Avec son offensive protectionniste, Donald Trump promettait des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium britanniques, deux secteurs clés de l’industrie outre-Manche. Mais grâce à un « deal » signé jeudi 8 mai, ces droits de douane ont été ramenés à zéro. Un grand soulagement pour les industriels du pays, alors que le Royaume-Uni a exporté en 2023 environ 10 % de son acier vers les Etats-Unis, pour près de 400 millions de livres (472 millions d’euros).
Un « énorme soulagement » selon les mots du ministre du Trésor britannique, Darren Jones. « Tout a changé pour nous », a déclaré un employé de l’usine Marcegaglia Stainless Sheffield, qui exporte pour 133 millions de dollars d’acier de l’autre côté de l’Atlantique chaque année, auprès du New York Times.
Des emplois sauvés
Le secteur déjà en déclin depuis plusieurs années avait davantage été plombé par l’annonce des droits de douane américains en mars dernier. Le sidérurgiste British Steel, filiale du chinois Jingye, avait ainsi déclaré, fin mars, préparer la fermeture de ses hauts fourneaux de Scunthorpe, dans l’est de l’Angleterre, ouvrant la voie à des milliers de licenciements. Le gouvernement britannique a, dans la foulée, voté une loi en catastrophe, forçant British Steel à la poursuite de son activité sous peine de sanctions.
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Pendant la période de négociation entre les deux pays, l’entreprise Marcegaglia Stainless Sheffield, qui emploie près de 450 personnes et expédie des produits finis et semi-finis en acier inoxydable vers les Etats-Unis, dit avoir constaté « un ralentissement de la demande alors que les clients décidaient s’ils voulaient payer les droits de douane de 25 % ou non », a déclaré Liam Bates, le président de la société auprès du quotidien américain. Dès l’annonce de la signature de l’accord, le Premier ministre britannique Keir Starmer, a déclaré que celui-ci « sauverait des milliers d’emplois à travers le Royaume-Uni, stimulerait les entreprises britanniques et protégerait l’industrie britannique ». Précisément, 150 000 emplois ont été « protégés », selon le ministre du Trésor Darren Jones.
Des doutes subsistent
Si l’accord signé jeudi a suscité des réactions positives, les industriels de la sidérurgie britannique pointent néanmoins des incertitudes persistantes. En effet, selon The New York Times, les responsables de l’entreprise Marcegaglia Stainless Sheffield affirment qu’ils ne savent toujours pas ce que l’accord signifie pour les produits expédiés de Grande-Bretagne vers des pays de l’Union européenne pour un traitement ultérieur, puis vers les Etats-Unis. Car les droits de douane de 25 % sur l’acier importé aux Etats-Unis sont toujours en vigueur pour les autres pays.
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En outre, le Royaume-Uni a également obtenu une baisse des tarifs douaniers sur ses exportations de voitures, dont Bentley, Aston Martin ou Jaguar étaient en toute première ligne, les Etats-Unis étant leur premier marché hors Union européenne en 2024 représentant 9 milliards de livres. Les droits de douane américains sur le secteur automobile britannique, qui atteignaient 27,5 % avec les surtaxes imposées par Donald Trump, seront ainsi réduits à 10 % dans la limite de 100 000 véhicules par an, contre 2,5 % avant l’arrivée de Donald Trump. « Le Royaume-Uni est toujours confronté à des barrières commerciales nettement plus élevées qu’avant l’arrivée au pouvoir de Trump, déterminé à détruire le système », souligne The Guardian.
Si les secteurs clés du Royaume-Uni seront soulagés par cet accord, l’économie dans son ensemble ne devrait pas connaître de rebond significatif, observe The Guardian. Par coïncidence, la Banque d’Angleterre a publié ses prévisions de croissance trimestrielles jeudi midi, rapporte le quotidien, annonçant une baisse des taux d’intérêt pour soutenir une économie en berne.