Bruxelles. Mercredi 14 mai 2025. 17 h 45 au Parlement européen. Isabelle Boudineau, élue du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, s’installe à la tribune du Comité européen des régions devant les 329 membres. Depuis le matin, la pression monte doucement. L’élue de Gironde, conseillère déléguée à l’Europe et aux coopérations européennes, est rapporteure d’un avis sur « la politique de cohésion comme moteur essentiel de la réalisation des réformes de l’Union européenne ».
Ça en jette ! D’autant plus quand on apprend que cet avis a été demandé par la présidence polonaise… Une semaine plus tard, soit ce mercredi 21 mai 2025, Isabelle Boudineau sera à Varsovie pour revenir sur cet avis, voté à l’unanimité et sous les applaudissements de l’assistance. Il paraît que c’est rare à Bruxelles. L’élue régionale a savouré le moment. Un travail de longue haleine mené pendant plusieurs mois. Seulement, vingt jours pour rédiger l’avis. Cinq minutes pour le présenter à la tribune.
« L’enjeu du Comité européen des régions, c’est de penser les réformes à partir du terrain »
Le Comité européen des régions, selon le président du conseil régional néo-aquitain Alain Rousset, « c’est l’équivalent du Sénat, soit un contact pour que les messages des territoires puissent passer à Bruxelles ». Isabelle Boudineau ne dit pas mieux : « Ici, on est l’Europe des territoires. » C’est bien cela qui étonne et détone en écoutant la plénière de cette session du Comité européen des régions, mercredi 14 et jeudi 15 mai 2025… On y parle territoire, logement, transport, désertification des campagnes, sentiment d’abandon des zones rurales… Comme si les problématiques étaient les mêmes, un peu partout en Europe.
« Il y a bien plus de territoires ruraux que de mégalopoles au sein de l’Europe, c’est aussi pour ça qu’on se comprend et que cette Union européenne a du sens, argumente Isabelle Boudineau. L’enjeu du Comité européen des régions, c’est de penser les réformes à partir du terrain et c’est là que c’est passionnant. » L’élue régionale s’insurge contre l’idée que certains peuvent avoir de Bruxelles : « Ce n’est pas ce truc, là-bas au loin, qui décide et qui ruisselle sur nos territoires. C’est vraiment un échange au quotidien. »
Cinquante avis adoptés chaque année
Elle qui a un pied à Bruxelles, un en Nouvelle-Aquitaine, le sait plus que toute autre : « Quand on arrive avec une coalition de plusieurs pays pour dire, sur ce sujet, on pense que le comité doit rendre un avis et prendre part au débat, on est écouté. » Au Comité européen des régions, ce sont plus de cinquante avis qui sont adoptés chaque année. Si on pouvait résumer ? « Un vrai outil de lobbying et un relais des positions régionales. »
La maire d’Anché, l’une des 329 membres
Le Comité européen des régions (CdR) est un organe consultatif de l’UE composé de représentants élus au niveau local et régional provenant des 27 États membres. On y trouve, par exemple, le maire de Rome ou celui de Barcelone. Les membres de la délégation française sont désignés par l’Association des maires de France, des Départements de France et des Régions de France. Vingt-quatre membres constituent cette délégation dont… Martine Mousserion, la maire d’Anché dans la Vienne… 350 habitants. « J’ai été nommée suppléante par David Lisnard en décembre 2021 », confie Martine Mousserion. Son atout ? « Être la maire d’une petite commune en zone rurale et parler anglais ! » Pour elle, l’importance de cette présence, « c’est de remonter auprès des maires de France, les bonnes pratiques de toute l’Europe ».