Un homme qui joue au golf sur un terrain traité avec des pesticides.Chaque année, les pesticides provoqueraient 385 millions d’intoxications aiguës dans le monde, dont environ 11 000 décès. © Freepik

Les parcours de golf évoquent un certain art de vivre : paysages paisibles, verdure parfaitement entretenue, ambiance feutrée. Mais derrière cette image idyllique se cache peut-être une réalité moins reluisante.

Une étude américaine, récemment publiée dans une revue scientifique de référence, suggère en effet qu’habiter à proximité d’un terrain de golf pourrait être associé à un risque accru de développer la maladie de Parkinson. En cause, l’usage intensif de pesticides pour entretenir ces vastes étendues de gazon. 

Une étude qui fait tilt : +126 % de risque près d’un golf

L’étude en question, publiée dans la revue scientifique JAMA Network Open, a porté sur plus de 5 500 résidents du Wisconsin et du Minnesota, deux États américains parsemés de golfs.

Les chercheurs ont observé que vivre à moins de 1,6 km (soit environ un mile) d’un parcours de golf est associé à une augmentation de 126 % du risque de développer la maladie de Parkinson, par rapport aux personnes vivant à plus de 9,6 km.

Même à une distance allant jusqu’à 4,8 km, le risque restait significativement élevé. Ces données interpellent, d’autant qu’elles s’inscrivent dans une tendance déjà bien connue : celle du lien entre certains pesticides et les maladies neurodégénératives.

Quel est le lien entre terrains de golf et maladies neurodégénératives ?  Pesticides et Parkinson : une relation bien documentée

Depuis plusieurs années, la communauté scientifique s’inquiète de l’effet des produits phytosanitaires sur le cerveau humain. Deux substances en particulier sont pointées du doigt : le paraquat et la roténone.

  • Le paraquat, interdit en France depuis 2007 mais encore utilisé dans d’autres pays, est classé comme hautement toxique.
  • La roténone, elle aussi retirée du marché européen, a montré des effets destructeurs sur les neurones dopaminergiques, ceux qui disparaissent dans la maladie de Parkinson.

Ces produits sont parfois utilisés sur les terrains de golf, où l’on cherche à maintenir une pelouse uniforme et impeccable. Selon certaines estimations, l’utilisation de pesticides sur un golf peut être jusqu’à 15 fois plus importante que sur une surface agricole équivalente.

Golf : une belle pelouse, à quel prix ?

Contrairement à un potager ou un champ de blé, un terrain de golf doit rester esthétiquement irréprochable toute l’année. Cela implique un usage quasi permanent d’herbicides, fongicides et insecticides, souvent en cocktail. Résultat, un sol saturé de produits chimiques, des nappes phréatiques à surveiller, et une exposition passive pour les habitants des alentours.

Les chercheurs n’ont pas prouvé un lien direct de cause à effet mais ils alertent sur une corrélation préoccupante. D’autant que l’exposition peut se faire par l’air, par la peau ou via l’eau potable.

Et en France, où en est-on?

Chez nous, la maladie de Parkinson touche environ 270 000 personnes, avec 25 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année selon Santé publique France. Depuis 2012, elle est même reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs exposés aux pesticides.

La France compte environ 770 terrains de golf, répartis sur tout le territoire, souvent en zone périurbaine. La question de leur impact sanitaire reste peu étudiée chez nous, mais cette nouvelle étude américaine devrait inciter les autorités à renforcer la surveillance environnementale autour de ces zones.

Ce qu’on peut faire à notre échelle

Si vous habitez près d’un golf, pas de panique, mais restez vigilant :

  • Filtrez votre eau potable, surtout si elle provient d’un forage individuel.
  • Évitez les sorties à proximité des greens juste après les périodes d’entretien.
  • Plaidez pour plus de transparence auprès des gestionnaires de golf sur les produits utilisés.

Et si vous êtes golfeur ? Portez des gants, lavez-vous les mains après le jeu, et restez attentif aux informations sur l’entretien du terrain.

À SAVOIR 

Depuis le 1er janvier 2025, la loi Labbé interdit l’usage de produits phytosanitaires de synthèse sur l’ensemble des gazons sportifs en France, y compris les terrains de golf.

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