Le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) ont salué lundi un nouveau chapitre de leurs relations, après avoir conclu de nouveaux accords de coopération en matière de défense et facilité les échanges commerciaux lors de leur premier sommet officiel depuis le Brexit.

Cinq ans après la sortie du Royaume-Uni de l’UE, les liens se sont resserrés à nouveau. Le premier ministre Keir Starmer a rencontré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et d’autres hauts responsables de l’UE à Londres pour des entretiens.

Ces accords permettront de réduire les formalités administratives, de stimuler l’économie britannique et de relancer les relations avec le bloc commercial des 27 pays, a indiqué M. Starmer. De son côté, Mme von der Leyen a qualifié ces négociations de «moment historique» bénéfique pour les deux parties.

«Le Royaume-Uni est de retour sur la scène internationale, a indiqué M. Starmer aux journalistes. Cet accord est gagnant-gagnant.»

Il a salué les accords de lundi — le troisième ensemble d’accords commerciaux conclus par son gouvernement en autant de semaines, après les accords avec les États-Unis et l’Inde — comme étant «bons pour l’emploi, bons pour les finances et bons pour nos frontières».

Les partis d’opposition britanniques ont toutefois dénoncé ces accords, les qualifiant de retour en arrière sur le Brexit et de nouvelle «capitulation» face à l’UE.

Voici les principaux points à retenir du sommet :

Réduction des formalités administratives sur le commerce alimentaire

Les responsables ont annoncé la suppression de certains contrôles frontaliers de routine sur les produits animaux et végétaux et l’alignement sur la réglementation européenne, ce qui réduira les coûts des importations et exportations alimentaires et facilitera la libre circulation des marchandises à travers les frontières.

Des entreprises se sont plaintes de camions attendant des heures aux frontières avec des produits frais qui ne peuvent être exportés vers l’UE en raison de la lourdeur des certifications post-Brexit.

Ces changements permettront au Royaume-Uni de vendre à nouveau des produits, tels que des hamburgers, des saucisses et des fruits de mer britanniques crus à l’UE, ont indiqué des responsables. Ces avantages s’appliqueront également aux mouvements entre le Royaume-Uni continental et l’Irlande du Nord, où les contrôles douaniers post-Brexit constituent un problème épineux depuis des années.

Bien que l’UE soit le principal partenaire commercial du Royaume-Uni, le gouvernement a souligné que le Royaume-Uni avait subi une baisse de 21 % de ses exportations depuis le Brexit en raison de formalités administratives plus lourdes et d’autres barrières non tarifaires.

Pacte sur les marchés publics de défense

Un nouveau partenariat de sécurité et de défense ouvrira la voie à l’accès de l’industrie britannique de la défense à un nouveau programme de prêts de l’UE d’un montant de 150 milliards d’euros (235 milliards de dollars). Ce programme permettra au Royaume-Uni d’obtenir des prêts bon marché, garantis par le budget de l’UE, pour acheter du matériel militaire, notamment pour aider l’Ukraine à se défendre.

L’UE a déclaré que ce programme de prêts contribuerait à renforcer la préparation de la défense européenne et à mieux coordonner le soutien à l’Ukraine.

Droits de pêche

L’accord prévoyait une prolongation de 12 ans de l’accord autorisant les navires de pêche de l’UE à opérer dans les eaux britanniques jusqu’en 2038, ce qui a suscité la colère des pêcheurs britanniques et de leurs partisans.

Bien que mineure sur le plan économique, la pêche a longtemps été un point de friction et un enjeu symboliquement important pour le Royaume-Uni et les États membres de l’UE, comme la France. Des différends sur ce sujet ont failli faire capoter un accord sur le Brexit en 2020.

Facilitation de la circulation des jeunes

Les restrictions de visa post-Brexit ont entravé les activités transfrontalières des professionnels, tels que les banquiers ou les avocats, ainsi que les échanges universitaires et culturels, notamment les tournées de groupes musicaux.

Le Royaume-Uni et l’UE ont annoncé leur accord de coopération sur un plan de mobilité des jeunes qui devrait permettre aux jeunes Britanniques et Européens de vivre et de travailler temporairement sur leur territoire respectif, sans toutefois fournir de détails.

Les responsables britanniques ont insisté sur le fait que le nombre de voyageurs serait plafonné et que les séjours seraient limités dans le temps.

La libre circulation des personnes reste un sujet politiquement délicat au Royaume-Uni. Certains partisans du Brexit voient dans le plan de mobilité des jeunes un retour progressif vers une libre circulation totale des ressortissants de l’UE souhaitant s’installer au Royaume-Uni. Le Royaume-Uni a conclu des accords similaires en matière de mobilité des jeunes avec des pays comme l’Australie et le Canada.

Réduction des temps d’attente dans les aéroports

L’accord permettra aux détenteurs d’un passeport britannique d’utiliser les portiques électroniques dans davantage d’aéroports européens.

Depuis le Brexit, de nombreux voyageurs britanniques ne peuvent plus utiliser les portiques automatisés à leur arrivée dans les aéroports de l’UE. Cette nouvelle mesure mettra fin aux «redoutables files d’attente aux contrôles aux frontières», ont déclaré les responsables.

L’opposition s’oppose à une «capitulation»

Les partis d’opposition britanniques ont critiqué la tentative de M. Starmer de renouer les relations avec l’UE. Le parti Reform U.K., pro-Brexit et anti-immigration, qui a récemment remporté une large victoire aux élections locales, et les conservateurs ont qualifié les compromis prévus dans les accords de trahison du Brexit.

«(M. Starmer) nous fait reculer. Nous avons quitté l’Union européenne. C’était réglé, nous avons tiré un trait dessus, a mentionné la cheffe conservatrice, Kemi Badenoch. Cet accord nous ramène au passé, et c’est pourquoi nous le qualifions de capitulation.»

M. Starmer a souligné qu’il n’avait pas violé ses «lignes rouges»: le Royaume-Uni ne réintégrera pas le marché unique et l’union douanière sans friction de l’UE, et n’acceptera pas la libre circulation des personnes entre le Royaume-Uni et l’UE.

David Henig, expert en politique commerciale britannique au Centre européen d’économie politique internationale, a suggéré que, si certains continuent de s’opposer à l’acceptation des réglementations européennes, la plupart des Britanniques estiment probablement qu’il est temps d’aller de l’avant.

«Se contenter de suivre les règles de l’UE dans certains domaines va susciter la controverse auprès de ceux qui pensaient que le Brexit signifiait se libérer totalement de toute influence de l’UE, a-t-il expliqué. Ce n’était pas réaliste pour une nation commerçante comme le Royaume-Uni, dont 50 % des échanges commerciaux se font avec l’UE.»

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Pan Pylas et Jill Lawless à Londres, ainsi que Lorne Cook à Bruxelles, ont contribué à ce reportage.