joue le maintien et le Racing joue une place en Europe. Ce n’est pas parce qu’il y a un grand écart au classement que ça va être une victoire assurée ou facile. Évidemment, je souhaite que le Racing l’emporte et qu’on retrouve l’Europe. Mais ça ne va pas être facile. Moi je vois un 2-1. »

Tiffany Heiwy : quelle place tient le sport dans votre vie ?

« C’est mon échappatoire. Avec mon rôle à la SIG, cela accentue mes émotions. Le sport me permet de faire la bascule, “switcher” après les concerts. Dans la vie courante, je ne parle pas beaucoup de musique mais je suis très bavard sur le sport. Cela vient de mon éducation avec un papa footballeur. Le sport est une béquille dans ma carrière. J’en ai besoin pour mon métier, dans ma catégorie de “performer” qui implique discipline et hygiène de vie. »

Manon Himber : vous avez tourné dans le téléfilm Le premier oublié. Est-ce que le cinéma vous fait des appels du pied ?

« I’m back (rire). Je tourne en juillet un film sur lequel on travaille depuis 5 ans. C’est un fait historique en rapport avec l’histoire de France. Mais je ne peux pas vous en dire plus sinon je vais me faire engueuler (rire). »

Cynthia Schaefer : qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?

« Le public. C’est ce lien, c’est le plus dur à avoir. Tu peux faire toutes les musiques du monde, le plus important c’est de trouver ton public. Depuis tout ce temps, d‘être encore des milliers dans chaque salle, chaque tournée, chaque projet. C’est ce dont j’ai rêvé en étant gamin, c’est d‘être sur scène avec beaucoup de monde devant. Ça a toujours été ça. Cette fidélité, ces gens qui viennent coûte que coûte, peu importe le premier single, l’album… C’est ce dont je suis le plus fier. La durée, c’est la plus belle des récompenses. »

La connexion avec le public, c’est ce qui me motive.

M. Pokora

Laura Dubreuil : si vous pouviez parler au Matthieu de 17 ans, que lui diriez-vous ?

« 17 ans, c’était juste avant que je fasse Popstars. Je lui dirais : tu as toutes les cartes en main. L’éducation, les valeurs… Les bases tu les as. À l’école je n’étais pas vraiment une tronche. C’était OK en français, en histoire. Mais plus dur en matières scientifiques. J’ajouterais  : maintenant, ce qui compte, c’est le travail, la remise en question. Mais je lui dirais aussi que tout va bien se passer et qu’il n’y a rien de plus beau que de divertir les gens. La connexion avec le public, c’est ce qui me motive. À 17 ans, j’aurais aussi pu évoluer dans le foot ou dans la vente. Dans tous les cas j’étais en mission. »

Hélène Denni : tu es un fidèle de la bande des Enfoirés, que représente ce rendez-vous annuel ?

« C’est un truc qui n’existe nulle part ailleurs. Tu as des gens de tous les univers qui se retrouvent, c’est un vrai bonheur intergénérationnel. Tant que ce spectacle générera ce qu’il génère pour les Restos du cœur et que ça profite à ceux dans le besoin, on le fera. »

Lauriane Schmitt : défendez-vous d’autres causes ?

« Il y a la lutte contre la maladie d’Alzheimer et le Fonds pour la Recherche Médicale (FRM) dont la campagne de collecte se fait en septembre. Et ce sujet me touche personnellement… »