Sur les pavés, l’émotion. Sous l’imposante boule à facettes qui tourne au pied du génie qui domine la statue de la place de la Bastille (Paris, XIIe arrondissement), un gros « ooohhh » résonne.
Les cœurs de la foule venue à la Boom de l’Eurovision, une fan-zone installée au cœur de la capitale, se serrent au tout dernier « Maman », chantée par la fille de Louane qui ponctue le titre avec laquelle la chanteuse espère emporter cet Eurovision 2025.
« On est fiers, elle représente bien la France », applaudissent aux anges Florian et Corentin, venus de Rouen pour venir suivre la soirée dans la foule. Ils sont plutôt optimistes sur les chances de la petite Française.
« La mise en scène est folle, plus travaillée que celle de Slimane l’année dernière. La musique est très belle et le propos universel… Même les gens qui ne connaissent pas son histoire personnelle peuvent comprendre », insiste le duo en agitant des petits drapeaux tricolores avec la tête de Louane détourée au milieu.
Paris, le 17 mai 2025. Florian et Corentin trouvent que « Louane représente bien la France. » LP/Olivier Corsan
Ils ne sont pas les seuls à être sous le charme. « Pour gagner l’Eurovision, il faut une bonne chanson, un bon chanteur et un super staging (mise en scène). Louane a les trois. Je l’adore depuis longtemps. Je veux pas dire ça mais je pense qu’elle va finir deuxième, derrière la Suède mes favoris car leur refrain est beaucoup plus entêtant… » analyse Flora, 34 ans de Cholet.
« Je la soutiens par chauvinisme, mais j’y crois moyennement »
Pour prouver son expertise en la matière, elle exhibe les fanions de ses pays favoris, collés sur ses bras. Ses doutes sont partagés dans ce public de fans, échaudés par des années de déception. « Louane ? Je n’y croyais pas beaucoup au début car la chanson manque de rythme mais à force de l’entendre je commence a bien l’aimer. Elle reste bien en tête. Et la mise en scène rattrape tout. Le tourbillon de sable, c’est fou », s’enflamme Maxime, un trentenaire professeur en Seine-et-Marne.
Partout, on se demande si cette ballade nostalgique va séduire les électeurs européens. « J’adorerais que l’Eurovision ait lieu à Paris, mais souvent ce sont des chansons plus joyeuses, qui gagnent. Avec plus de peps », tremble Sabine, 24 ans, venue avec Lisa son ancienne camarade de la fac de droit.
Derrière elle, bière à la main, Morgan acquiesce. « Je la soutiens par chauvinisme, bien sûr, mais j’y crois moyennement. C’est un peu plaintif. Mais la France a raison de creuser son sillon avec des chansons à texte très dans l’émotion. Depuis Barbara Pravi, on commence à être attendu pour ça. Ça va finir par payer », insisté le jeune homme. Mais Morgan jure de rester tard place de la Bastille, où la colonne a pris les couleurs tricolores, pour ne rien rater de la révélation des votes. Au cas où.