Par
Adrien Filoche
Publié le
19 mai 2025 à 18h22
Avec le retour des beaux jours, le cap est mis sur les croisières sur la Seine. À Rouen (Seine-Maritime), près de 127 000 touristes croisiéristes ont été accueillis en 2024. Une légère baisse (- 3 %) par rapport à 2023, mais une hausse constante par rapport à ces dernières années, alors qu’on en comptait « seulement » 40 000 en 2014 ou bien 100 000 en 2016. Si l’on est en droit de s’interroger sur l’impact environnemental de ce tourisme — nous avions réagi mi avril à la venue d’un luxueux paquebot —, l’intérêt financier, lui, est bien réel pour Rouen. Et il n’est pas le seul. Concrètement, que rapportent ces croisières à la ville ?
« Des retombées économiques importantes »
Dans un premier temps, il est nécessaire de différencier les croisières fluviales — les longs bateaux que l’on voit régulièrement amarrés aux quais — et celles maritimes, c’est-à-dire les paquebots plus imposants qui viennent de manière plus irrégulière, à l’instar du Silver Dawn en avril dernier.
Ainsi, sur les 127 000 croisiéristes en 2024, on compte environ 120 000 touristes fluviaux, contre 6 800 touristes maritimes, selon les chiffres de l’Office du tourisme de Rouen.
Cette année, 16 escales maritimes de 11 paquebots sont attendues dans le port de Rouen, représentant environ 10 000 touristes. Concernant les croisières fluviales, on s’attend peu ou prou aux mêmes chiffres de 2024, soit une projection d’environ 130 000 croisiéristes pour l’année 2025.
« Le fleuve est un axe fort pour faire découvrir le paysage de notre territoire », souligne Christine de Cintré, présidente de l’Office du tourisme de Rouen. Et d’ajouter : « Ce sont des touristes très friands de nos atouts, et ce sont aussi des touristes qui dépensent beaucoup. »
En effet, cette population, majoritairement américaine (50 %) et britannique (40 %), dispose d’un pouvoir d’achat important et ne rechigne pas à sortir le portefeuille. De quoi faire profiter les commerces rouennais.
Pour les commerçants et les restaurateurs, il y a un véritable impact. Et puis, il y a aussi un intérêt économique pour tous nos guides touristiques. Ce sont des touristes qui emportent beaucoup de souvenirs et qui veulent découvrir la gastronomie française. Cela fait partie de leur voyage. Les retombées économiques sont importantes pour le territoire.
Christine de Cintré,
présidente de l’Office du tourisme de Rouen
Selon Christine de Cintré, un touriste américain dispose d’un panier de 88 euros par jour (79 pour un touriste anglais), tandis qu’un touriste français qui viendrait en train ou en voiture à Rouen débourse une quarantaine d’euros en moyenne.
Pour Dominique Ritz, directeur général délégué Haropa Port Rouen, il n’y a pas de doute, « ces croisières participent à l’éclat de Rouen et du territoire et à la reconnaissance du territoire rouennais le long de l’axe Seine ».
« Ça rapporte de la richesse »
Pour le directeur général délégué Haropa Port Rouen, « affirmer que ces croisières sont néfastes, ce serait une erreur. Le tourisme est un facteur de développement important pour le territoire. Ça apporte de la richesse ».
Une ville comme Rouen, si elle veut rayonner, si elle veut attirer, elle doit jouer dans une cour plus large que celle nationale. Elle doit viser l’international.
Dominique Ritz
directeur général délégué Haropa Port Rouen
En plus du gain économique généré par la consommation des touristes, tous les navires qui accostent sur un quai paient un droit de port, en fonction de leur taille ou encore de ce qu’ils transportent. Mais pour les navires de croisière, cette part reste moindre.
« Nous ne faisons pas fortune. Les droits versés viennent essentiellement des porte-conteneurs et des pétroliers au Havre et à Honfleur », confie Dominique Ritz. Ainsi, sur les 60 millions récoltés par Haropa, les 15 escales de 2024 ont rapporté environ 150 000 euros.
L’impact environnemental de ce tourisme
Suite à la publication de notre article sur l’impact environnemental des navires de croisières en avril dernier, Haropa Port a tenu à apporter des précisions.
Pour rappel, le port de Rouen prévoit d’équiper son terminal de croisière d’une borne électrique à laquelle les paquebots pourront se brancher. Une réponse au problème de la pollution générée par les navires à quai qui doit voir le jour à l’horizon 2026/2027. Cela concerne les navires maritimes, mais pour les bateaux fluviaux, l’électrification est déjà en place depuis 2024.
« On travaille à électrifier car on veut que ces bateaux ne polluent plus. Et il faut savoir raison garder dans les critiques que l’on leur adresse, insiste Dominique Ritz, directeur général délégué Haropa Port Rouen. À Rouen, nous sommes dans une zone ECA, c’est-à-dire que les paquebots n’ont pas le droit d’utiliser des fiouls lourds qui contiennent du souffre. » De plus, il rappelle que le port de Rouen reste limité par la taille, ce qui ne permet pas de recevoir des navires pouvant accueillir plus de 700 personnes. « Un bateau de ce type, c’est 500 litres par heure de gasoil quand il est stationné », indique-t-il.
Dominique Ritz l’assure, « ça nous coûte plus cher que ça nous rapporte. Si on le fait, c’est qu’on est convaincu de l’intérêt pour les territoires. On se ferait du mal à condamner la croisière maritime ».
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