Quelques jours seulement après avoir découvert l’existence d’un projet de cérémonie du 14 juillet au budget de 11 millions d’euros, les Rouennais viennent d’apprendre qu’il n’aura finalement pas lieu.
Ses deux concepteurs, Thomas Jolly et Thierry Reboul, à qui l’on doit le succès des parades d’ouverture de clôture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, ont en effet annoncé dans un long communiqué qu’ils jetaient l’éponge : « Le projet artistique imaginé pour célébrer le 14 juillet 2025 à Rouen (Seine-Maritime), porté depuis décembre 2024 par une équipe indépendante de la municipalité de Rouen n’aboutira pas. La part d’argent privé nécessaire à la tenue du projet 14 n’est pas atteinte. Par conséquent, la part d’argent public envisagée (5 millions d’euros répartis entre la ville de Rouen et la métropole Rouen-Normandie, NDLR) pour ce projet n’est pas sollicitée. »
Et si aucun détail n’est donné sur le contenu précis de l’événement, d’après ceux qui l’avaient imaginé, il « aurait permis de mobiliser plusieurs centaines de professionnels du spectacle vivant locaux (…) et de faire rayonner les talents et le patrimoine normands à travers une diffusion télévisée potentielle (en direct sur TF1, NDLR) de 10 millions de spectateurs en France, ainsi qu’une diffusion à l’étranger. Le tout au moyen d’un événement populaire, gratuit et fédérateur, pour une jauge de spectateurs équivalente au Stade de France ».
Des critiques sur le budget et le manque de transparence
Seulement voilà, tenu secret jusqu’à son annonce officielle aux élus métropolitains, le 12 mai dernier, et les premiers articles à son sujet, ce « projet 14-7 » s’est rapidement heurté à une vague de critiques, concentrées principalement sur le montant de la facture à régler par les collectivités.
L’annonce ce lundi par les alliés écologistes du maire (PS) de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, de leur refus de voter toutes demandes de subventions publiques « pour une soirée en prime time » a certainement condamné tout espoir de voir la situation, déjà bien mal embarquée, se retourner en sa faveur. Pour les Verts, au-delà même des questions de budget, c’est aussi le « manque de transparence » autour de ce dossier qu’ils fustigent dans un communiqué.
Un proche de l’équipe municipale résume ainsi la situation : « En début d’année, on annule une cérémonie de vœux pour faire des économies. On tacle le gouvernement en disant qu’il nous rabote 18 millions d’euros sur le budget de la métropole. Et là on trouve 5 millions d’euros pour un show dont on ne sait rien. Pour les gens, ce n’est pas entendable. »
Une « réaction précipitée » pour Thomas Jolly
Une vision que ne partage évidemment pas le président socialiste de la métropole, qui ne masque pas son amertume, persuadé que les prochaines élections municipales ne sont pas pour rien dans les prises de position de chacun. « Ce projet représentait une opportunité unique en termes de culture, de rayonnement et d’attractivité. Une petite minorité politicienne a préféré la polémique », regrette Nicolas Mayer-Rossignol dans un communiqué.
Quant à Thomas Jolly, la déception de ne pas avoir réussi à susciter un engouement populaire autour de sa proposition est visiblement à la hauteur des ambitions qu’il portait pour sa ville natale : « Ces remous, commentaires et attaques (…) relèvent davantage d’une réaction précipitée que d’une critique fondée », assure-t-il, taclant « certains médias et élus » qui ont selon lui « œuvré au discrédit du financement public de la Culture, à la dissension et défiance populaire plutôt qu’à son unité ».