Par

Thomas Rideau

Publié le

20 mai 2025 à 17h12

Le projet n’aura pas tenu. Huit jours après sa présentation aux élus de la Métropole, le 12 mai 2025, la grande fête du 14 juillet portée par Thomas Jolly et qui devait se tenir à Rouen (Seine-Maritime) est annulée. C’est Nicolas Mayer-Rossignol, le président, qui en a fait l’annonce via un communiqué ce 20 mai 2025.

« Ce projet représentait une opportunité unique en termes de culture, de rayonnement et d’attractivité », lance-t-il en regrettant que le très ambitieux projet tourne finalement au fiasco.

« Une petite minorité politicienne a préféré la polémique »

Plus qu’une annonce d’abandon de projet, Nicolas Mayer-Rossignol veut tacler une « petite minorité politicienne a préféré la polémique en refusant de rencontrer Thomas Jolly ». Rappelons tout de même que l’opposition et une partie de la majorité, dont certains de ses vice-présidents, se sont opposées au projet.

« Il fut un temps où la droite, celle de Jean Lecanuet, n’hésitait pas à prendre des risques pour porter de grands projets ambitieux : c’est ainsi qu’est née l’Armada. Il fut un temps où toute la gauche soutenait réellement la Culture. […] Aujourd’hui les temps ont changé, les hommes et les femmes ne sont plus les mêmes, et les élections approchent. Tout cela est navrant. »

Le président rappelle aussi que « Rouen et la Métropole n’ont jamais autant soutenu la Culture, les artistes locaux, qu’aujourd’hui. Il suffit de vérifier les budgets. Pour ma part, face à l’intolérance, la haine, mais aussi face aux petites postures politiciennes, je continuerai de défendre la Culture pour tous, par tous, partout. Pas dans les mots : dans les actes. »

Vidéos : en ce moment sur ActuThomas Jolly tacle les politiques… et la presse

Thomas Jolly et Thierry Reboul, les deux porteurs de projet, ont également communiqué, avec beaucoup d’amertume, sur le sujet. « La part d’argent privé nécessaire à la tenue du projet 14 n’est pas atteinte. Par conséquent, la part d’argent public envisagée pour ce projet n’est pas sollicitée », présentent les deux artistes à l’origine des cérémonies des JO 2024.

Il en profite pour tacler les responsables politiques opposés au projet… Mais aussi la presse. « Ce qui est moins banal – et regrettable – c’est de constater qu’une partie de la presse, ainsi que certains élus politiques, ont choisi de divulguer et de commenter ce projet avant même que sa faisabilité ne soit assurée. Ces remous, commentaires et attaques, qui n’ont d’ailleurs eu aucune incidence sur l’issue du projet, relèvent davantage d’une réaction précipitée que d’une critique fondée. »

Les artistes, tout comme les médias et les élus détiennent des pouvoirs certains. Cette controverse hâtive, mais révélatrice, aura au moins permis d’apprécier comment chacun de ces participants en a usé

Thomas Jolly et Thierry Reboul

« Faute de travail sérieux, de pédagogie et de réponses aux questions légitimes qui auraient toutes été apportées en temps voulu au profit de titres sensationnalistes, certains médias et élus ont œuvré au discrédit du financement public de la Culture, à la dissension et défiance populaire plutôt qu’à son unité, et ont ravivé, à mon égard, un discours de haine, bien loin de toute considération budgétaire. »

« Pourtant, l’investissement public dans la culture ne saurait être un tabou. Ce projet aurait permis de mobiliser plusieurs centaines de professionnels du spectacle vivant locaux, (artistes de toutes les disciplines, associations culturelles, équipes techniques, événementielles, audiovisuelles) et de faire rayonner les talents et le patrimoine normands à travers une diffusion télévisée potentielle de 10 millions de spectateurs en France, ainsi qu’une diffusion à l’étranger. Le tout au moyen d’un événement populaire, gratuit et fédérateur, pour une jauge de spectateurs équivalente au Stade de France. »

Les regrets sur un projet qui aurait pu avoir des « retombées économiques »

Le communiqué de Thomas Jolly continue, en répondant sur l’aspect économique : « La culture n’est pas un gadget, c’est un levier économique, social et territorial puissant. Elle crée de la valeur, soutient l’emploi, dynamise les territoires, attire les visiteurs, renforce la cohésion et l’attractivité. Chaque euro investi dans la culture produit des retombées économiques, significatives, concrètes et durables pour tous, tout en renforçant les liens entre les citoyens. »

L’artiste rouennaise poursuit : « Les inutiles commentaires et déferlement haineux soulevés ces derniers jours ne font que corroborer la nécessité d’un tel projet : lutter contre les architectes du chaos et, comme nous l’avons déjà fait, raviver la puissance et la beauté de nos humanités partagées autour des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité. »

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