On dit qu’un bateau rend heureux deux fois. Quand on l’achète. Et quand on le revend. Ce dimanche après-midi, Anthony, qui navigue en famille au large de la Pointe-Rouge, est ainsi entre deux sentiments lorsqu’il est abordé par une vedette de la police nationale. « C’est juste un contrôle », rassure d’abord le major Foyer, le chef de la brigade nautique, qui finit par le verbaliser après avoir examiné les papiers du bateau, aux anomalies suspectes.
Les nombreux services de l’État qui interviennent sur le littoral le savent bien, à Marseille, la délinquance et les combines sont parfaitement solubles dans l’eau de mer. Comme sur terre, les vols, le travail dissimulé, les locations douteuses et autres infractions foisonnent au large et dans les ports. Des phénomènes auxquels s’ajoutent les manquements aux règles de sécurité et « conflits d’usage » qui se traduisent régulièrement par des drames.
« L’an dernier nous avons déploré 46 morts sur la façade de la Méditerranée et coordonné 3300 opérations de sauvetage », égrène le commissaire général Thierry de La Burgade, l’adjoint du préfet maritime de Méditerranée, rappelant que des gilets de sauvetage manquants ou des fusées de détresse périmées peuvent contribuer à des drames.
« Les gens ne sont pas des poissons »
D’où l’initiative, partagée par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, d’organiser des contrôles coordonnés, tant sur terre que sur mer, à l’approche de la saison estivale. L’opération, sobrement intitulée « Overlord » lors de sa préparation, a démarré le 16 mai par plus d’un millier de contrôles tous azimuts sur le littoral entre Martigues et Cassis, effectués tant par la police et les gendarmes que par l’Urssaf ou encore les douanes.
Ce dimanche, quatre administrations et la police municipale de Marseille étaient encore sur l’eau avec une dizaine de bateaux pour pousser encore les contrôles, jusqu’au-delà de la bande des 300 mètres. Un embarquement plus qu’un débarquement mis en œuvre dans un premier temps dans un esprit de prévention, même si certaines infractions graves ont été verbalisées et des bateaux en stationnement abusif sur remorque, mis en fourrière.
« Je vous demande de rappeler aux gens qu’ils ne sont pas des poissons », résume Thierry de La Burgade face à près d’une centaine de policiers, gendarmes et autres fonctionnaires engagés ce dimanche, en insistant encore sur les manquements aux règles de sécurité. « Aujourd’hui on est sur de la prévention, mais d’ici peu, ce sera tolérance zéro », pointe la préfète de police déléguée, Corinne Simon, dont les services déploieront un dispositif de sécurité adapté à la saison estivale dès le mois prochain.