Les taxis ne décolèrent pas. Des centaines de chauffeurs venus de toute la France continuent de manifester à Paris, ce mercredi 21 mai, contre les nouvelles conditions tarifaires du transport sanitaire et la concurrence des VTC, à l’appel de l’intersyndicale des taxis.

Entre concerts de klaxons et feux d’artifice sous la pluie, ils bloquent toujours le boulevard Raspail, près du ministère des Transports, dans le centre de Paris, deux voies sur trois de l’autoroute A1 entre l’aéroport Charles-de-Gaulle et Paris ainsi que le périphérique parisien. Selon le Parisien, 461 kilomètres de bouchons étaient comptabilisés en Ile-de-France à 17 heures 30, notamment sur le périphérique parisien et dans le nord, l’est et le sud de la capitale.

Plusieurs milliers de taxis ont déjà manifesté lundi et mardi à travers toute la France. Le climat s’est tendu à plusieurs reprises avec les forces de l’ordre – quatre manifestants parisiens ont été poursuivis. A Marseille, deux chauffeurs de taxi ont été blessés mardi en marge de leur manifestation, par une voiture qui leur a foncé dessus, identifiée par les taxis comme étant un véhicule de tourisme avec chauffeur (VTC).

Les taxis sont notamment en colère contre une mesure de l’Assurance maladie qui entend instaurer à partir du 1er octobre un modèle unique sur le territoire pour le transport des malades. Ces trajets vers les hôpitaux ou cabinets médicaux représentent une part essentielle du chiffre d’affaires de nombreux chauffeurs de taxis conventionnés. Les taxis seront rémunérés sur la base d’un forfait de prise en charge de 13 euros et d’une tarification kilométrique. Ils sont encouragés à regrouper les patients qui ont des trajets proches et à se géolocaliser pour éviter les fraudes.

La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a souligné mardi qu’il est «important que nos concitoyens quand ils en ont besoin puissent être transportés», mais «les dépenses de transports sanitaires ont une courbe d’augmentation très importante». Ces dépenses représentaient 6,3 milliards d’euros dans le budget de la santé en 2023. Le secteur se dit prêt à discuter, notamment du transport partagé et de «l’optimisation des coûts». Mais il demande le gel du projet actuel.

Mais cette réforme n’est pas la seule raison de ces mobilisations. De nombreux taxis manifestent aussi contre la concurrence des VTC, coordonnés par des plateformes comme Uber ou Bolt. Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a proposé ce mercredi un «renforcement des contrôles contre la fraude visant notamment l’exercice illégal d’activité, les maraudes et les racolages illégaux». Ils s’appuieront notamment sur «l’expérimentation en cours depuis avril de nouvelles amendes forfaitaires délictuelles (jusqu’à 1 000 euros), qui permettent de simplifier et d’accélérer les sanctions contre les fraudeurs», précise le ministère.

Philippe Tabarot a aussi proposé de lutter contre «le système abusif de rattachement de certains VTC à des gestionnaires de flottes, favorisant l’activité de faux professionnels ainsi que la fraude fiscale et sociale». Il propose également de mieux réguler l’accès à la profession de chauffeur VTC, par «une révision de la voie d’accès dite par équivalence», qui bénéficie aux personnes ayant déjà un an d’expérience dans le transport de personnes. «On n’est pas contre» ces mesures, a répliqué la présidente de la Fédération nationale du taxi, Emmanuelle Cordier : «Mais c’est de l’administratif, ça ne répond pas aux besoins du terrain.»