Nous sommes à Deauville, dans une résidence « néonormande », comme le souligne Baptiste Legué. Cet immeuble est l’un de ceux qu’on trouve le long de la plage, construits à l’après-guerre, tout en béton. « L’architecture extérieure donne l’impression d’un petit côté normand, mais en réalité il s’agit d’un bâtiment des années 1960, dont les appartements ont l’avantage d’être plutôt décloisonnés », précise l’architecte d’intérieur fondateur de son atelier éponyme. Cet atout a permis à son équipe de réinventer aisément le plan de ce pied-à-terre de 90 mètres carrés, appartenant à un couple désireux de s’échapper régulièrement du tumulte parisien.

Le coin salon, dont la banquette prolonge l’escalier sur mesure. Huile sur toile Le son de mes pas par Nicolas Mehdipour, applique Butterfly par Kalou Dubus (en exclusivité à la Galerie Desprez Breheret). Lampe Checkmate (Garance Vallée x Garcé Dimofski chez The Invisible Collection). Boîte en cuir et argent 1970 (Studio Cøllected), table basse New Wave, Lukas Cober à la Galerie Gosserez. Sculpture par Jean-Pierre Bonardot (Aurélien Gendras). Fauteuil Joseph Savina (Galerie Desprez Breheret), tapis Twin, Nordic Knots. Grande sculpture Testa dei Marmi (Bérénice Curt) et assise-sculpture de Nani Champy Schott (Saint Antoine).

Photographe Ludovic BALAY — Stylisme Lisa SICIGNANO + Collected StudioUn aménagement ouvert et intelligent

« Les propriétaires voulaient un espace ouvert, fonctionnel et adapté à la vie contemporaine. Pour cela, nous avons entièrement décloisonné l’appartement, avant de venir le recloisonner partiellement ». Par « partiellement », Baptiste Legué désigne l’agencement qui fait office de cloison(s), oxygénant largement la pièce à vivre tout en la dénuant de véritables murs maçonnés du sol au plafond. Tout en placage de bois, cet agencement offre au rez-de-chausée un aspect chaleureux et spacieux, tout en laissant entrevoir la mer grâce à des jeux de hauteurs. Dans le couloir d’entrée, notamment, l’astuce permet non seulement de cacher les éléments techniques comme la buanderie et le cabinet de toilettes, mais aussi d’apercevoir la plage en contrebas.

La cuisine, structurée par les aménagements en bois. Tabourets de bar Strict, Louise Liljencrantz (Veermakers chez The Invisible Collection), coupe (Saint Antoine), carafe et gobelets, Maison Pelletier Ferruel en collaboration avec l’Oeil de KO. Cendrier Stillnovo (Studio Cøllected). Vase en grès, Roger Jacques (Aurélien Gendras). Au mur, huile sur bois L’heure dorée de Manon Ajorque.

Photographe Ludovic BALAY — Stylisme Lisa SICIGNANO + Collected Studio

Dans l’entrée, la bibliothèque ouvre la vue sur la mer, grâce à son ouverture sur la fenêtre de la cuisine. Sélection d’objets vintage, boîte en porcelaine Tommaso Barbi & série de vases en céramique colorée de T.Kapp (Studio Cøllected).

Photographe Ludovic BALAY — Stylisme Lisa SICIGNANO + Collected StudioBois, béton et Inox

Dans le séjour, les modules en bois définissent les coins cuisine, salon et salle à manger, à la fois liés entre eux et séparés les uns des autres. « Tous ces espaces ont un volume commun, décrit Baptiste Legué, le fil conducteur étant le bois. On avait cette volonté de réinterpréter l’ambiance normande, donc on est restés dans des tons assez sableux, du beige au gris, réchauffés par le bois ». L’Inox a été employé dans la cuisine afin de contraster avec la douceur générale, en ramenant un matériau plus brut. Une note plus brutaliste, qui tranche effectivement avec le dessin organique du plateau en béton ciré courant le long de la cuisine ; béton que l’on retrouve également au sol, rappelant les nuances de la plage voisine.

