Selon Santé Publique France, plus de 4 millions de personnes en France ont de l’asthme, entraînant près de 60 000 hospitalisations et environ 1 000 décès chaque année. © Freepik
L’asthme touche aujourd’hui environ 4 millions de personnes en France, selon l’Assurance maladie. Cette maladie inflammatoire chronique des bronches provoque toux, essoufflement, sifflements et gêne respiratoire. Et contrairement à une idée reçue, elle ne touche pas seulement les enfants. Adultes, adolescents, personnes âgées… tout le monde peut être concerné.
Mais d’où vient cette maladie ? Parmi les causes de l’asthme, les scientifiques connaissent déjà bien les facteurs génétiques, les allergies, le tabagisme… Mais de plus en plus, les regards se tournent vers un autre coupable, bien plus discret mais omniprésent : notre environnement urbain.
Une ville qui fait tousser : l’asthme, maladie chronique en hausse Une étude choc : 11,6 % des cas d’asthme pourraient être évités
C’est le chiffre qui fait réfléchir : 11,6 % des cas d’asthme pourraient être évités si certaines caractéristiques de l’environnement urbain étaient modifiées. Ce chiffre est issu d’une vaste étude menée par le Karolinska Institutet, en Suède, publiée dans la revue The Lancet Regional Health – Europe en mai 2024.
Les chercheurs ont passé à la loupe les données de 350 000 personnes réparties dans 14 cohortes de 7 pays européens. Parmi eux, plus de 7 500 cas d’asthme ont été recensés, chez des enfants comme chez des adultes. Leurs conclusions sont claires : la pollution de l’air, la densité urbaine et la chaleur ambiante sont les trois grands facteurs environnementaux impliqués.
Pollution de l’air : un poison invisible mais redoutable
Respirer un air vicié au quotidien n’est pas sans conséquences. Dans les villes, les particules fines (PM2,5), les oxydes d’azote (NO2) et l’ozone troposphérique sont partout : elles proviennent principalement du trafic routier, du chauffage et des activités industrielles.
Selon l’OMS, la pollution de l’air tue près de 7 millions de personnes chaque année dans le monde, dont de nombreux cas liés à des maladies respiratoires. Chez les personnes asthmatiques, ces polluants irritent les bronches, favorisent les crises et aggravent les symptômes.
Trop de béton, pas assez de vert : la ville étouffe
Deuxième cause pointée du doigt : la densité de construction. Les quartiers très urbanisés, avec peu d’espaces verts et beaucoup de surfaces bétonnées, piègent la chaleur et concentrent les polluants. Cette densité crée ce qu’on appelle des “îlots de chaleur urbains”, où la température peut être jusqu’à 7°C plus élevée qu’en périphérie.
Cette chaleur constante affecte notre respiration, surtout chez les enfants et les personnes âgées. Le stress thermique peut aggraver les pathologies respiratoires et augmenter la fréquence des crises d’asthme.
Asthme en hausse : croiser les facteurs pour mieux comprendre Une approche nouvelle
Ce qui rend cette étude particulièrement novatrice, c’est son approche globale. Contrairement à d’autres recherches qui étudient chaque facteur séparément, ici les chercheurs ont pris en compte l’interaction entre pollution, chaleur et urbanisation. Et leur impact cumulé est encore plus préoccupant.
Selon Zhebin Yu, auteur principal de l’étude, cette approche permet d’identifier les zones à risque et de proposer des solutions adaptées à chaque environnement urbain. Erik Melén, co-auteur, estime que ces données peuvent être précieuses pour guider l’aménagement des villes de demain.
Quelles solutions pour des villes plus respirables ?
Si vous vous demandez ce qu’on peut faire face à ce constat, rassurez-vous : des solutions existent. Et elles ne sont pas forcément si compliquées à mettre en place.
- Réduire la pollution de l’air : favoriser les transports en commun, développer les mobilités douces (vélo, marche), interdire les véhicules les plus polluants dans certains périmètres.
- Créer plus d’espaces verts : arbres, parcs, jardins… Les végétaux absorbent une partie des polluants et rafraîchissent naturellement l’air.
- Adapter l’urbanisme : limiter les zones trop denses, prévoir des couloirs de ventilation naturelle, utiliser des matériaux qui réduisent la chaleur.
- Surveiller la qualité de l’air : grâce à des capteurs urbains, les collectivités peuvent informer les habitants et adapter les politiques de santé publique.
Les causes de l’asthme liées à la pollution de l’air et à l’urbanisation excessive ne sont plus à ignorer. Ce n’est pas qu’une affaire de chiffres ou de chercheurs en blouse blanche. C’est une réalité que vivent des millions de personnes, chaque jour, dans nos villes.
À SAVOIR
Selon une étude de l’Observatoire Régional de Santé Île-de-France, vivre à proximité de voies à forte densité de trafic automobile serait responsable de 16 % des nouveaux cas d’asthme chez les enfants, ainsi que d’une augmentation des exacerbations des symptômes respiratoires, telles que les crises d’asthme et les hospitalisations.
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