Par
Jean-Marc Aubert
Publié le
20 mai 2025 à 9h17
; mis à jour le 20 mai 2025 à 9h27
« Nous ne laisserons pas les bétonner enlaidir la vallée » ou encore « Quelle alternative pour notre quartier ? » et « Là où la Métropole passe, la nature trempasse » : des pancartes qui donnaient le ton ne sont pas passées inaperçues ce samedi 17 mai 2025, lors de la fête du lac des Garrigues, aux Hauts de Massane, dans le quartier de la Mosson, à Montpellier : le collectif « Préservons la nature aux Hauts de Massane » composé des associations Pour la protection de la zone naturelle du lac des Garrigues et Mosson coulée verte menait une de ses actions pour dénoncer le projet de la suppression d’un terrain de tennis aux Hauts de Massane.
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Le collectif a mis en ligne deux pétitions qui ont déjà recueilli des centaines de signatures. « Nous faisons appel à tous les amoureux du sport et de la nature, pour nous aider à stopper de toute urgence le projet de la Métropole de Montpellier qui, dans son futur Plan local d’urbanisme -Plui- souhaite déclasser le site du tennis club des Garrigues de zone naturelle à zone urbaine, avec pour projet de construire un bâtiment qui va détruire en partie le tennis club des Garrigues, ce qui risque de dénaturer le magnifique site naturel du lac des Garrigues », révèle à Métropolitain un des responsables de ce collectif.
Les habitants sont d’autant plus surpris que ce club de tennis a fait l’objet d’une rénovation en 2022 qui a coûté (officiellement) 113 500€ d’argent public. « Aujourd’hui, la mairie parle de détruire un seul terrain sur les cinq, mais le fait de prévoir de déclasser l’ensemble des terrains de tennis de zone naturelle à zone urbaine, ne nous garantit en rien que l’ensemble du site ne soit pas préservé de bâtiments », déplore un des bénévoles du collectif.
En plein coeur de la pinède
« Le site est implanté en plein cœur de la pinède qui entoure le magnifique lac des Garrigues. Il se compose de cinq courts de tennis en béton poreux qui limite l’imperméabilisation des sols, de deux courts de tennis en gazon synthétique et d’un mur de frappe. Le club de tennis, géré par l’association Fête le Mur fondée par Yannick Noah, apporte énormément de points positifs pour la ville et ses habitants : il participe à la vie sociale du quartier et favorise une certaine mixité sociale dans la mesure où il profite non seulement aux habitants du quartier mais aussi à des habitants d’autres quartiers. Il encourage énormément le sport féminin, offrant une opportunité précieuse aux jeunes filles », témoigne ce responsable du collectif.
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Le lac des Garrigues aux Hauts de Massane à Montpellier (©CN / Métropolitain)
Selon lui, « cette suppression est en contradiction avec la volonté de la mairie de faire monter en puissance le club et et de favoriser la pratique sportive de tous, d’autant plus le quartier est caractérisé par une population très jeune. On peut lire sur le site de l’association Fête le Mur qui gère le club : le site Fête le Mur Montpellier est un lieu où l’on trouve convivialité, solidarité, mixité sociale et culturelle ».
Espace boisé classé de neuf hectares
Le lac des Garrigues, situé au cœur des Hauts de Massane dans le quartier de la Mosson à Montpellier, est entouré d’un espace boisé classé (EBC) de neuf hectares. Cet environnement abrite une biodiversité exceptionnelle, avec de nombreuses espèces animales et végétales, dont certaines protégées. La coulée verte reliant le lac à la rivière Mosson constitue un corridor écologique essentiel permettant la circulation de la faune et la dispersion de la flore.
Des espèces protégées menacées
Selon ces deux associations regroupées en collectif, « la mairie de Montpellier envisage de déclasser cet espace en le faisant passer d’EBC à EVP2 (Espace Vert Protégé de niveau 2), autorisant ainsi 5% de constructions, une première étape vers une urbanisation possible à l’avenir. « Une telle décision signifierait une perte irréversible pour la nature et les habitants. Les inventaires naturalistes menés régulièrement autour du lac des Garrigues ont révélé la présence d’espèces protégées, comme le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce rare et protégée en France, la Cistude d’Europe (Emys orbicularis), une tortue aquatique en danger, le Chardonneret élégant (Carduelis carduelis), une espèce classée sur la liste rouge des espèces menacées, dont la population a chuté de plus de 30 % en 20 ans. À ce rythme, il est possible que nous ne puissions bientôt plus entendre leurs chants mélodieux. De nombreux rapaces et passereaux protégés, témoignant de la richesse écologique du site, comme des chiroptères (chauves-souris) protégés, qui dépendent des espaces boisés pour leur habitat et leur alimentation ».
« La zone champêtre allant du lac des Garrigues à la rivière Mosson constitue une trame noire essentielle pour ces chauves-souris, c’est-à-dire une zone exempte de pollution lumineuse permettant leur déplacement et leur alimentation », assure un des responsables du collectif, qui fait signer les deux pétitions. Les deux associations qui montent au créneau en déposant des contributions au Plui attendent avec impatience l’avis du commissaire-enquêteur.
Objectif du collectif : sauver ce véritable poumon vert aux portes de Montpellier. Un combat mené au quotidien par ces riverains qui voient rouge.
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