L’Union européenne va lancer un réexamen de son accord d’association avec Israël à la lumière des dernières événements à Gaza, a annoncé ce mardi la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas. «Il existe une forte majorité en faveur du réexamen de l’article 2 (sur le respect des droits humains) de notre accord d’association avec Israël. Nous allons donc nous lancer dans cet exercice», a-t-elle souligné à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles.
Signé entre l’Union européenne et Israël en 1995, et entré en vigueur en 2000, ce traité d’association prévoit non seulement un dialogue politique, mais également la libéralisation des échanges commerciaux. De quoi faire de l’UE le premier partenaire commercial de l’Etat hébreu. Progressivement, cet accord a été élargi, intégrant Israël à plusieurs politiques communautaires en matière de recherche ou de mobilité étudiante, tel que le programme Erasmus.
Israël a annoncé l’entrée mardi de 93 camions d’aide humanitaire de l’ONU dans la bande de Gaza assiégée et dévastée par la guerre. «93 camions de l’ONU transportant de l’aide, dont de la farine pour les boulangeries, de la nourriture pour bébés, du matériel médical et des médicaments — ont traversé aujourd’hui le point de passage de Kerem Shalom vers Gaza», affirme dans un communiqué le Cogat, un organisme du ministère de la Défense.
David Lammy, le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, a annoncé cet après-midi la suspension des négociations avec Israël sur un accord de libre-échange. Dans la foulée, des sanctions visant les colons israéliens pour des violences commises en Cisjordanie ont été décidées par les gouvernement britannique. Tzipi Hotovely, l’ambassadrice d’Israël au Royaume-Uni, a également été convoquée par Londres. En réaction, Israël a assuré rester insensibles aux «pressions extérieures».
Enfin une reconnaissance d’un Etat palestinien ? Au micro de France Inter ce mardi matin, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a assuré que la France travaillait sur le dossier. «On ne peut pas laisser aux enfants de Gaza en héritage la violence et la haine. Donc il faut que tout cela cesse et c’est pourquoi nous sommes déterminés à reconnaître l’Etat de Palestine, a-t-il déclaré. Et j’y travaille activement parce que nous voulons ainsi contribuer à une solution politique dans l’intérêt des Palestiniens mais aussi de la sécurité d’Israël.» Cette reconnaissance devrait intervenir lors de la conférence internationale coprésidée par la France et l’Arabie Saoudite pour relancer une solution pacifique au conflit israélo-palestinien dite «à deux Etats», qui se tiendra du 17 au 20 juin.
Invité de France Info ce mardi matin, l‘ancien Premier ministre a une nouvelle fois condamné fermement la guerre menée par Israël à Gaza et a appelé à beaucoup plus de fermé vis-à-vis de l’Etat hébreu. «Nous sommes devant un plan israélien […]. Après la réoccupation de Gaza, la deuxième étape sera la déportation. L’objectif politique de Benyamin Nétanyahou et de son gouvernement, c’est la déportation de la population de Gaza, ce qui est la marque d’une épuration ethnique, d’un nettoyage territorial, a dénoncé Dominique de Villepin. Les Européens le savent parfaitement et ils sont là avec des sabres de bois alors qu’il y a trois choses à faire immédiatement.»
Pour lui, les Occidentaux doivent d’urgence «suspendre immédiatement l’accord européen avec Israël», mettre en place un «embargo sur les armes de tous les pays européens» et déférer «l’ensemble du gouvernement israélien et des principales autorités militaires israéliennes devant la Cour pénale internationale […] en écrivant collectivement à la cour».
La Défense civile de la bande de Gaza fait état ce mardi de la mort de 44 personnes dans de nouveaux bombardements, «en majorité des enfants et des femmes, ainsi que des dizaines de blessés». Dans le détail, 8 personnes auraient été tuées dans une frappe visant une école servant de refuge à des déplacés à Gaza City, 12 dans une frappe sur une habitation à Deir el-Balah (dans le centre de l’enclave), 15 après un bombardement sur une station-service près du camp de réfugiés de Nousseirat (centre) et 9 lors d’un autre sur une habitation dans le camp de réfugiés de Jabalia (Nord). Interrogée, l’armée israélienne n’a fourni aucun commentaire dans l’immédiat.
Yaïr Golan, leader de la gauche israélienne, a déclaré ce mardi que son pays était «en passe de devenir un Etat paria parmi les nations» affirmant que la guerre dans la bande de Gaza était menée «au profit d’objectifs politiques». «Un pays sain ne fait pas la guerre à des civils, n’a pas pour hobby de tuer des bébés, et ne se fixe pas pour objectif d’expulser des populations», a-t-il ajouté lors d’une émission de la radio publique, dans une allusion au plan d’«émigration volontaire» des Palestiniens de Gaza soutenu par le gouvernement. «Il n’y a pas de limite à la décadence morale», a aussitôt commenté le Premier ministre israélien, accusant Golan de proférer des «calomnies antisémites […] à l’encontre des soldats de l’armée israélienne». Plusieurs ministre du gouvernement – l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël – ont appelé à l’ouverture d’une enquête pour appel à la haine.
Bombarder à foison n’aide pas les pourparlers. Le Premier ministre du Qatar, pays qui joue le rôle de médiateur entre Israël et le Hamas, a déclaré ce mardi que l’intensification de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza compromettait «toute chance de paix» dans le territoire palestinien. «Lorsque le soldat israélo-américain Edan Alexander a été libéré, nous pensions que cela ouvrirait la voie à la fin de cette tragédie, mais la réponse a été une vague de bombardements encore plus violents», a affirmé Mohammed ben Abderrahmane al-Thani lors du Forum économique du Qatar.
Mise à jour à 14h22 avec les déclarations de Yaïr Golan