Par
Emilie Salabelle
Publié le
20 mai 2025 à 19h04
Comment les gares du Grand Paris Express transforment-elles les rues, les commerces, les logements alentour ? Quels nouveaux habitants s’y installent ? À Clamart, l’arrivée de la ligne 15 sud attendue fin 2026 a déjà profondément modifié les habitudes de vie des quatre communes limitrophes des Hauts-de-Seine, Issy-les-Moulineaux, Vanves, Malakoff, Clamart et, dans une moindre proportion de Châtillon. Une récente étude de l’Observatoire des quartiers de gares du Grand Paris Express, qui scrute depuis 2013 les transformations urbaines et sociales liées à l’arrivée des nouveaux métros, a documenté ces changements, dans un périmètre de 800 m autour du futur cœur ferroviaire, aujourd’hui uniquement desservi par la ligne N du Transilien.
Une densification de la construction résidentielleFocus sur l’Observatoire des quartiers de gare du Grand Paris Express
Cette instance réunit l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), la Société des grands projets
(SGP), la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), avec le concours de l’Institut Paris Région et de l’Établissement Public Foncier d’Île-de-France.
L’observatoire, actif depuis 2013, réalise des états des lieux et études pour documenter les transformations urbaines et sociales liées à l’arrivée du métro, à l’échelle des quartiers de gares, des lignes et de l’ensemble du réseau.
Sept thématiques sont scrutées : cadre de vie, population et emplois, offre de logements et prix, vie locale, usages et nouvelle centralité, Accessibilité et mobilités, environnement.
C’est presque la conséquence logique : autour des nouvelles gares, les opérations immobilières prolifèrent. Celle de Clamart ne fait pas exception à la règle, avec une densification de ses abords en immeubles collectifs neufs, essentiellement via des opérations privées, détaille l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) dans sa synthèse.
La livraison de certains complexes d’immeubles, comme ceux du Fort d’Issy, se voit d’ores et déjà dans les données démographiques, puisque la population a fortement augmenté de 16 % entre 2010 et 2020, soit 3 280 nouveaux habitants. Le nombre de logements, lui, a augmenté de 19 % en 11 ans. Une transformation nette aux abords de la gare, les pavillons cédant proportionnellement du terrain aux immeubles collectifs.
La tendance va se poursuivre, prévoit l’Apur : « Le quartier de gare est toujours en cours de densification à travers la transformation de parcelles pavillonnaires en logements collectifs, notamment à travers les programmes immobiliers privés de la rue du Clos
Montholon, où plus de 700 logements collectifs sont prévus, dont la moitié sont déjà livrés. »
Le quartier de gare, coupé en deux par la voie ferrée qui relie Paris à Versailles, reste très résidentiel, avec très peu de bureaux alentour. « Avec 15 emplois salariés à l’hectare, la densité d’emplois y est près de quatre fois inférieure à la moyenne métropolitaine », note l’Apur. Le ratio des emplois salariés sur les résidents est le plus faible des 68 quartiers de gare du Grand Paris Express «. »C’est bien la part de l’habitat qui augmente donc dans le quartier : « Depuis 2010, 80 % des surfaces autorisées par les permis de construire correspondent à des logements », note l’Apur.
Une population aisée et familiale
Le quartier attire de plus en plus une population aisée, la part de cadres ayant bondi de 11,9 % entre 2010 et 2021. Elle représente près de la moitié des actifs, contre 37 % à l’échelle de la métropole. La part de la population pauvre, au contraire, a très légèrement tendance à diminuer (0,3 %) sur la même période, et reste basse (7 %) par rapport au territoire Vallée Sud – Grand Paris (9 %) et à l’échelle métropolitaine (18 %).
La population y est aussi familiale, du fait de l’aspect pavillonnaire fort du quartier, avec 24 % de logements individuels dont les jardins compensent d’ailleurs le manque d’espaces verts publics.
Une faible mixité
L’arrivée de la ligne 15 Sud ne va visiblement pas inverser la tendance, puisque la faible mixité du quartier s’est accentuée entre 2010 et 2019 : la part de la population résidant dans un secteur mixte est en baisse de 4,1 point sur le périmètre étudié de 800 m, qui correspond à une distance de 10-15 minutes à pied de la future station Clamart. Le prix au m2 s’est d’ailleurs envolé de + 20 % entre 2010 et 2023, et s’établit désormais à 7 123 euros. Une hausse à relativiser à l’échelle de la Métropole du Grand Paris, établie à + 44 %, nuance toutefois l’Apur.
Quant à la part de logements sociaux, elle progresse dans le quartier de la gare (+ 12 % entre 2010 et 2023), mais elle reste inférieure aux moyennes métropolitaines et du territoire Vallée Sud – Grand Paris. Cette part va continuer d’augmenter dans les prochaines années avec les livraisons progressives des différents aménagements immobiliers.
L’aménagement de la circulation en cours
Et les commerces et équipements publics dans tout ça ? Pas de grande révolution de ce côté pour le moment, ils restent relativement pauvres, le quartier de la gare étant éloigné des différents centres-villes. « Avec 4 commerces pour 1 000 habitants dans le quartier de gare, l’offre commerciale est peu dense et inférieure aux moyennes de l’Établissement public territorial Vallée Sud – Grand Paris (6) et de la Métropole (11) ». Le périmètre tire son épingle du jeu sur les équipements sportifs.
Le changement le plus tangible pour les habitants restera le désenclavement du quartier. Une fois ouverte, la gare permettra « une augmentation de 249 % de l’aire accessible, par un trajet de 45 minutes en transport en commun depuis la future gare d’ici 2031 ». Des projets d’aménagements des routes pour favoriser les déplacements à vélo et l’accès piéton à la gare sont en cours. Reste une présence encore forte de la voiture, malgré un taux de motorisation en baisse depuis 201 (passé de 36 % à 29 % en 2021).
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