Ce livre n’a pas fini de faire parler de lui et déchaîne déjà la presse américaine. Mais s’il est reçu comme une onde de choc par le grand public, il surprendra certainement moins au sein de l’entourage de Joe Biden, où beaucoup savaient mais n’ont rien dit.

A coup d’anecdotes plus invraisemblables les unes que les autres, deux journalistes – l’un de CNN et l’autre du média d’investigation Axios – révèlent comment l’entourage de l’ancien président américain a délibérément caché son état de santé physique et cognitif pendant la dernière campagne présidentielle.

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Les auteurs confient avoir interviewé plus de 200 personnes dans le cadre de cette enquête, pour la plupart citées anonymement. Alors que la Maison-Blanche vient de communiquer publiquement sur le cancer de la prostate de Joe Biden, ce livre décrit un ancien président fortement diminué, dont la campagne a été aménagée pour limiter ses prises de parole en public et lui permettre des temps de repos. Retour sur les principales révélations de ce livre.

Un fauteuil roulant a été envisagé, mais son entourage a refusé

Alors que Joe Biden boitait et avait des difficultés considérables à se déplacer, les médecins auraient suggéré d’utiliser un fauteuil roulant, proposition immédiatement rejetée par son cercle politique, qui a jugé « intenable de faire campagne en fauteuil ».

Pour de nombreux événements, si des aides médicaux marchent aux côtés de Joe Biden, c’est non seulement pour que les problèmes de marche de ce dernier soient moins visibles, mais aussi pour le rattraper en cas de chute, révèle le livre. « Ce que le public voyait de son état était préoccupant. Mais ce qui se passait en privé était pire », écrivent les auteurs.

Un agenda allégé et des discours intégralement écrits pour lui

Pour ménager le président-candidat, son entourage proche écrivait pour lui l’ensemble de ses déclarations, y compris pour les briefings non ouverts à la presse, peut-on lire dans le livre. « Tout est devenu plus court, le vocabulaire s’est rétréci », notent les auteurs.

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Quant aux journées de travail de Biden, elles étaient largement allégées, avec des rendez-vous concentrés uniquement entre 10h et 16h et des temps alloués aux siestes. L’enquête dévoile aussi que le président aurait dormi pendant une journée entière à Camp David, à la veille de la préparation d’un débat crucial avec Donald Trump.

Jill Biden a poussé son mari à se représenter malgré les réserves médicales

Très présente pendant la campagne présidentielle, la femme de Joe Biden l’aurait encouragé à se représenter en dépit des réticences des médecins. Le livre fait état d’une épouse devenue de plus en plus impliquée en politique aux côtés de son mari à mesure que ce dernier vieillissait.

D’abord hostile à l’idée d’être une épouse présidentielle, Jill Biden serait devenue beaucoup plus enthousiaste avec le temps, et aurait vivement souhaité que son mari brigue un second mandat.

Le cercle proche de Joe Biden a caché la vérité à son cercle plus éloigné

Au sein du camp démocrate, son cercle proche est décrit dans le livre comme un véritable « politburo », ayant cherché à préserver une grande partie des moins proches collaborateurs du président de la vérité. « Nous avons essayé de le protéger de son propre personnel, de sorte que beaucoup de gens n’ont pas réalisé l’ampleur du déclin à partir de 2023 », confie ainsi un anonyme.

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Encore aujourd’hui, rares sont les soutiens de Biden à accepter de parler sans couvert de l’anonymat, souligne le livre, qui y voit la preuve à la fois d’une peur d’éventuelles retombées, mais aussi de leur mauvaise conscience d’avoir laissé se représenter un candidat manifestement diminué.

« Aucun démocrate de la Maison-Blanche ou dirigeant du Capitole n’a émis de doutes, que ce soit en privé avec le président ou en public, sur la seconde candidature de Joe Biden », écrivent les auteurs.

« Joe Biden a tout foutu en l’air », dit l’ancien grand conseiller d’Obama

Seule exception à la règle, l’ancien secrétaire d’Etat Antony Blinken aurait demandé à Joe Biden s’il se sentait vraiment prêt à briguer un second mandat. Ce à quoi l’ancien président lui aurait rétorqué : « Je vais bien. » Mais le livre décrit un Joe Biden, une Jill Biden et un entourage proche « qui n’ont pas su créer une culture où la discorde était la bienvenue ».

Rare proche de Biden à avoir accepté de témoigner sous son vrai nom, David Plouffe, ancien haut conseiller du président Obama, y déclare : « En décidant de se représenter et en attendant plus de trois semaines après le débat avec Trump pour se retirer, Biden nous a complètement baisés. »

Joe Biden oubliait les prénoms de vieilles connaissances ou les confondait

Joe Biden aurait aussi oublié les prénoms de personnes qu’il connaissait depuis des années. A commencer par George Clooney, donateur lors de la campagne de Biden, qui en fut tellement contrarié qu’il publia un édito dans les colonnes du New York Times pour sommer le président de se retirer de la campagne. Selon Clooney, qui se confie dans le livre, « les démocrates ont trompé le pays sur les capacités de Biden et c’est comme ça que Trump a gagné ».

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L’ancien président américain aurait aussi oublié le nom de Jake Sullivan, son conseiller à la sécurité nationale ou de Kate Bedingfield, alors directrice de la communication de la Maison-Blanche. Il a également confondu l’Alabama avec le Texas, lors d’une réunion sur le droit à l’avortement.

Beaucoup de démocrates blâment Joe Biden pour la défaite de Kamala Harris

Autre révélation du livre : de nombreux démocrates haut placés blâment Joe Biden pour la défaite de Kamala Harris face à Donald Trump. Joe Biden qui ne voulait d’ailleurs pas être remplacé par Kamala Harris mais préférait la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer, plus en phase selon lui avec sa ligne politique.

De son côté, Kamala Harris a été la première à se positionner en défenseure de l’état de santé de Joe Biden et a fait plusieurs déclarations pour rassurer sur son état de santé. « Il est complètement dans le coup », avait notamment déclaré la candidate.

Alors que Joe Biden a quitté ses fonctions avec une cote de popularité à seulement 36 %, d’après un sondage de CNN, et est largement critiqué pour avoir laissé galoper l’inflation et sa connivence avec Benyamin Netanyahou sur la guerre à Gaza, ce livre pourrait abîmer un peu plus un camp démocrate déjà ébranlé par la défaite de Kamala Harris.