« Nous n’avons pas bien réussi notre mariage, mais nous réussissons notre séparation ». C’est par cette boutade que Christine Bost, la présidente de Bordeaux Métropole a introduit la conférence de presse sur le Matmut Atlantique de Bordeaux, vendredi 16 mai. En juillet, ce dernier sera d’ailleurs rebaptisé Stade Bordeaux Atlantique, en raison de la non-reconduction du contrat avec l’assureur. Il ne s’agit là que d’un des nombreux déboires de ce stade construit en 2015, pour l’Euro 2016 grâce à la signature, en 2011, d’un partenariat public privé entre SBA – filiale de Vinci et Fayat – et Bordeaux Métropole pour sa conception, son financement, sa construction, son exploitation et sa maintenance jusqu’en 2045. « Il y avait un déséquilibre depuis le début dans ce partenariat public privé », estime Christine Bost, la présidente de Bordeaux Métropole. Ce sont rajoutés un déficit d’exploitation de 20 millions d’euros (soit 14 millions d’euros de plus que dans le compte d’exploitation prévisionnel du contrat…), la relégation des Girondins de Bordeaux en National 2 en août 2024, leur difficulté à payer le loyer, la perte du naming, la menace du dépôt de bilan de SBA… Et par extension, les craintes de la collectivité d’accroître les déficits et de ne plus pouvoir exploiter correctement un équipement qui contribue, malgré tout, à l’attractivité du territoire. L’épilogue du feuilleton interviendra le 31 juillet prochain avec la rupture du contrat, « conclue sans indemnités versées à SBA », précise Christine Bost. « Les neuf salariés seront repris, ainsi que le contrat avec Vinci Facilities qui court encore sur 18 mois », ajoute-t-elle. L’équipement passera en régie, une décision qui sera votée au conseil communautaire de juillet, lors duquel seront établis les tarifs. La métropole s’engage à accueillir des événements sportifs, des séminaires, ainsi que des manifestations culturelles. Elle avait pourtant émis un doute en début d’année sur sa capacité à gérer l’animation d’un tel équipement. Elle mise aujourd’hui sur l’attractivité de la ville. L’entretien du stade est une compétence mieux maîtrisée et « il a été bien entretenu, reconnaît-elle, il n’y a pas de désordre majeur, cela a été constaté par un cabinet d’expert tiers à l’occasion d’un audit. »
« Il n’est pas imaginable que de l’argent public ne soit pas remboursé. »
Côté finances, la métropole avait d’ores et déjà inscrit 82 millions d’euros à ses comptes pour le remboursement de l’emprunt, qu’elle effectue à hauteur de 5 millions d’euros par an depuis le début du contrat. « Nous discutons avec les banques pour voir si nous finançons cette dette en un seul bloc ou si nous continuons à payer les annuités. » Pour les 19,75 millions d’euros dus par les Girondins de Bordeaux à la collectivité, le plan de continuation proposé par le président du club de foot auprès du tribunal de commerce stipule que seuls 10 % de la dette seraient remboursés. Une proposition qui devrait être validé ou non par le tribunal de commerce le 27 mai prochain. Christine Bost n’a pas attendu cette date pour réagir : « Il n’est pas imaginable que de l’argent public ne soit pas remboursé. » Elle a d’ailleurs rappelé être détentrice d’une lettre d’intention rédigée en 2021 par la société Jogo Bonito, détenue par Gérard Lopez, garantissant le paiement du loyer de 4,9 millions d’euros par an comme l’indique nos confrères de Sud Ouest. Un accord devait être proposé vendredi dernier au président des Girondins de Bordeaux, mais la collectivité n’a pas communiqué sur le sujet.
Pour ouvrir un nouveau chapitre à cette histoire, Christine Bost a évoqué le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt pour le naming de l’enceinte.