Le nouveau train de mesures étend considérablement la liste noire des navires et vise désormais également les shipmanagers, une assurance russe et des sociétés de services maritimes.
L’Union européenne et le Royaume-Uni ont annoncé, mardi 20 mai, un nouveau train de sanctions contre la Russie, sans attendre une action conjointe des États-Unis, au lendemain d’un appel téléphonique entre le président américain Donald Trump et Vladimir Poutine qui n’a pas abouti à un engagement de cessez-le-feu en Ukraine.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité d’une série de mesures restrictives mises en place depuis 2014 (suite à l’invasion de la Crimée), puis renforcées après l’attaque de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Les sanctions antérieures visaient principalement à restreindre l’accès de la Russie aux marchés financiers, à limiter l’exportation de biens et technologies sensibles, à geler les avoirs de responsables russes et à suspendre la diffusion de médias pro-Kremlin.
Le 17ème train de sanctions de l’Union Européenne, le plus important jamais adopté à ce jour pour cibler la « flotte fantôme » russe, a permis d’inscrire sur la liste noire 189 navires supplémentaires, portant le total à 342 unités visées. Ces navires, souvent des pétroliers anciens ou mal assurés, battant pavillon de complaisance, sont désormais interdits d’accès aux ports de l’UE et de bénéficier de tout service lié au transport maritime. Cette mesure vise à compliquer considérablement l’exportation de pétrole russe, déjà soumise à un plafonnement du prix du baril instauré par le G7.
Outre les navires, le nouveau paquet de sanctions cible explicitement les sociétés impliquées dans la gestion de la flotte (« shipmanagers ») et dans les opérations de transbordement de pétrole en mer, ainsi que les entreprises financières facilitant le contournement des sanctions. Parmi elles figurent des structures offshore ou basées dans des pays tiers, qui avaient jusqu’ici permis à la Russie de maintenir ses exportations d’hydrocarbures malgré les restrictions internationales. Par le passé, l’Union Européenne avait déjà sanctionné des sociétés de gestion maritime, comme Sun Ship Management, filiale de Sovcomflot basée à Dubaï, identifiée comme un acteur clé dans le transport maritime du pétrole russe.
Le paquet de sanctions inclut également la société d’assurance russe VSK, déjà visée par le Royaume-Uni, qui fournit des garanties P&I aux pétroliers impliqués dans le transport du pétrole russe. Cette mesure vise à priver la flotte fantôme de l’une de ses principales protections financières, rendant ses opérations encore plus risquées et coûteuses.
En parallèle, le train de sanctions prévoit le gel des avoirs et l’interdiction de voyager pour de nouveaux responsables russes, ainsi que l’inscription de 31 entreprises supplémentaires soutenant le complexe militaro-industriel russe ou contournant les sanctions.
Les dirigeants européens continuent d’exhorter Washington à se joindre à eux pour accentuer la pression sur Moscou, tout en préparant déjà un 18ème paquet de sanctions. La Russie, de son côté, rejette tout ultimatum et réitère sa volonté de négocier avant tout cessez-le-feu avec l’Ukraine.
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