Piero Percoco est né en 1987 près de Bari. Il photographie sa région depuis plus de dix ans. Autodidacte, il diffuse surtout ses clichés via son compte Instagram. Il expose également, et a publié trois livres.

GEO : Parlez-nous des Pouilles, votre région natale, qui est au coeur de votre travail ?

Piero Percoco : Pour moi, c’est une péninsule à l’intérieur d’une péninsule. Un monde à part. Mais ça ressemble aussi aux États-Unis… en beaucoup plus concentré. En quelques minutes de voiture, le territoire peut changer radicalement, passer d’une zone désertique à la forêt ou à la mer. Depuis ma petite ville, je peux être en quinze minutes dans le parc national Alta Murgia, où il fait cinq à six degrés de moins. Je trouve cela magique et je me sens chanceux, peut-être parce que j’aime la nature.

Photos décalées et acidulées du quotidien aux Pouilles

Comment décririez-vous ses habitants ?

Ils sont très différents du nord, très serviables et hospitaliers. S’ils vous invitent à manger chez eux, ce qui arrive souvent, ils vous régaleront des plats simples et savoureux de la cuisine locale !

Pourquoi avez-vous commencé à photographier votre région ?

Moi-même, je me demande encore pourquoi… J’ai toujours été poussé par une force supérieure. Si je regarde en arrière, c’est comme si j’avais photographié le temps qui passe sans m’en rendre compte. Chaque jour depuis environ quinze ans, mon quartier, ma ville, tout change. Beaucoup de gens sont partis, beaucoup de maisons ont été transformées. J’ai pris conscience de cela récemment.

Est-il vrai que vous réalisez toutes vos photos avec votre téléphone ?

J’ai en effet débuté avec un iPhone seulement. Mais aujourd’hui, ce n’est plus mon unique outil. Néanmoins, je privilégie les petits appareils, car j’aime être invisible. Je suis très mal à l’aise quand quelqu’un remarque que je suis en train de prendre une photo.

Que montrent vos clichés qu’un touriste ne voit pas lorsqu’il visite les Pouilles ?

Une chose est certaine, mes recherches se concentrent sur tout ce qui n’est pas touristique. Étant d’ici, je vis des situations dans lesquelles un visiteur peut difficilement se retrouver. Ces dernières années dans les Pouilles, comme un peu partout dans le monde, le tourisme se concentre de plus en plus dans les mêmes endroits, surtout Bari et les villes côtières de Polignago et Monopoli. Je dirais que mon travail montre le vrai visage de ma région, sans compromis.

Êtes-vous inspiré par d’autres photographes, présents ou passés ?

Dans le passé, j’ai été marqué entre autres par Stephen Shore et William Eggleston [deux Américains pionniers de la photo couleur dans les années 1960-1970]. Mais je pense que le cinéma m’inspire plus que la photographie.

➤ Article paru dans le magazine HS GEO, n°126, Dolce vita en Italie, de avril-mai 2025.

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