Par
Dorine Goth
Publié le
21 mai 2025 à 17h42
Une ambiance électrique, à l’image du sujet qui a déchaîné les passions. Deux ans après la rédaction du rapport d’enquête sur le collège privé Stanislas à Paris, les inspecteurs généraux étaient auditionnés, mercredi 21 mai 2025, dans le cadre de la commission parlementaire sur les violences scolaires ouvertes après l’affaire Betharram. Deux inspectrices ont pu revenir sur les conclusions du rapport, qui selon elles trahissaient son essence. « J’endosse le rapport mais pas cette lettre de transmission. Elle dit le contraire de ce que l’on a écrit. Elle a des effets sur l’intégrité professionnelle de l’équipe et c’est très grave », dénonce Annie Dyckmans.
Un paragraphe ajouté
Au cœur des discussions, un paragraphe, repris ensuite par la communication diocésaine et de Stanislas et ajouté sans avoir été approuvé par les inspecteurs. Il stipule que « la mission ne confirme pas les faits de sexisme, d’homophobie et d’autoritarisme ». Ce passage, décisif, blanchit la responsabilité de l’établissement.
Or, l’ensemble du rapport tend à démontrer le contraire. « Je vous dis la terreur de certains témoins qui ont demandé à être entendus en dehors de Stanislas. Il dénonçait, sous anonymat par peur de perdre son emploi, des faits d’homophobie graves. Il faut savoir que dans ce rapport, ne parlent que ceux qui ont le courage de parler », poursuit l’inspectrice. « Une élève brillante, troisième de sa classe, a été exclue parce qu’elle arborait un gilet qualifié de LGBT. L’établissement va toujours privilégier ‘l’esprit Stan’ », abonde sa collègue Françoise Boutet-Waïs.
Un ajout de l’Inspection générale
Patrick Allal, pilote de la mission au départ avant de devenir coréférent et relecteur du projet de rapport pointe la responsabilité de « la cheffe de l’Inspection générale » pour l’ajout de cette phrase. À l’époque, il s’agissait de Caroline Pascal, aujourd’hui Directrice générale de l’enseignement scolaire, soit le numéro deux du ministère de l’Éducation.
Mais pour l’inspecteur, cette dernière ne dénature pas leur propos. « En réalité, quand on lit toute la lettre, il n’y a pas d’ambiguïté. La cheffe d’inspection répondait très clairement à la saisine. Elle répondait aux accusations qui avaient été portées. La lettre est fidèle au rapport », affirme Patrick Allal.
Un usage « malhonnête »
Il déplore toutefois « l’usage fait de la lettre », notamment par le directeur de l’établissement, Frédéric Gauthier. « Il n’aurait jamais dû avoir cette lettre. L’usage qu’il en a fait est malhonnête », insiste Patrick Allal. En janvier 2024, alors sous le feu des critiques, Frédéric Gauthier brandissait les résultats de cette enquête administrative pour répondre aux accusations de sexisme et d’homophobie. « Les accusations visant Stanislas n’ont pas été retenues par les inspecteurs », avait-il déclaré sur le plateau de BFMTV.
Ces auditions se sont closes ensuite avec Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale. Le rapport final de la commission devrait être rendu fin juin, après plus de 140 auditions.
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