Critiqué dans la presse belge et sur les réseaux sociaux pour s’être désintéressé d’une grande partie des premières classiques printanières (dont Milan-San Remo), le leader de l’équipe néerlandaise a partiellement fait taire ses détracteurs. Même s’il n’a toujours pas remporté l’un des deux monuments flandriens, une obssesion depuis le début de sa carrière.

« Le travail paie toujours. Je suis heureux de ma performance », a-t-il déclaré à l’arrivée, quelques minutes après avoir été battu dans le sprint pour le podium par le Danois Mads Pedersen (Lidl-Trek) et son meilleur ennemi de toujours, le Néerlandais Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck).

« Je suis dans la condition que je recherchais »

Car, si comme les autres il n’a rien pu faire face à l’ogre slovène Tadej Pogacar, vainqueur avec éclat de son deuxième Ronde, le Flamand a validé sa préparation de trois semaines en altitude en Espagne, loin des pelotons. « Je suis dans la condition que je recherchais après ces semaines de sacrifices, la meilleure forme possible », avait-il assuré quelques jours avant la course, au lendemain d’une défaite humiliante dans À Travers la Flandres quand lui et ses équipiers Matteo Jorgenson et Tiejs Benoot avaient été roulés dans la farine par l’Américain Neilson Powless.

« Aujourd’hui (dimanche), Wout a été incroyable », s’est cette fois félicité Benoot (6e dimanche). « Van Aert est en forme, c’est certain. Il a montré qu’il sera un sérieux candidat dimanche sur la Reine des classiques », a embrayé son compatriote Philippe Gilbert, ex-vainqueur du Ronde (2017) et de Roubaix (2019), aujourd’hui consultant en Belgique.

Surtout, Van Aert a fait l’admiration des suiveurs en ne ménageant pas ses efforts, visage grimaçant, pour rester au contact des meilleurs à qui il a concédé un déficit de punch dans les raides ascensions pavées des Flandres.

Souvent au bord de la rupture, dans les premiers passages du Quaremont, dans le Paterberg et le Taaienberg, où il ne pouvait rivaliser avec les explosifs Pogacar et Van de Poel, il est à chaque fois revenu sur les portions plates du tracé final… Jusqu’à ce que l’élastique ne cède à un peu moins de vingt kilomètres de la ligne.

Un deuxième Monument en ligne de mire

« J’ai tenté mon va-tout en attaquant peu avant le Vieux Quaremont. Mais c’était un peu fou tant j’avais mal aux jambes. Et quand je vois la façon dont Pogacar y a déposé tout le monde, je n’ai aucun regret à exprimer. Chapeau à lui », a expliqué l’ancien vainqueur de Milan-San Remo (2020).

« Bien sûr, j’aurais aimé finir sur le podium. Mais je suis à ma place, très heureux d’avoir validé ma préparation. C’est un fameux coup de “boost” dans la perspective de Paris-Roubaix », a-t-il ajouté avec le sourire d’un vainqueur. « Je me suis toujours senti bien sur ces pavés (du nord de la France). J’ai hâte d’être à dimanche », a-t-il conclu.

« Que le Ronde ou Roubaix manquent au palmarès de Wout serait une anomalie. Ce Wout-là est mon favori pour dimanche », a d’ailleurs pronostiqué l’ancien spécialiste de ces classiques flandriennes Johan Musseuw, l’un des coureurs les plus titrés sur ces deux courses. À 30 ans, il n’est peut-être pas trop tard pour le Belge. Car dans sa forme actuelle, son heure est peut-être venue.