Une plaquette d’antibiotiques prescrite pour traiter les infections urinaires.L’OMS estime ainsi que près de 39 millions de personnes pourraient mourir chaque année en raison de l’antibiorésistance, d’ici 2050. © Freepik

Fréquente, parfois banalisée, la cystite est pourtant loin d’être une infection anodine. Si elle touche majoritairement les femmes, elle reste trop souvent mal prise en charge, avec des traitements parfois inadaptés. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, où la consommation d’antibiotiques dépasse la moyenne nationale, les professionnels de santé montent au créneau.

Face aux prescriptions systématiques, à l’automédication et aux diagnostics approximatifs, ils lancent la campagne CBU Resist’ II, un programme d’information et de sensibilisation destiné à enrayer les mauvaises pratiques et à préserver l’efficacité des traitements antibiotiques.

Cystite : une infection courante, un traitement trop souvent bâclé

Selon Santé Publique France, près de deux femmes sur trois connaîtront un épisode de cystite au cours de leur vie. L’incidence augmente notablement avec l’âge, notamment entre 20 et 75 ans. Malgré cette fréquence, la cystite est souvent traitée à la hâte : un antibiotique prescrit sans examen urinaire, ou une automédication reposant sur une vieille ordonnance.

Or, traiter une infection urinaire sans confirmation biologique, c’est courir le risque de prescrire un antibiotique inadapté, d’aggraver les symptômes et de contribuer à un phénomène bien plus large : l’antibiorésistance.

L’antibiorésistance, le fléau du siècle  L’antibiorésistance : quand les bactéries ne répondent plus aux traitements

L’antibiorésistance désigne la capacité des bactéries à survivre malgré la prise d’antibiotiques censés les éliminer. Un phénomène en pleine progression, qui complique la prise en charge de nombreuses infections. En France, on estime que 12 500 décès par an sont liés à des infections dues à des bactéries multirésistantes (source : Santé Publique France).

La région PACA est particulièrement exposée, avec un taux de consommation d’antibiotiques supérieur à la moyenne nationale, selon l’ANSM. L’usage inapproprié d’antibiotiques dans le traitement des cystites y est donc une priorité d’action.

CBU Resist’ II : une campagne pour casser les mauvaises habitudes

Pour répondre à cette urgence sanitaire, les URPS PACA, regroupant les Médecins libéraux, Biologistes et Sages-femmes, se sont associées au CPIAS PACA et au CRATB PACA pour lancer CBU Resist’ II, une campagne d’envergure visant à sensibiliser à la prescription raisonnée des antibiotiques.

Le Dr Michel Garnier, médecin généraliste et coordinateur du projet, rappelle que “La cystite est trop souvent traitée par automatisme. Il est urgent de modifier nos pratiques pour éviter l’émergence de résistances bactériennes et préserver l’efficacité des traitements existants.”

Mais alors, comment traiter une infection urinaire ? Quels sont les traitements recommandés ?

Les recommandations officielles, établies par la Haute Autorité de Santé (HAS), précisent que pour une cystite aiguë simple chez la femme :

  • Le traitement de première intention est la fosfomycine trométamol, en prise unique.
  • En alternative, on peut proposer la nitrofurantoïne sur 5 jours, en cas d’intolérance ou de contre-indication.

Mais l’essentiel reste le même : pas de traitement antibiotique sans diagnostic clair. Un ECBU (examen cytobactériologique des urines) est recommandé, surtout en cas de symptômes persistants, de récidives ou de facteurs de risque.

Prévenir la cystite : les bons gestes au quotidien

Mieux vaut prévenir que guérir… surtout quand il s’agit d’éviter un traitement antibiotique inutile.

  • Boire au moins 1,5 litre d’eau par jour pour éliminer les bactéries.
  • Ne pas se retenir d’uriner trop longtemps.
  • Uriner après les rapports sexuels pour limiter le risque de contamination.
  • Adopter une hygiène intime douce, sans produits agressifs.

Ces gestes peuvent grandement contribuer à limiter les infections urinaires… et donc à réduire le recours aux antibiotiques.

À SAVOIR 

La campagne CBU Resist’ II mise sur des outils simples et efficaces pour sensibiliser professionnels de santé et patientes : un court film d’animation, un poster avec QR code, des fiches pratiques pour les soignants, et un guide de prélèvement urinaire pour améliorer les diagnostics dès la première consultation.

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