Au Japon, Taku Eto va regretter de ne pas avoir réfléchi avant de parler. Le ministre de l’Agriculture a été contraint de démissionner mercredi après avoir déclaré qu’il n’achetait jamais de riz car il en recevait gratuitement. Cette remarque est particulièrement malvenue alors que le prix de cet aliment de base dans l’archipel explose.
« Je viens de soumettre ma démission au Premier ministre Shigeru Ishiba », a déclaré Taku Eto à la sortie du bureau du chef du gouvernement, qui a immédiatement accepté celle-ci « pour ne pas mettre à l’arrêt la politique agricole ».
Les prix du riz ont presque doublé sur un an
Lors d’un rassemblement public dimanche, le ministre a déclaré n’avoir « jamais acheté de riz parce que mes soutiens m’en donnent tellement que je pourrais pratiquement en vendre ». Cette remarque a choqué l’opinion dans un pays confronté à une forte hausse des prix alimentaires, en particulier du riz, dont les tarifs ont presque doublé sur un an.
Le gouvernement japonais a récemment dû exceptionnellement puiser dans ses réserves stratégiques de riz, notamment en raison de mauvaises récoltes dues à la chaleur en 2023 et des achats de panique provoqués par un avertissement de « méga séisme » l’été dernier.
Des justifications insuffisantes
Tentant de se justifier, Taku Eto a expliqué lundi avoir exagéré et provoqué la colère de sa femme. « Elle m’a fait remarquer qu’elle allait acheter du riz quand notre stock est épuisé », a-t-il tenté de se rattraper. Mais ses excuses n’ont pas suffi à apaiser les critiques. Junya Ogawa, secrétaire général du principal parti d’opposition, le Parti démocratique constitutionnel du Japon, avait jugé ces remarques « extrêmement inappropriées, distantes et intolérables ».
Le Premier ministre doit rapidement lui nommer un successeur alors que des médias japonais, dont le quotidien Yomiuri, évoquent le nom de Shinjiro Koizumi, ancien ministre de l’Environnement apprécié des médias et fils de l’ancien Premier ministre populaire Junichiro Koizumi.