« À quelle heure en 2025, en France, tu ne m’autorises pas à monter dans un bus parce que ma jupe est trop courte ? » Dans une vidéo non datée, largement relayée sur TikTok ces derniers jours, une jeune femme dénonce le comportement sexiste d’un chauffeur RATP, qui lui a interdit de monter dans le bus en raison de sa tenue.

Alors qu’elle voulait monter dans un bus de la ligne 108, reliant Joinville-le-Pont à Champigny-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, une jeune femme s’est vue refuser l’accès par le conducteur. « Elle a fait quoi ? » demande une personne présente. « Si vous voulez monter, baissez un peu vos vêtements », répond le conducteur à la jeune femme, vêtue d’une mini-jupe, d’un débardeur et un sweat à capuche, avant de fermer les portes du bus et de redémarrer.

VidéoUn chauffeur suspendu après des propos déplacés

Face caméra, après avoir été laissée sur le trottoir, la jeune femme montre ensuite sa tenue. « C’est court, mais j’ai un short ! Et même en fait (…). T’es un conducteur de bus, t’es la police ? T’es qui pour me dire Descends tes vêtements ? Ferme ta… », dénonce-t-elle. « Je vais pour aller à la salle [de sport], donc oui, je suis dénudée, je vais avoir chaud, je vais transpirer. (…) Je rentre dans le bus comme je veux, on est en France, je m’habille comme je veux », s’agace-t-elle.

« Les hommes, je peux plus vous voir »

« Depuis quand il est stipulé qu’on n’a pas le droit de prendre le bus si on a une jupe courte et un décolleté ? Si j’avais envie d’aller avec une jupe ras-la-fouf, je le fais en fait, on est en France ! » poursuit la jeune femme, avant d’ajouter : « J‘ai le droit de monter dans un bus quand bien même ma jupe est courte et j’ai un décolleté. »

Elle poursuit ensuite la vidéo assise dans une voiture. « À quelle heure en 2025, en France, tu ne m’autorises pas à monter dans un bus parce que soi-disant ma jupe est trop courte ? ». Et la jeune femme de conclure : « Les hommes, je peux plus vous voir. »

Le chauffeur sanctionné

Auprès du Parisien, et dans un message posté sur X, la RATP a indiqué avoir été « avisée d’une vidéo circulant sur TikTok » dans laquelle « un conducteur tient des propos inappropriés vis-à-vis d’une voyageuse ». La régie parisienne affirme avoir « contacté directement la voyageuse par message privé », lundi 19 mai.

Une enquête interne a également été ouverte par la RATP « pour faire toute la lumière sur cette vidéo », précise la régie. Indiquant que le chauffeur a été identifié, la RATP précise qu’il « a été immédiatement retiré de la conduite » et qu’une procédure disciplinaire a été engagée à son encontre.

« Son comportement est contraire aux principes et valeurs de la RATP qui demande un comportement irréprochable à l’ensemble de ses agents », poursuit la régie.

« Dans la mesure où il n’existe pas de critères vestimentaires autorisant un chauffeur à interdire à un passager l’accès à son bus, l’éviction que vous évoquez semble clairement irrégulière », réagit Arnaud Moinet, secrétaire du syndicat RATP la Base, pas surprit du tout que le machiniste en cause puisse faire l’objet de sanctions. Les machinistes sont autorisés à refuser la prise en charge de passagers uniquement pour « raisons de sécurité », rappelle-t-il.

Des règles qui n’évoquent pas la tenue

Les règles du « savoir voyager » qui s’imposent aux passagers des bus sont indiquées sur une fiche qui doit, normalement, être apposée dans toutes les véhicules. Ce règlement détaille les bons comportements à adopter dans les bus, l’ordre des priorités pour accéder aux places assises, les diverses interdictions (fumer, vapoter, vandaliser…) en vigueur dans les transports publics ou encore la liste des objets dangereux ou volumineux proscrits dans les bus. Ce document ne mentionne en revanche aucun critère de « décence » de la tenue nécessaire pour monter dans un bus.

En mai 2019, une histoire similaire avait déjà impliqué une voyageuse et un conducteur de la RATP. Ce dernier lui avait refusé l’accès en raison de sa jupe. « Tu n’as qu’à bien t’habiller », lui avait-il lancé, selon le père de la jeune femme. La régie parisienne avait ouvert une procédure disciplinaire à l’encontre du conducteur de bus.