Ce lundi, les autorités du pays asiatique ont annoncé que les forces aériennes des États-Unis et des Philippines ont commencé des manœuvres conjointes pour améliorer leurs opérations de coordination et leur « dissuasion stratégique».
Ces manœuvres militaires de coopération entre les États-Unis et les Philippines à des fins de «dissuasion stratégique» interviennent après plusieurs mois de frictions entre Pékin et Manille dans la mer de Chine méridionale.
Selon la revue de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord), la dissuasion vise à intimider un opposant par la menace de recourir à la force pour le décourager d’entreprendre une action non souhaitée, soit en l’alertant de possibles représailles (dissuasion par représailles), soit en lui faisant croire que ses objectifs seront voués à l’échec (dissuasion par interdiction).
«L’amélioration de la préparation au combat et de l’efficacité des missions conjointes» sera le principal objectif des manœuvres d’opération nommées «Cope Thunder », a déclaré lundi Arthur Cordura, le chef de l’armée de l’air philippine, lors d’une cérémonie inaugurale. Depuis l’arrivée au pouvoir du président philippin Ferdinand Marcos en 2022, Manille et Washington ont intensifié leur collaboration défensive, s’opposant fermement aux ambitions de Pékin en mer de Chine méridionale.
Une grande partie des îles et récifs de cette mer est sous la revendication de la Chine, y compris les eaux et les îles à proximité des côtes de plusieurs nations voisines. Cette zone, appelée «zone à neuf traits» est source de conflit entre la République Populaire de Chine (RPC) et ses voisins (Philippines, Brunei, Malaisie, Vietnam, Indonésie). En effet, on observe un grand écart entre la ligne d’espaces maritimes revendiqués par la RPC et les ZEE (Zone Économique Exclusive) de 200 miles marins instaurés par la CNUDM (Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer).
Les incidents maritimes impliquant des navires chinois et philippins sont désormais fréquents autour de l’archipel des Spratleys. Déjà en octobre 2023, un incident similaire avait eu lieu entre les navires de guerre de ces deux nations. La RPC qui prétend à différents archipels (Spratley et Paracel) ne cesse de menacer les Philippines. Voilà pourquoi, la semaine dernière, les États-Unis ont déclaré leur confirmation de la vente de vingt avions de chasse F-16 aux Philippines, bien que Manille ait souligné que le contrat était encore en cours de négociation.
«Le rythme de notre alliance s’accélère» a déclaré le général de division américain Christopher Sheppard lors de l’événement. Selon l’armée de l’air philippine, l’exercice « Cope Thunder », qui se déroulera jusqu’au 18 avril, a pour objectif de renforcer les « capacités en guerre asymétrique », c’est-à-dire l’affrontement des forces militaires d’un pays avec des belligérants non conventionnels, ainsi que la coordination opérationnelle et la stratégie de dissuasion.
Les manœuvres devraient avoir lieu au nord de l’île de Luzon, qui est la région des Philippines la plus adjacente à Taïwan. La fin du mois d’avril prévoit également des manœuvres aériennes, terrestres et navales plus importantes entre les États-Unis et les Philippines, connues sous le nom de «Balikatan». Ces actions devraient permettre aux Philippines de réaffirmer leur souveraineté face à l’expansion maritime chinoise en mer Méridionale,.
La semaine passée, alors que la Chine effectuait d’importantes manœuvres militaires simulant un blocus de Taïwan, le général Romeo Brawner, à la tête de l’armée philippine, a exprimé l’avis que les troupes philippines seraient «inévitablement » engagées si l’île près du récif de Scarborough, revendiquée par Pékin, venait à être envahie.
Par la suite, Manille a précisé que ces remarques concernaient un déploiement destiné à ramener des travailleurs philippins de Taïwan en situation de conflit. Un traité de collaboration approfondie en défense signé avec Washington donne aux troupes américaines la possibilité d’accéder à neuf bases militaires sur le territoire national.
Au cours d’un déplacement récent à Manille, le chef du département de la Défense américain, Pete Hegseth, a affirmé que Washington « redoublait d’efforts » pour consolider son alliance avec l’archipel. Il faudra donc observer l’évolution de ces exercices, en espérant que cela n’enclenche pas de nouveaux conflits entre les Philippines et la RPC.
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