Par

Clémence Pays

Publié le

7 avr. 2025 à 12h20

Mohamed Camara, 17 ans, fait partie des personnes qui, ce matin du lundi 7 avril 2025, aident à débarrasser le gymnase Félix-Masson, après l’expulsion au petit matin de ses occupants, quartier Villejean à Rennes. « Je suis parti hier soir (dimanche 6 avril, N.D.L.R.) car on savait que l’évacuation allait avoir lieu ce matin, raconte le jeune homme. J’avais peur qu’elle se déroule de manière violente comme celle à Paris. » Mohamed a donc dormi au parc de Maurepas. Seul et dans sa tente.

« Je me sens mal »

Au gymnase Félix-Masson, ils étaient plus d’une centaine à s’être rassemblés depuis le 28 novembre 2024. Début 2025, la Ville de Rennes a saisi la Justice, qui a finalement autorisé la municipalité à « procéder à l’expulsion » et « au besoin avec le concours de la force publique ».

Dans ce gymnase, Mohamed Camara passait « ses nuits et ses journées ». Voir le complexe sportif vide l’attriste.

« Je me sens mal […] je n’ai pas de famille ici et on avait réussi à recréer un lieu de vie tous ensemble », expose le jeune Guinéen, arrivé à Rennes en 2023.

gymnase félix masson
Une dizaine de familles avec enfants avait trouvé refuge dans le gymnase Félix-Masson, à Villejean. (©Laurène Fertin/actu Rennes)

« Tout le temps dehors », Mohamed ne se résout pas à « encore » passer le reste de sa vie sans hébergement : « C’est pas une vie, c’est pas facile. »

Ce qui lui redonne le sourire, ce sont ses amis qu’il sait pouvoir retrouver malgré le dispersement provoqué par l’expulsion.

Une évacuation à l’abri des caméras

Commencée à 7 h, l’évacuation a pris fin à 8 h 30, ce lundi. L’accès à cette opération – menée « avec le concours de la force publique, accordée par le préfet Amaury de Saint-Quentin », précise la préfecture – a été refusé aux soutiens des occupants et aux journalistes.

Peu après 11 h, quelques personnes étaient toujours sur place. La police municipale, mais aussi des soutiens (bénévoles d’associations et citoyens) venus prêter main-forte aux occupants pour vider le gymnase des effets personnels étaient encore présents sur les lieux.

Des matelas sont entassés dans le gymnase Félix-Masson à Villejean.
Des matelas sont encore entassés dans le gymnase Félix-Masson à Villejean, lundi 7 avril 2025, après l’expulsion des occupants. (©Laurène Fertin/actu Rennes)

Dans un communiqué de la Ville de Rennes, transmis aux médias à 10 h 30, la municipalité indique qu’« une dizaine de familles avec enfants mineurs » a été dénombrée, lors d’un recensement effectué vendredi 21 mars.

En lien avec la Préfecture d’Ille-et-Vilaine, qui est en charge de l’hébergement d’urgence, la Ville de Rennes et le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine ont recherché des solutions de mise à l’abri pour les personnes les plus vulnérables, prioritairement les familles.

Ville de Rennes

La Ville assure que ces personnes « se sont vu proposer une solution d’hébergement à partir de ce lundi 7 avril au soir ».

De son côté, Pierrick, de l’Interorganisation de soutien des sans-papiers assure que cinq familles ont réussi à être relogées de façon durable par le dispositif d’accueil de la ville de Rennes – dont quatre, orientées dans la ville de Fougères.

Les autres familles ont été prises en charge par le 115, dont une par le département d’Ille-et-Vilaine.

Fermeture du gymnase à 12 h

Dans la matinée, Danièle Fourdan, directrice des Solidarités et de la Santé de la Ville de Rennes, s’est présentée au gymnase Félix-Masson.

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Devant le gymnase Félix-Masson, les personnes sont appelées à quitter les lieux dès 12 h. (©Laurène Fertin – actu Rennes)

Au cours d’échanges tendus avec des bénévoles, elle a indiqué aux associations que le gymnase devait fermer ses portes à 12 h. « 12 h, c’est trop tôt pour déplacer tous les matelas », a rétorqué Pierrick. « C’est inhumain », a embrayé un autre bénévole.

Laurène Fertin et Clémence Pays

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