Commandé par le gouvernement, le document de 73 pages intitulé « Les Frères musulmans et islamisme politique en France » doit faire l’objet d’un conseil de défense, ce mercredi, autour du président Emmanuel Macron. Ce rapport, dont LyonMag a pu prendre connaissance, évoque des stratégies d’entrisme dans les sphères éducatives, associatives et religieuses. Et plusieurs exemples sont mentionnés dans le Rhône.
Dans le champ scolaire, le groupe privé Al Kindi, situé à Décines-Charpieu, est nommément cité : « Trois décisions de résiliation des contrats d’associations de l’école élémentaire, du collège et du lycée ont été prononcées le 10 janvier 2025 et notifiées au directeur de l’association gérant le groupe scolaire, la requête aux fins de suspension de la décision concernant le lycée ayant été rejetée par le TA de Lyon le 12 mars 2025. »
Pour rappel, l’établissement est notamment pointé pour des « carences pédagogiques révélées par l’inspection du centre de documentation, dépourvu d’ouvrages de géographie et d’éducation sexuelle, mais proposant des publications de Tariq Ramadan et plusieurs ouvrages salafistes prônant la soumission de la femme et dans lesquels des évocations hagiographiques de Hassan EL-BANNA, Youssef AL-QARADÂWÎ et Sayyed QUBT ont été relevées », précise le rapport.
« Une cinquantaine d’associations affichant une sensibilité frériste en région lyonnaise »
Tariq Ramadan, enseignant et intellectuel suisse, est en effet longuement évoqué : « Il structure son assise autour de l’Union des Jeunes Musulmans (UJM), fondée en 1987 à Lyon, du centre Tawhid, librairie et maison d’édition et de la fondation Présence musulmane. A partir de son premier ouvrage, Les Musulmans dans la laïcité (1994), son engagement en faveur d’un ‘islam européen’ rencontre un large écho, notamment auprès de la jeunesse française et belge », écrit le rapport.
Le document évoque un « double discours caractéristique des Frères musulmans » sur certaines de ses prises de position.
Le rapport recense enfin « une cinquantaine d’associations musulmanes apparentées ou en lien avec Musulmans de France ou affichant plus généralement une sensibilité frériste est recensée en région lyonnaise, » s’appuyant sur la présence de l’UJM, du centre Tawhid, de la mosquée Othmane à Villeurbanne, ainsi que du complexe sociocultuel de Décines.
Les auteurs notent une « multiplicité des acteurs », liée par des « relations interpersonnelles très denses », ainsi qu’une « explosion du nombre de jeunes filles portant une abaya. »
D’après le rapport, ces éléments rendent la situation « tendue et complexe pour les centres sociaux », qui se trouvent confrontés à des revendications communautaires dans l’espace public.
Une série de « mesures » pourrait être annoncée à l’issue du conseil de défense de l’Élysée.