Rythmes scolaires, statut du directeur, regroupement d’écoles pour faire face à la baisse de la démographie… À travers des propositions très disparates, un rapport entend faire remonter le niveau des écoliers.

Des élèves de CM1 bons derniers de l’Union européenne en maths et dans le bas du classement en français, une baisse progressive de la part des écoliers très performants, le poids toujours plus important des déterminismes sociaux et un écart important entre les filles et les garçons. «Un niveau des élèves inacceptable», assène la Cour des comptes dans un rapport sur «l’enseignement primaire», publié ce 20 mai. «Ces constats sont d’autant plus paradoxaux que les élèves français passent, en moyenne, plus d’heures à apprendre les fondamentaux que dans d’autres pays européens», ajoute-t-elle.

Au-delà de ces constats bien connus, les Sages de la Rue Cambon pointent la politique éducative menée ces dernières années et la gestion défaillante des dépenses. Ils en profitent aussi pour s’inviter dans les débats du moment sur les rythmes scolaires et sur la question du regroupement d’écoles, à l’heure de la décrue démographique dans le primaire.

 »
data-script= »https://static.lefigaro.fr/widget-video/short-ttl/video/index.js »
>

Le grand retour des rythmes scolaires

«L’organisation du temps scolaire se pose avec acuité. Elle n’apparaît pas prioritairement conçue en fonction des élèves. Les rythmes d’apprentissages sont hétérogènes et variables au cours de l’année», observe ce rapport de 120 pages, qui part un peu tous azimuts, sans réel fil conducteur. Il se trouve que le président Macron a relancé la question en février, en évoquant la question des grandes vacances et qu’il a annoncé début mai une «convention citoyenne» -sans les associations d’élus, donc- sur «les temps de l’enfant » qui commencera le 20 juin prochain. Elle se penchera sur la durée de la journée d’école, l’heure de démarrage des cours, la durée et la fréquence des vacances, de la maternelle au lycée.

Dans son rapport la Cour des comptes ne manque pas de rappeler l’échec cuisant de la réforme menée sous le quinquennat Hollande, qui avait entériné le retour de la semaine de quatre jours et demi. «L’organisation basée sur la semaine de quatre jours est progressivement et à nouveau devenue la règle largement majoritaire depuis 2017, annulant de fait la réforme au bénéfice du bien-être des enfants», rappelle-t-elle.

Démographie scolaire en baisse

«La baisse du nombre d’élève s’accompagne, paradoxalement d’une augmentation continue de la dépense», constate-t-elle par ailleurs, en revenant sur la baisse de la démographie scolaire. Elle préconise des regroupements d’écoles. Un sujet qui hérisse les syndicats enseignants et les élus locaux, à commencer par les maires ruraux. En avril 2024, un rapport de Matignon proposait plusieurs scénarios pour «optimiser» la baisse de cette démographie scolaire et «rationaliser les taux d’encadrement», parmi lesquels celui d’un « maillage territorial » en fonction du nombre d’élèves, avec la condition d’un temps de trajet en voiture inférieur à 20 minutes. Scénario qui, selon ce document, entraînerait la fermeture de quelque 2000 écoles, essentiellement en zone rurale. Les Sages de la Rue Cambon proposent justement de «systématiser les regroupements pédagogiques ou les regroupements d’écoles dans les territoires confrontés à une baisse des effectifs».

Le rapport ne manque pas de rappeler l’impossible réforme du statut du directeur d’école qui, a ce jour, reste un enseignant n’ayant pas autorité sur son équipe de collègues, et qui peine à enfiler le costume de manager. En 2021, la loi Rilhac avait tenté de s’attaquer à la question, mais sans aller jusqu’au bout. «Cette absence de statut limite les actions du directeur en matière de pilotage, tant sur le volet des ressources humaines, que sur le volet budgétaire, explique la Cour des comptes, qui recommande d’engager la réforme en généralisant progressivement la fonction de directeur à temps complet. À ce sujet, elle invite à prendre exemple sur le statut du chef d’établissement dans l’enseignement catholique sous contrat , un «cadre dirigeant» responsable du projet éducatif, des projets pédagogiques, et de la constitution de l’équipe enseignante et de son suivi.

Dans le même temps, la Cour des comptes suggère de mieux associer les écoles privées sous contrat -qui scolarisent 14% des enfants du primaire- aux objectifs de mixité sociale. Elle rappelle sur la question son précédent rapport en sur l’enseignement privé sous contrat, qui venait pointer une mixité en recul dans ces établissements depuis vingt ans et l’écart grandissant entre le privé et le public.