Les Roumains ont été nombreux à se rendre dimanche aux urnes pour la présidentielle. Et c’est le maire centriste de Bucarest Nicusor Dan qui a été élu avec près de 54 % des suffrages face au nationaliste George Simion.
Mais pour le fondateur de la messagerie Telegram, cette victoire du candidat favorable à l’Union européenne s’explique en partie par des manœuvres de Paris. Pavel Durov a en effet accusé dimanche – sans la nommer – la France d’avoir tenté de commettre une ingérence dans l’élection présidentielle en Roumanie en demandant la suppression de certains messages « conservateurs », ce que le gouvernement français a fermement démenti.
Une baguette de pain pour indice
Dans un message publié sur cette application, l’entrepreneur de 40 ans, Russe naturalisé français en 2021, met en cause « un gouvernement d’Europe de l’Ouest », dont il dit « devinez lequel » en donnant un indice : une émoticône en forme de baguette de pain.
Ce gouvernement, d’après lui, « a approché Telegram, nous demandant de réduire au silence des voix conservatrices en Roumanie avant l’élection présidentielle d’aujourd’hui ». « Je m’y suis fermement refusé. Telegram ne restreindra pas les libertés des utilisateurs roumains, ni ne bloquera leurs canaux politiques », écrit Pavel Durov, mis en examen en France depuis août pour une litanie d’infractions relevant de la criminalité organisée, la justice lui reprochant globalement de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels sur la messagerie.
Le Quai d’Orsay dément
Dans une réaction publiée sur le réseau social X, le ministère français des Affaires étrangères a dénoncé des « allégations totalement infondées ». « La France rejette catégoriquement ces allégations et appelle chacun à la responsabilité et au respect de la démocratie roumaine », a ajouté le Quai d’Orsay. « Les récentes accusations contre la France ne sont qu’une manœuvre de diversion face aux réelles menaces d’ingérences qui visent la Roumanie. La France appelle tous les acteurs politiques roumains à la responsabilité et la défense de la démocratie », poursuit le ministère.
Le gouvernement roumain a lui aussi apporté un démenti aux infox circulant sur les réseaux sociaux, notamment Telegram, visant à « influencer le processus électoral » et portant « une nouvelle fois les marques d’une ingérence russe ».
Le message de Pavel Durov, envoyé aux internautes en pleine journée électorale, a fait réagir dans les deux camps. George Simion, qui s’en était pris avec virulence à Emmanuel Macron plus tôt dans la semaine, l’a aussitôt partagé tandis que son adversaire s’est offusqué d’une « tentative manifeste d’influencer le résultat » du scrutin.