Une femme avec un pagne bleu aux fleurs jaunes qui coiffe sa fille. Une autre femme, une Amazone, le poing levé et le visage déterminé. Et enfin un graff. Tout est dit dans ces trois œuvres murales (à voir au 99, quai du Président-Wilson) signées Élise Tokudagba et Houef’art, deux artistes béninoises.

Le graff invite à ne jamais renoncer à savoir. « Pour raconter la vraie histoire, il faut apprendre à la connaître, insiste Houef’art, il faut donc tout dire, ne rien cacher. » Une obligation morale qui s’inscrit dans une histoire, celle de Nantes et de l’Afrique, celle de la cité des Ducs et du juteux commerce triangulaire, la traite négrière, l’esclavage.

Connaître, et résister, comme semble inviter à le faire cette Amazone, poing brandi, regard fier et conquérant, tout droit sorti de l’histoire du Bénin et de ce peuple mythique de femmes guerrières. « Dans l’ancien Bénin, jadis le Dahomey, détaille Houef’art, c’étaient ces femmes-là que le roi envoyait combattre, car elles avaient une formation militaire et de surcroît, elles étaient belles. »

Tresses et messages secrets

Cette Amazone, Houef’art, l’habille d’un beau drapé multicolore. « Parce que l’Afrique, ce n’est pas que le Bénin, c’est tous ces pays. » Dans ce triptyque mural, le troisième volet représente une mère coiffant sa fille et lui faisant des tresses.

Plus qu’une simple esthétique capillaire, une authentique communication, « car les tresses permettaient de transmettre des messages à l’insu du colonisateur », traduit Houef’art, Élise Tokudagba ne s’exprimant qu’en fon, la langue de l’ancien royaume du Dahomey. La langue, une autre façon de résister. Les deux artistes doivent achever leur fresque en ce début de semaine.