« Ma mère vit en enfer. » La voix de Véronique Lopez est posée, à peine un chevrotement. Les débats sur la fin de vie, arrêtés par la dissolution, ont repris il y a dix jours à l’Assemblée. « Ça me remue », confie-t-elle, assise sur son canapé, au deuxième étage d’une tour du Roy d’Espagne, vue sur Marseille. « Sa souffrance a trop duré. » Quinze années de psychiatrie, ça laisse des traces.

Véronique sort une photo, prise dans un Ehpad du Sud-Ouest, près de chez sa sœur, Sophie. On y voit Arlette, 79 ans, frêle, cheveux blancs, mains recroquevillées sur un drap. « Elle est comme un cadavre qui demande à partir, incapable de sortir de son lit depuis un an. »

Dans un « trou noir de la médecine

Arlette est dans un « trou noir » de la médecine. Ses filles aimeraient que la société reconnaisse qu’elle ne peut rien et propose une solution : l’euthanasie ou le suicide assisté. Le sujet est très sensible et divise. Quand la ministre de la Santé défend « une alternative à des souffrances intolérables qui ne trouvent aucune réponse », les opposants craignent de voir des malades abréger leur existence face au manque de moyens et à une prise en charge inadaptée. Si une loi de 1999 est censée garantir l’accès aux soins palliatifs à tous, vingt départements en sont, en effet, toujours dépourvus 26 ans plus tard (comme celui d’Arlette).