Le coin salle à manger et sa table (Bicci de Medici). Suspension Pium (Pinch London), ensemble de chaises S24 de Pierre Chapo (Galerie Desprez Breheret), coupe et compotier d’Emma Pradère (L’Oeil de KO). Diptyque Chorus d’Amber Moir (Galerie Amélie du Chalard).

Photographe Ludovic BALAY — Stylisme Lisa SICIGNANO + Collected Studio

La chambre master et sa tête de lit en fibre de chanvre. Guéridon Supernova, Charles Guillebeaud, plateau en résine de fractal, Constance Giraudon (Léa Zéroil). Vase (Studio Cøllected). Appliques Moon (Garcé Dimofski chez Invisible Collection). Sur les chevets (Lemon), lampe d’Albert Tormos et sculptures en de T.Kapp (Studio Cøllected). Voile (Maison de vacances).

Photographe Ludovic BALAY — Stylisme Lisa SICIGNANO + Collected Studio

Dans cet esprit, l’escalier a été pensé avec des lignes plus douces que l’existant, autrefois habillé d’un bardage en bois de style normand, plus lourd. Dans son prolongement, la banquette créée sur mesure s’insère harmonieusement dans la partie salon. « Le coin salle à manger a pris place de manière naturelle en fond de pièce, ajoute Baptiste Legué. Il profite néanmoins d’une très belle vue sur l’extérieur ». À l’étage, les deux chambres sont réliées par une petite salle de bains centrale. Pour les aménager, les architectes d’intérieur ont travaillé autour de la chaleur, dans un esprit de cocon. Pour ce faire, les mêmes tons et matériaux qu’au rez-de-chaussée étaient tout indiqués. L’une d’elles s’habille d’une délicate tête de lit en fibre de chanvre naturelle, ainsi que d’un dressing présentant « tout un jeu d’agencements intelligents amusants à dessiner ».

La salle de bains et son armoire graphique. Œuvre en céramique Le Fou d’Héloïse Rival (Galerie Amélie du Chalard), Bougie (Mad&Len) et petite coupe en laiton vintage (Studio Cøllected).

La seconde chambre. Parure (Maison de vacances), dessus de lit (Me & K Home). Tapis All Hands (Giancarlo Valle x Nordic Knots). Sur le chevet Form (Studio Goons), lampe Sonora (Nassi chez Modern Métier). Appliques Shaded Gable, Workstead chez Triode.

Photographe Ludovic BALAY — Stylisme Lisa SICIGNANO + Collected StudioUn studio comme une annexe

Sur le même pallier et pour les mêmes propriétaires, l’Atelier Baptiste Legué s’est vu attribuer la rénovation d’un petit studio de 25 mètres carrés. Aussi, il a été décidé de les concevoir comme un seul et même projet, afin de créer des espaces de vie indépendants pour les différents membres de la famille. « Le duplex a été le point de départ de notre réflexion, et nous avons imaginé le studio dans le même ADN, avec les mêmes choix de matériaux. » La cuisine, par exemple, a été dessinée en Inox, accueillant également une banquette où dîner en petit comité. Le lit, aménagé pour faire office de salon en journée et de couchage le soir, est surmonté d’une série d’étagères décoratives agrémentant l’espace.

Le lit-banquette du studio.

Photographe Ludovic BALAY — Stylisme Lisa SICIGNANO + Collected Studio

La salle de bains du studio, cachée dans la courbure du module en bois.

Photographe Ludovic BALAY — Stylisme Lisa SICIGNANO + Collected Studio

« La particularité de cet espace, c’est qu’on l’a dessiné de manière plus ludique et moins stricte que la partie duplex, indique Baptiste Legué. On est venus créer un cloisonnement en paroi bois aussi, en finition chêne teinté. En revanche, on est venus jouer avec des courbes pour cacher, notamment, une petite salle d’eau et un dressing plus sur la droite ». L’objectif, au-delà de doter le studio d’une identité plus joyeuse, était aussi de dégager la vue sur la mer. « Le prolongement naturel de la plage de Deauville », résume l’architecte d’intérieur, résolument inspiré par la côté normande.