Leur mouvement ne peut passer inaperçu. Que ce soit aux entrées d’autoroute est et ouest de Toulon, comme aux entrés et sorties des péages du Muy et de Fréjus (Capitou) sur l’A8, des opérations escargots et de tractage ont été mises en place dès l’aube, ce lundi matin. Près de 250 taxis varois suivent l’appel à la grève nationale porté par les syndicats. Le mouvement est prévu pour durer toute la journée et sera reconduit les jours suivants si le Gouvernement fait la sourde oreille. « Soit on est entendu, soit on bloque le pays! », prévient un gréviste toulonnais, ce lundi matin.
Deux sujets alimentent leur colère. Le premier concerne l’annonce faite jeudi dernier par l’Assurance maladie d’une nouvelle tarification pour les transports sanitaires effectués en taxi conventionné. Les taxis seraient rémunérés sur la base d’un forfait de prise en charge de 13 euros (avec une majoration pour les départs et arrivées dans les grandes agglomérations) contre 26 euros actuellement.
« Le transport sanitaire représente près de 80 % des courses d’un taxi qui travaille 12 heures par jour pour gagner à peine plus de 2.000 euros par mois« , argumente ce lundi matin un gréviste toulonnais. Cela représenterait une perte de salaire « de 30 à 40 % ». Cette proposition doit encore être approuvée par le Gouvernement, et entrerait en vigueur le 1er octobre 2025.
Deuxième point de crispation: l’ubérisation de la profession qui ne date pas d’hier mais qui doit être mieux régulée, selon eux. « Les forces de l’ordre doivent faire respecter la loi Grandguillaume (votée en 2016) et mettre fin aux maraudes des taxis Uber et Bolt », pointent les grévistes qui s’endettent sur dix ans en moyenne pour rembourser leur licence professionnelle de 300 000 euros. « Une étude montre que le salaire moyen d’un taxi est inférieur au smic », avance Thibault Lafontaine, délégué syndical de l’Union des taxis varois.
« Je vais leur péter les rétros! »
L’opération escargot de ce lundi matin a créé de longues files d’embouteillage. Près de 3 km d’embouteillages au péage du Muy et de forts ralentissements autour de Fréjus-Est ont été observés par les services de la préfecture.
À l’entrée ouest de Toulon où nous nous sommes rendus, les automobilistes ont mis entre 2h30 et 3 heures pour parcourir 7 kilomètres depuis La Seyne-su-Mer ou « à peine 4 kilomètres » depuis l’échangeur de La Seyne – Six-Fours jusqu’au barrage filtrant situé sur la voie d’accès à Toulon centre.
« Je craque… », nous dit cette femme d’une cinquantaine d’années qui a loupé un rendez-vous médical qu’elle attendait depuis quatre mois. « Je vais leur péter les rétros!, explose un autre automobiliste. C’est le peuple contre le peuple, c’est débile! ».
« Ils auraient au moins pu laisser une voie de circulation. Manifester, c’est leur droit, mais chacun défend son boulot… », tempère un autre. François, qui a parcouru « même pas deux kilomètres en 2h30 », patiente en lisant une bande dessinée. « Je conçois leur colère mais leur action alimente une animosité envers eux. Moi, je ne vais pas m’énerver pour quelque chose qui ne me concerne pas alors que je subis déjà les choix que je fais… »
Ce lundi matin, chacun était confronté à sa propre patience…