Il y a vingt et un ans, à la Pentecôte 2004, l’église Notre-Dame de Saint-Chamond refermait ses lourdes portes sur plusieurs siècles d’histoire religieuse. Ce jeudi 22 mai, c’est un nouveau chapitre qui démarre pour « l’espace Notre-Dame ».

L’église est devenue, entre-temps, un bâtiment public municipal à vocation culturelle et associative, « l’espace Notre-Dame », comme le nomme désormais le maire, Axel Dugua.

Une désacralisation subie

Que faire de ce lieu incontournable dans le paysage, sans heurter les sensibilités religieuses qui y restent attachées ? La tâche est moins simple qu’il n’y paraît. Alors que les habitants avaient clairement exprimé en 2009, leur désir de garder le bâtiment, menacé de démolition, la décision de la désacralisation, prise par l’évêque de Saint-Étienne, Mgr Sylvain Bataille, il y a trois ans, avait été un rude coup sur la tête, tant il est rare qu’une telle décision soit prise.

L’église peinait à remplir de fidèles ses bancs, de plus en plus clairsemés. Bancs que l’évêché a fait retirer, avec le reste du matériel religieux, l’été dernier, laissant la place à la Ville de Saint-Chamond pour imaginer l’avenir. Désormais, elle est seule responsable de l’ensemble du bâtiment et seule décisionnaire des événements tenus entre les hauts murs de l’enceinte.

Pour autant, quelques éléments religieux « fixes » ne seront pas démontés. « L’autel de la Vierge et l’autel de Saint-Joseph, nous les conservons, ils sont faits en marbre de carrare et ont été offerts par des familles saint-chamonaises, tout comme les deux lions de l’entrée. Ce sont des objets historiques et non pas cultuels », estime François Morange, conseiller municipal en charge du patrimoine couramiaud.

À la disposition des associations

Vide de son mobilier, sécurisé, restauré, l’espace Notre-Dame apparaît désormais dans toutes ses possibilités et chacun peut laisser libre cours à son imagination pour y organiser des événements, en prenant en compte les contraintes existantes, par exemple l’absence de toilettes ou de point d’eau à l’intérieur, ou la température très fraîche des lieux, inconvénient qui peut se transformer en atout lors d’étés caniculaires.

Les quelque 500 associations de la commune sont invitées à proposer leurs idées. « C’est un lieu emblématique de Saint-Chamond, les gens vont pouvoir le redécouvrir, se réjouit Sandrine Françon, adjointe au maire en charge de la culture. C’était un lieu de vie, de rencontres, d’échanges, nous voulons le faire revivre. »

Une première saison « laboratoire »

À partir de ce 22 mai et jusqu’au 18 octobre, le lieu ouvrira ponctuellement. Et ça commencera par une exposition sur l’univers textile (passementerie, broderie, tissage), en partenariat notamment avec le projet collaboratif « Tricotons demain ». Un joli clin d’œil autour du fil qu’on déroule et du lien social. « Dans un pays comme le nôtre, marqué par le tissage, le textile, on le tient bien, le lien ! On va le tisser, on va le tricoter ! » poursuit l’adjointe à la culture.

En juin, rendez-vous le 15 juin pour un spectacle d’impro, le 19 pour un concert de chants emblématiques des années 80, interprétés par le groupe de chant des Pas-sages l’Hormois. Pour la Fête de la musique, le samedi 21 juin, les lieux accueilleront une déambulation musicale qui se rendra ensuite en marche festive jusqu’à Novaciéries pour assister au concert du groupe Gold.

« L’objectif de cette première programmation, c’est de s’en servir comme laboratoire, précise Andonella Fléchet, adjointe au maire, en charge des associations. Aujourd’hui, on n’a pas de recul sur ce qui peut être fait. Donc nous allons voir comment les associations s’approprient les lieux, comment elles le font vivre et cela viendra nourrir notre réflexion sur les aménagements futurs et les événements qu’on pourra y organiser. »

Des visites contées, des concerts, des expositions

En juillet, rendez-vous le 10 pour une visite historique et architecturale de l’édifice, racontée de façon immersive, avant un concert de musiques du monde et une exposition pendant la journée festive le 12 juillet. À la fin du mois, une exposition sur les « Résistants oubliés » sera installée pour une semaine.

Il faudra ensuite attendre la rentrée de septembre pour une exposition des tableaux de l’artiste Abdelkader Zennaf, sur le thème de la colline Saint-Ennemond.

Puis, c’est le Rhino Jazz festival qui s’invitera à Notre-Dame pour une exposition d’archives et des animations musicales par les conservatoires.

Après des week-ends de visites contées par les Amis du Vieux Saint-Chamond et de partage de souvenirs et d’anecdotes, la saison se clôturera avec l’emblématique Salon « Demain Autrement », qui s’installera à Notre-Dame le samedi 18 octobre.

Du 22 mai au 6 juillet : Le textile s’expose : un ensemble d’expositions sur l’univers textile (passementerie, broderie, tissage…), en partenariat avec plusieurs structures locales. ➤ Jeudi 22 mai (18 h – 20 h), samedi 24 mai (10 h – 12 h), jeudi 12 juin (10 h – 12 h), samedi 21 juin (18 h 30 – 20 h), mercredi 25 juin (14 h – 20 h), mercredi 2 juillet (14 h 30 – 18 h), dimanche 6 juillet (14 h – 17 h). Retrouvez la programmation complète sur le site internet de la Ville.

Chronologie

▶ 1881 : construction de l’actuel bâtiment, en lieu et place d’une ancienne église, entièrement rasée.

▶ 1905 : la propriété des édifices religieux est transférée aux communes, mais l’Église possède toujours la jouissance des lieux.

▶ Années 1980 et 1990 : la structure de l’église Notre-Dame montre des signes de fragilité.

▶ 1998-2000 : une grande phase de rénovation est lancée.

▶ 25 mai 2004 : la flèche nord menace de s’effondrer, elle sera démontée. L’église ferme au public.

▶ 2009 : un référendum est proposé aux Saint-Chamonais : « Êtes-vous favorable à ce que la commune de Saint-Chamond achève la restauration de l’église Notre-Dame ? » Ils répondent oui à 80 %.

▶ 2005-2019 : de nouveaux travaux sont réalisés.

▶ Avril 2021 : le diocèse de Saint-Étienne réunit les paroissiens pour discuter d’une possible désacralisation du lieu. Une association est montée pour s’y opposer.

▶ Automne 2021 : l’église est désacralisée par l’évêque, Mgr Sylvain Bataille.

▶ Juin 2022 : le conseil municipal de Saint-Chamond valide la demande d’adoption d’un arrêté préfectoral de désaffectation de l’église Notre-Dame. La décision d’en faire un lieu culturel est prise.

▶ Décembre 2024 : après de nouveaux travaux et l’évacuation du mobilier religieux, Notre-Dame rouvre ses portes, après vingt ans, aux habitants pour notamment un spectacle projeté sur les murs et les plafonds. Près de 2 000 personnes redécouvrent les lieux.

▶ 22 mai 2025 : lancement de la saison culturelle de l’espace Notre-Dame.