Ce n’est pas tous les jours qu’un établissement scolaire se met en grève à Neuilly-sur-Seine. Mais au nom de « la santé des enfants », le collège André-Maurois a tourné au ralenti, ce lundi. 21 enseignants et personnels de vie scolaire étaient en grève sur une trentaine, selon les manifestants, alors que le temps de présence de l’infirmière scolaire doit être divisé par deux l’an prochain.
« Officiellement, il s’agit d’une réduction horaire de l’infirmière, qui passerait de deux jours et demi de présence par semaine à une journée et quart. Dans les faits, cela permet de supprimer un poste en en fusionnant deux », remarque les grévistes dans un communiqué.
L’infirmière actuellement en poste devrait en effet quitter ce collège de 480 élèves et céder sa place à sa consœur du collège Théophile-Gautier, laquelle partagera son temps entre les deux établissements.
« Les élèves trouvaient en elle une oreille attentive »
« Déjà aujourd’hui, c’est compliqué les deux jours où l’infirmière n’est pas là car tout nous revient à la vie scolaire : les maladies, la bobologie, appeler les parents, etc., alors que j’ai une petite équipe de trois surveillants par jour. Alors l’année prochaine, avec un seul jour de présence de la soignante, ce sera encore plus lourd », craint Audelia Friedman, CPE du collège.
L’infirmière actuelle était dans l’établissement depuis six ans. « Les élèves la connaissent bien et trouvaient en elle une oreille attentive, poursuit la CPE. Cet aspect est très important car il y a beaucoup de mal-être chez certains jeunes de Neuilly, soumis à la pression des parents et qui se sentent un peu seuls. »
Le mouvement est soutenu par la fédération des Parents d’Élèves de l’Enseignement Public (PEEP), qui devrait prendre le relais ce mardi. « Demain matin (mardi), les parents qui le souhaitent ne mettront pas leurs enfants au collège, prévient Catherine Jacob, présidente de la PEEP du collège André-Maurois. Je suis apolitique mais là, il en va de la santé de nos enfants. »
« Qui va s’occuper de leur donner les médicaments ? »
Elle rappelle que le collège compte une classe Ulis avec des enfants en difficulté et une classe UPE2A (unité pédagogique pour élèves allophones arrivants). « Il y a aussi 30 PAI (projet d’accueil individualisé). Qui va s’occuper de leur donner les médicaments ? »
La colère est d’autant plus grande qu’elle va, selon les grévistes, à l’encontre des mesures ministérielles prises lors des Assises de la santé scolaire, le 14 mai dernier, pour réformer la médecine préventive à l’école. La ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, avait notamment annoncé un « renforcement des effectifs d’infirmiers, d’assistants sociaux et de psychologues de l’Éducation nationale ». Sans toutefois s’avancer sur un nombre de postes précis alors qu’il manquait, il y a peu, environ 15 000 infirmiers et infirmières scolaires en France.
Un poste d’infirmier en moins dans le département
C’est d’ailleurs ce manque de personnels soignants, qui a provoqué cette mutualisation des moyens à Neuilly. « Le département des Hauts-de-Seine a vu son nombre de postes d’infirmiers diminuer d’une unité pour la rentrée 2025 », indique le rectorat de Versailles, pour expliquer son choix de « créer un poste infirmier à service partagé entre (deux) établissements géographiquement proches ». Et de préciser que « le choix de l’infirmière restante s’est fait en fonction de l’ancienneté ».
« La gestion des ressources humaines de santé doit composer avec les moyens alloués à l’échelle nationale et se décline dans un souci constant d’efficacité, de proximité et de continuité du service rendu aux élèves », ajoute le rectorat.
« Ce redéploiement ne signifie nullement un désengagement de l’Éducation nationale en matière de santé scolaire, assure-t-il encore. Bien au contraire, les missions des personnels infirmiers seront maintenues (dépistages de 6e, accompagnement des actions de prévention, participation aux cellules de veille, contribution à la protection de l’enfance en danger…) »