Le pétrole russe est encore dans le collimateur de l’Union européenne. Un 17e paquet de sanctions adopté à Bruxelles cible de nouveaux navires pétroliers « fantômes », ces bateaux qui sont utilisés pour contourner les sanctions sur les exportations de brut de Russie. Avec ces nouvelles mesures, près de 350 navires russes sont maintenant concernés.
Le poids de la flotte fantôme est difficile à évaluer. Les chiffres varient selon les sources dans une fourchette comprise entre 400 et 600 navires. Le ministre estonien de la Défense estime ce chiffre à 500.
Rien qu’au mois de mars, près de 160 pétroliers de la flotte fantôme ont quitté les ports russes pour livrer du pétrole brut et des produits dérivés du pétrole, selon la Kyiv School of Economics (KSE), un institut de recherche ukrainien.
Des bateaux qui se rendent « invisibles »
Ces navires ne sont généralement pas immatriculés ou opèrent sous des pavillons de complaisance. Une centaine d’entre eux auraient plus de 15 ans d’âge, 20 ans même pour certains. Au moins 200 de ces navires ne seraient plus en service aujourd’hui si la Russie n’avait pas eu besoin d’échapper aux sanctions.
Beaucoup ne sont pas assurés ou du moins pas selon les standards internationaux. Selon plusieurs sources, ces navires multiplient les tactiques pour ne pas être géolocalisés et sont de plus en plus difficiles à suivre. Leur stratégie est d’échapper aux systèmes de positionnement automatisés, ou de brouiller les pistes en envoyant de fausses informations. L’objectif est en particulier de ne pas être détecté lors des transbordements de pétrole.
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Efficacité relative des sanctions
La Russie aurait gagné grâce à son pétrole 189 milliards de dollars en 2024. Un cinquième des navires pétroliers ciblés à la date du 20 avril étaient toujours en service et ont pu continuer à charger du pétrole même après avoir été mis sous sanction, selon KSE.
Même si elles sont contournées, les sanctions introduisent leur lot de perturbation : par peur d’être immobilisés, des bateaux doivent se dérouter, d’autres livrent leur cargaison avec retard, comme l’explique Lloyd’s List.
Si les mesures de rétorsion ne sont pas plus efficaces, c’est qu’il y a toujours des acheteurs peu regardants : on peut citer l’Inde, le premier importateur de brut russe par voie maritime, la Chine et la Turquie, selon KSE. Même si les volumes sont beaucoup plus petits, plusieurs pays africains continuent, eux aussi, de profiter des prix cassés proposés par la Russie.