À vrai dire, cela fait plusieurs semaines que nous souhaitons le mettre en lumière. Sa nouvelle « masterclass » hier soir nous a poussé à enfin rendre à César ce qui lui appartient et mettre en avant un joueur trop peu souvent encensé.
Il est de ces joueurs qui ne font pas de bruit, qui brillent en silence, pendant que d’autres s’accaparent la lumière. Dillyn Leyds, arrivé en 2020 à La Rochelle est de ceux-là, un formidable rugbyman, sûrement l’un des meilleurs ailiers/arrières de notre championnat, qui performe chaque week-end aux quatre coins de l’Hexagone, sans connaître donc le rayonnement qu’il mérite.
Toujours régulier même lorsque les Maritimes ont connu une terrible traversée du désert au début de l’année 2025, le Sud-africain est devenu un cadre d’un groupe avec qui il a décroché deux Champions Cup. Et Rémi Talès ne s’y trompait pas au soir du succès décroché à Bordeaux, qui a définitivement fait basculer les Rochelais dans une dynamique positive : « Dillyn, c’est un peu un joueur à part. Malgré notre période délicate, il a toujours évolué à haut niveau et, si on en est là aujourd’hui, c’est grâce à son exemplarité et son état d’esprit. C’est sûr que c’est bien que ce soit lui qui fasse la passe entre les jambes, qui nous permet de débloquer la situation. »
Leyds impressionnant contre Montpellier
Hier encore, lors de l’impressionnant succès maritime contre Montpellier (47-18), il s’est distingué sur chacune de ses initiatives. S’il a été à la conclusion d’une action, après plusieurs dribbling d’Antoine Hastoy, il aurait également pu y aller de son doublé et inscrire un essai de 60 mètres, sans une faute signalée au départ.
Toujours dangereux balle en main, il se démarque aussi par sa technique individuelle hors norme, comme cette chistera de plus de 20 mètres. Avec son compère de l’autre aile Jack Nowell, ils ont à eux deux enflammés Deflandre, avec notamment quelques 180 mètres parcourus, 4 franchissements ou 9 défenseurs battus. Bref, l’ancien joyau des Stormers s’est une nouvelle fois remarquer.
Un cadre de La Rochelle
Et c’est désormais devenu une habitude. Souvent utilisé à l’aile depuis son arrivée en Charente-Maritime, le natif de Somerset West a également dépanné à l’arrière ces derniers mois, lorsque Brice Dulin soignait des cervicales douloureuses. Preuve de son importance dans le système O’Gara, cette saison, le joueur de 32 ans a disputé 24 rencontres toutes compétitions confondues, toutes dans la peau d’un titulaire. Pour être encore plus précis, jugez par vous-même. Depuis qu’il a posé ses valises en France, Dillyn Leyds en est à 124 matchs avec la tunique jaune et noire pour 120 titularisations ! Des statistiques qui vous classent le bonhomme.
Et Ronan O’Gara, n’a d’ailleurs pas hésité à faire l’éloge du funambule sud-africain il y a quelques semaines, dans des propos relayés par Midi Olympique : « Il me plaît beaucoup ! […] Son comportement n’a jamais changé, ni quoi que ce soit d’autre, il est toujours constant. Notre relation est très forte depuis le début et va le rester à vie ». Il faut dire qu’en plus de ses qualités rugbystiques, l’international sud-africain (10 sélections) emmène avec lui une joie de vivre communicative. Cette saison, il a pris un rôle important de leader dans le groupe. Une légitimité assumée, pour un joueur qui a porté La Rochelle ces derniers temps.
Une formation d’ouvreur
Malgré son gabarit frêle pour un tel niveau (1m83-89kg), le joueur se distingue par ses prises d’intervalles, sa vitesse, ses appuis déroutants et son élégance balle en main. Loin de certains ailiers massifs, Leyds a réinventé un poste parfois trop stéréotypé. S’il est un chasseur d’essais hors pair, ne le cantonnez pas seulement à un rôle de finisseur. Leyds aime s’inviter dans la ligne d’attaque et parfois prendre le jeu à son compte. En gros, le Springbok possède un QI rugby supérieur à la moyenne, et le démontre chaque week-end.
Il faut dire que ce dernier tient ces facilités de sa formation. Si cela vous a échappé, le joueur a peaufiné son sens du jeu lors de ses années lycées, où il fut formé à l’ouverture. Ce qui explique sûrement cette vision du jeu, cette aisance technique et ce jeu au pied efficace (il bute). Pour schématiser, Dillyn Leyds sait tout faire et est peut-être l’ailier le plus complet du Top 14. Ajoutez à cela quelques gestes de génies de temps en temps (sa chistera à l’aveugle avec les Stormers avait fait le tour du monde), un grain de folie et vous obtenez un merveilleux joueur de rugby, parfois fantasque et ô combien attachant.
Et La Rochelle espère bien profiter du talent du Sud-africain pour le sprint final, afin de se qualifier et pourquoi pas, rêver d’un Brennus qui semblait hypothétique il y a quelques semaines.
Biberonné au rugby, tombé malade de ce sport lors de la Coupe du Monde 2003, alors que je savais à peine marcher, je suis le seul sudiste ayant renié le Stade Toulousain pour l’autre Stade… Français. Condamné à souffrir avec mon club de cœur, j’espère vous transmettre mon amour pour la balle ovale à travers XV Ovalie !