Par
Tristan Mahé
Publié le
20 mai 2025 à 18h58
Pion e4, c6 comme réponse, puis pion d4, suivi de d5 en face, et enfin cavalier c3. Avec une ouverture pareille, l’interview ne peut que bien se passer pour Vincent Colin.
La tête dans ses pensées, et armé de son échiquier et de ses 32 pièces, Vincent Colin, Maître International d’échecs de 45 ans, vit depuis toujours de sa passion. Car lui et les échecs, c’est une amitié de longue date.
Entré dans cet univers de réflexion dès l’âge de cinq ans, il n’en est jamais sorti depuis. Ses parents l’ont ensuite inscrit dans un club à Caen, sa ville d’origine. « Personne de ma famille n’y jouait régulièrement. Quand j’affrontais mon père, il trichait », se rappela Vincent en souriant. Aux alentours de ses 14 ans, il commence à s’y mettre plus sérieusement.
Le début de ses débuts
Assez peu scolaire, il décide d’arrêter les études juste après l’obtention de son Baccalauréat pour pouvoir se consacrer pleinement aux échecs. Une fois majeur, il alterne entre cours pour des particuliers, et tournois dans toute la France et l’Europe. « Je suis déjà allé partout, je ne sais plus où partir en vacances », rigole-t-il.
À 23 ans, il devient Maître International, une sorte de consécration pour les joueurs aguerris, et un titre difficile à obtenir sous certaines normes, notamment en obtenant un total de 2 400 points elo, le système de classement échiquéen.
Aujourd’hui retombé à environ 2 300 elo, il peine à remonter, car selon lui « le niveau a beaucoup augmenté ces dernières années ». C’est pourquoi il n’espère plus atteindre l’accomplissement ultime : devenir Grand Maître International.
Un travail sans relâche
Le palmarès de Vincent ? Vainqueur du Championnat d’échecs de Bagneux jeunes en 1996 ; 2e place au Tournoi d’échecs d’Hastings en Grande-Bretagne en 2006 ; vainqueur du Tournoi d’échecs de Charleroi en Belgique en 2008… Et la liste est encore longue.
Pour se forger un style de jeu et des réflexes échiquéens de ce niveau, Vincent a dû ingurgiter des heures et des heures de théorie à mémoriser, de problèmes à résoudre, ou encore d’analyses de parties d’autres joueurs à affronter : « C’est très fatigant, ça demande énormément de travail ».
Vincent Colin enseigne les échecs dans le club qu’il a fondé à Rezé.
(©Transmis à actu Nantes)
En période de compétition, les sessions d’entraînement peuvent grimper jusqu’à sept heures par jour pour une durée de deux semaines. Et ça tout seul, car Vincent a tout appris en autodidacte dans des livres, là où de nombreux joueurs prennent un coach pour progresser. « Jouer aux échecs, c’est un peu comme être un chercheur », affirme-t-il.
Un jeu qui rapproche
Investi à plein temps dans sa passion, il a créé son propre club d’échecs à Rezé il y a 8 ans déjà. Il rassemble aujourd’hui près de 80 personnes, parmi lesquelles beaucoup s’affronteront lors d’un tournoi en cadence rapide le 25 mai 2025.
Mais ce n’est pas tout : il a également cofondé Knight Clubbers, un concept de tournois dans les bars de Nantes et d’ailleurs, qui met au premier plan les rencontres : « Ce que j’aime dans les échecs, c’est le lien social que ça peut créer ».
C’est sans trop de difficultés, voire même à plate couture, qu’il a battu la rédac d’actu Nantes sur la terrasse d’un bar nantais. Alors pour finir, une seule formule propice : échec et mat.
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