On jurerait que la Méditerranée coule dans ses veines. On finit par accepter que les Luxembourgeois puissent aussi être des « boucans ». Bernard Gille, 72 ans, a donc un tempérament bien trempé. Bouillonnant, passionné. Son exposition « Un monde en lumière » habille la chapelle des Trinitaires jusqu’au 1er juin.

Le photographe et réalisateur, arlésien depuis plus de quarante ans, ne cesse de refaire et de défaire le monde, capable de parler pendant des heures aussi bien de culture, d’image que de politique. « Le prochain maire d’Arles doit être une femme ! », martèle-t-il.

Des photos réalisées entre 17 et 30 ans

Sur les murs immaculés de l’édifice, ses séries photographiques révèlent pourtant un révolté sensible. Si les œuvres exposées remontent, pour certaines, à la fin des années 1960 – elles ont été réalisées entre ses 17 et 30 ans -, il les contextualise avec précision, de l’Andalousie au Maroc, en passant par la Camargue et les cabarets travestis de Liège. « Quand je revois une photo, je me souviens du parfum, des relations avec les gens, de ce qu’ils m’ont dit. »

« L’instant décisif »

Devant ses clichés andalous, captés dans le village de Mojácar, Bernard Gille commente : « Regarde ce que les enfants ont dans les mains… un revolver ! ». Des armes certes factices mais empoignées avec un réalisme confondant que le photographe capte à merveille. Direction Les Saintes-Maries-de-la-Mer, dans un camp gitan, en 1971.