« Les menaces évoluent, les réponses aussi. » Le maire Horizons de Nice annonce en exclusivité à Nice-Matin une réorganisation municipale de l’offre de sécurité qu’il estime nécessaire: « Les violences, incivilités et comportements agressifs se banalisent et elles nuisent au travail remarquable accompli depuis dix ans. »

Christian Estrosi « souhaite donc lancer un nouveau plan qui s’appuie sur quatre piliers. 1) Renforcer la visibilité et la proximité de la police municipale. 2) Renforcer le lien avec les commerçants. 3) Coordonner le travail autour des nuisances induites par les populations errantes. 4) Associer les citoyens à leur propre sécurité. »

Ce « plan » s’articule autour de mesures, qui se veulent concrètes, détaillées ci-dessous.

Expérimentation de kiosques de police municipale sur les deux principales places

À partir de juillet, sur Masséna et Garibaldi avec « présence physique aux heures requises ».

Des postes de police ambulants

Sous la forme de tentes, à partir de septembre, « dans les lieux très fréquentés pour permettre aux personnes qui le souhaitent d’aller à » la rencontre des policiers municipaux « pour leur signaler » tout incident et « permettre un (…) dialogue avec les citoyens. » Le maire prend l’exemple de la Libé ou de la place Fontaine-du-Temple.

Une brigade de police pour les coulées vertes

Pour la promenade du Paillon, à partir de l’inauguration de la fin de son extension prévue fin octobre, et le grand parc de l’ouest. À sa tête, des gardes champêtres qui permettraient à la police municipale de se doter d’officiers de police judiciaire et de leurs prérogatives qui lui font défaut.

Une application « Nice en sécurité »

Une appli pour téléphones mobiles afin de « signaler en temps réel les comportements ou faits troublant la tranquillité publique. » Elle sera opérationnelle avec le centre d’hypervision urbain de commandement qui entrera en fonction avec l’hôtel des polices, en fin d’année ou au début de 2026. Principaux atouts: accès direct aux secours et géolocalisation pour coordonner caméras et équipages. « Autant de bornes d’urgence déployées! », se félicite le maire. Une sorte d’ »Allô police municipale comme Allô mairie. »

Un réseau de commerçants vigilants

Sur le modèle des Voisins vigilants « qui fonctionnent très bien », surligne le maire. Avec formation pour lutter contre les vols et les incivilités et création d’une chaîne WhatsApp « pour une information plus directe et rapide ».

Des audits de sécurité gratuits pour les commerces

« À l’instar des audits de prévention situationnelle proposés depuis 2014 aux particuliers niçois », rappelle le maire. Ils sont lancés « dès (cette) semaine ».

Instauration de référents dédiés aux commerçants

« Dirigé par un chef de service aguerri et ancien policier national », ce service, qui sera joignable directement (1), « sillonnera nos rues à la rencontre des commerçants et animera ce réseau dédié. »

Un groupement des doléances liées aux « populations errantes »

Le premier adjoint au maire, Anthony Borré, est chargé de « coordonner les actions à mettre en œuvre pour prendre en compte ces situations (…) avec les élus en charge du social (Jennifer Salles) et de la propreté et des espaces verts (Pierre-Paul Léonelli) ». « Cette task force » devra apporter des « réponses concrètes en lien avec les associations et les partenaires. »

Une équipe mobile médico-sociale

Elle « travaillera en lien avec le conseil local de santé mentale pour prendre en compte certaines situations ». Précisions d’ici un mois.

Centralisation des points de distribution alimentaire municipaux

Considérant que « le système de maraudes est désuet » et génère des nuisances, le maire plaide pour un seul lieu d’accueil permanent, « actuellement à l’étude ».

(1) Par téléphone (07.77.84.77.69) ou mail (prevention.commercants@ville-nice.fr).

« Une des villes les plus sûres de France »

Ce plan est une adaptation à l’évolution des nuisances et de la délinquance pour Christian Estrosi, surtout pas un aveu d’échec de sa politique sécuritaire. Car Nice est « une des villes les plus sûres de France », claironne le maire. Et d’invoquer « les classements du ministère de l’Intérieur (…) et les enquêtes indépendantes publiées notamment par Le Figaro « .

Dans le dernier palmarès des villes les plus dangereuses qu’a publié notre confrère le 27 mars, Nice se classe dans la meilleure moitié des 42 plus grandes métropoles de France pour la plupart des crimes et délits. À l’exception, problématique, du trafic de stupéfiants qui en fait la 9e ville la plus touchée du pays.

Et la tendance est bonne selon le maire: « La délinquance à Nice a chuté de 25% en dix ans! » Pour lui, « Ce résultat est le fruit d’une stratégie assumée, d’un engagement total et surtout du travail remarquable de notre police municipale. » Mais « nous sommes, comme toutes les grandes villes, confrontés à une délinquance d’appropriation: vol à la tire, vol roulotte dans les voitures, vols de deux-roues ou cambriolages. C’est pourquoi nous nous devons de nous réinventer, d’imaginer de nouvelles solutions et continuer à agir, sans relâche. »

« Je ne pense même pas aux municipales »

Christian Estrosi cherche-t-il à se repositionner à droite dans l’optique des élections municipales de 2026? Et ainsi réduire l’espace politique que viserait la candidature attendue d’Éric Ciotti, l’apôtre de l’union des droites allié au Rassemblement national?

Tout porte à le croire avec ce plan de renforcement de la sécurité et une réunion publique, le 24 avril, au cours de laquelle le maire a renoué avec ses discours les plus durs contre la délinquance, l’immigration, l’islamisme, l’assistanat, la bureaucratie.

Celui qui a longtemps soutenu le président Macron s’en défend, évidemment: « Je n’ai jamais changé. Je suis un maire qui reste gaulliste de droite avec la main droite, ferme, qui n’a jamais molli, et la main gauche, toujours ouverte sur la culture, l’action sociale, le soutien aux plus modestes, aux plus fragiles. Et aujourd’hui, une grande partie du centre gauche est en demande de plus d’autorité. La France a vraiment basculé. J’ai bien mesuré qu’il y a une grosse attente sur ces sujets. Je suis entré dans une phase où je dis: donnez aux maires les moyens d’aller beaucoup plus loin quand ils sont volontaires. J’essaie juste d’être lucide, objectif. Si vous savez à quel point je ne pense même pas aux élections municipales… »