Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a tranché : exit, le Conservatoire national des arts et métiers, qui assurait le portage juridique et financier du tout jeune Inséac (Institut national supérieur de l’enseignement artistique et culturel) depuis sa création, le 19 février 2020. Dans un courrier adressé le 25 avril 2025 aux autres membres du Conseil stratégique (*), et que Le Télégramme a pu se procurer, la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle indique « qu’il apparaît nécessaire de procéder à un transfert vers l’Institut d’études politiques (IEP) de Rennes ». Il s’agit « de simplifier », « d’ancrer la gouvernance en Région Bretagne », d’offrir « un rayonnement et une visibilité accrus » et de gagner en agilité. Aucun grief n’est mentionné envers le Cnam, pourtant désavoué.

Déjà à la tête de 1 400 étudiants, Sciences Po Rennes va donc aussi avoir un œil sur les 110 étudiants de l’institut guingampais consacré à l’EAC. L’accélération voulue par le ministère n’arrive pas maintenant par hasard. La convention cadre, qui liait tous les partenaires pour cinq ans, doit être renouvelée d’ici juin 2025.

Sa réécriture figure à l’ordre du jour de la prochaine réunion du conseil stratégique, ce mardi 20 mai 2025. On y trouvera « une gouvernance renouvelée, une annexe financière fixant les contributions ainsi que les modalités de transferts du portage du Cnam à l’IEP de Rennes », dit encore le courrier de fin avril.

C’est donc l’avenir de l’Inséac qui s’écrit aujourd’hui. Avec les bons côtés, liés à son attractivité et à ce « pôle d’excellence EAC » que la Région veut construire à Guingamp. Et les moins bons côtés, dont le malaise récurrent dont souffre l’équipe de quinze personnes. Plusieurs alertes ont été lancées auprès des instances depuis deux ans. Une enquête administrative de l’Inspection générale de l‘Éducation, du Sport et de la Recherche (IGÉSR) est d’ailleurs toujours en cours.

Silence radio

Ce qui fait dire aux personnels, dans un courrier envoyé à tous les partenaires, le 7 mars dernier, que le moment du transfert est mal choisi. Eux veulent le maintien du Cnam et surtout le recrutement, au poste de directeur toujours vacant, « d’une personne extérieure qualifiée, dans un cadre garantissant les compétences indispensables en management, droit et gestion des ressources humaines ».

L’ancien recteur d’académie Emmanuel Éthis, très attaché à cet Inséac qu’il a mis sur les rails, n’a jamais caché qu’un tel poste pourrait l’intéresser. Son nouveau planning de délégué interministériel à l’EAC, qui va déjà l’amener à suivre le transfert vers Sciences Po, le lui permettra-t-il ? Ceux qui espéraient du renouvellement s’y opposeront-ils ? Avant la réunion de ce mardi, c’est silence radio chez les partenaires. La Région Bretagne, par la voix de la vice-présidente à la culture Gaëlle Le Stradic, indique, elle, « ne pas avoir à s’immiscer dans l’organisation interne d’un service de l’État ».

* Ministère de la Culture, président de la Région Bretagne, président du Département des Côtes-d’Armor, président de Guingamp-Paimpol agglomération, maire de la ville de Guingamp et instances régionales et nationales du Cnam.